Guerre en Ukraine : après l'UE, le Sénat américain valide (enfin) un nouveau projet d'aide

Les sénateurs américains sont parvenus dimanche à un accord pour envoyer 60 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine après des mois d'âpres débats. Mais le président républicain de la Chambre des Représentants, instance qui doit désormais valider ce projet pour le rendre définitif, a promis de l'enterrer malgré l'appel de Joe Biden à l' « adopter rapidement ».
Validé par le Sénat, le texte doit maintenant l'être aussi par la Chambre des Représentants pour être définitivement adopté.
Validé par le Sénat, le texte doit maintenant l'être aussi par la Chambre des Représentants pour être définitivement adopté. (Crédits : Reuters)

Après des mois de débats et de discussions, le Sénat américain a validé une aide de 60 milliards de dollars pour soutenir l'Ukraine dans son effort de guerre contre la Russie. Démocrates et républicains ont réussi à s'accorder ce dimanche 4 février, alors que les deuxièmes traînaient des pieds en jugeant la note trop salée, deux ans après le début du conflit et plus de 110 milliards de dollars déjà débloqués par le Congrès. Ils conditionnaient leur soutien pour une nouvelle enveloppe à un durcissement drastique de la politique migratoire américaine.

C'est d'ailleurs pourquoi l'accord trouvé porte sur un volet de financement plus global de 118,3 milliards de dollars : notamment 14,1 milliards de dollars pour Israël et 20,2 milliards de dollars pour les réformes de la politique migratoire, mais surtout des restrictions plus sévères dans le système de traitement des demandes d'asile avec un coup de frein lorsque les passages dépassent les 5.000 personnes par semaine.

Le principal négociateur républicain, James Lankford, s'est affiché satisfait de cette entente. « Il s'agit d'une occasion unique de fermer notre frontière ouverte et de donner aux futures administrations les outils efficaces dont elles ont besoin pour mettre fin au chaos frontalier et protéger notre pays », a déclaré ce sénateur dans un communiqué. Un enthousiasme moindre du côté du chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, qui a qualifié le projet de loi de « pas monumental vers le renforcement de la sécurité nationale des États-Unis à l'étranger et le long de nos frontières ».

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Joe Biden se réjouit...

Le texte a tout de même été rapidement approuvé par le président américain. Joe Biden a mis en avant les efforts déployés depuis des décennies pour réformer le système d'immigration « défaillant » du pays, tout en prônant une attitude plus humaniste que son prédécesseur Donald Trump dont les mesures controversées avaient conduit à la séparation des familles à la frontière américano-mexicaine.

« Nous sommes parvenus à un accord bipartisan sur la sécurité nationale qui inclut les réformes migratoires les plus strictes et les plus équitables depuis des décennies. Je le soutiens fermement », a réagi Joe Biden, dans un communiqué. Il faut l' « amener sur mon bureau afin que je puisse le promulguer immédiatement », a-t-il ajouté.

... mais Mike Johnson douche ses espoirs

Reste que cet accord au Sénat n'est qu'une première étape. Pour être définitivement adoptée, cette enveloppe doit maintenant être approuvée à la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains. Or, son président, le « speaker » Mike Johnson, un fidèle de Donald Trump, a douché les espoirs du président américain.

« Cette loi est encore pire que ce que nous attendions et est très loin de mettre fin à la catastrophe à la frontière créée par le président », a-t-il réagi sur X, promettant que le texte serait « mort à son arrivée » s'il devait passer à la Chambre.

Joe Biden a exhorté les républicains à soutenir cet accord bipartisan, malgré l'appel contraire de Donald Trump, son probable futur adversaire lors de la présidentielle de novembre. « Si vous pensez, comme moi, que nous devons sécuriser la frontière maintenant, ne rien faire n'est pas une option », a-t-il déclaré.

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Du côté européen, 50 nouveaux milliards débloqués

Ces désaccords sont en tout cas du pain béni pour la Russie. Depuis le début du conflit, le Kremlin mise sur l'essoufflement de l'aide occidentale : toute hésitation des alliés de l'Ukraine le conforte donc dans l'idée que son pari sera gagnant.

Mais Kiev peut encore compter pleinement sur le soutien de l'Union européenne notamment. Les Vingt-Sept sont parvenus à un accord sur le déblocage d'une enveloppe financière destinée à l'Ukraine la semaine dernière, composée de 33 milliards d'euros de prêts et 17 milliards de dons. Le compromis prévoit aussi que soit rédigé chaque année un rapport de la Commission européenne sur l'utilisation des fonds par l'Ukraine, et la possibilité pour les dirigeants dans deux ans, si besoin et à l'unanimité, de demander un réexamen de l'aide.

Malgré tout, des débats ont également fait rage entre les membres de l'UE afin de parvenir à ce consensus. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a en effet longtemps mis son veto à cette nouvelle aide. Il a expliqué son revirement par le fait d'avoir reçu des « garanties » que les fonds destinés à son pays, actuellement gelés par l'UE, n'iraient pas à l'Ukraine. De quoi permettre au président ukrainien Volodymyr Zelensky de pousser un soupir de soulagement, Kiev ayant désespérément besoin de l'aide occidentale pour maintenir à flot son économie.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 05/02/2024 à 16:58
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Les ukrainiens sont quand meme mal barrés. Trump vise clairement une victoire de Poutine. L UE est incapable de remplacer les USA meme sur le plan materiel. La meilleure chance des Ukrainiens c est qu on envoie T Breton pour s occuper de l effort de ...

à écrit le 05/02/2024 à 15:14
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Cette transfusion aura-t-elle le même résultat que la politique de Reagan de lutte contre l'axe du mal?

à écrit le 05/02/2024 à 13:42
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Tactiquement, il est important de laisser la Russie dans le flou quant à l'aide UE - US. Cela oblige la Russie à maintenir un effort de guerre qui lui coûte très cher et plus longtemps cela durera et plus ça l'affaiblira durablement avec des tensions...

le 05/02/2024 à 14:04
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@ Valbel89 Le but de la guerre n’est pas de détruire la Russie, mais de repousser l’impérialisme russe. Dès que la Russie cessera les hostilités et se retirera des territoires ukrainiens occupés, la guerre sera terminée. Mais ce serait la fin de Pou...

le 05/02/2024 à 14:28
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@Valbel89 : si, comme vous le dites, l'objectif final de cette guerre est le démantèlement de la Russie, ça donne à penser qu'elle a été dès avant même son commencement décidée par de brillants stratèges à l'Ouest. Si c'est vraiment le cas, c'est m...

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