Guerre en Ukraine : Gazprom diminue de 40% ses capacités de livraison de gaz à l'Allemagne

Le groupe russe a indiqué que « les livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream ne peuvent être assurées que jusqu'à un volume de 100 millions de m3 de gaz par jour au lieu des 167 millions de m3 par jour prévus ». Craignant une rupture des livraisons venues de Russie, Berlin a entrepris depuis plusieurs mois de trouver des solutions pour diversifier ses approvisionnements.
Gazprom a annoncé qu'il allait diminuer de plus de 40% sa capacité quotidienne de livraison de gaz vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream.
Gazprom a annoncé qu'il allait diminuer de plus de 40% sa capacité quotidienne de livraison de gaz vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream. (Crédits : FABRIZIO BENSCH)

Les exportations de gaz russe vers l'Europe continuent de diminuer. Au total, trois pays de l'Union européenne - la Pologne, la Bulgarie et la Finlande - ont déjà vu leurs approvisionnements coupés par le géant russe, Gazprom, après avoir refusé de régler leurs livraisons en roubles. C'est, en effet, ce qu'exige désormais le Kremlin en réponse aux sanctions économiques adoptées par les Occidentaux.

Lire aussi 7 mnLa moitié des clients de Gazprom a ouvert un compte en roubles pour payer le gaz russe

Les livraisons de gaz russe vers les pays de l'UE et la Turquie avaient déjà fortement baissé entre janvier et avril (26,9% de moins qu'à la même période de 2021). C'est à nouveau le cas, comme l'a indiqué le géant gazier russe ce mardi. Il a annoncé qu'il allait diminuer de plus de 40% sa capacité quotidienne de livraison de gaz vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream. « Les livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream ne peuvent être assurées que jusqu'à un volume de 100 millions de m3 de gaz par jour au lieu des 167 millions de m3 par jour prévus », a déclaré le groupe dans un communiqué publié sur la messagerie Telegram. Il s'agit du gazoduc Nord Stream 1, mis en service en 2012, qui livre le gaz russe à l'Allemagne via la mer Baltique. Le deuxième gazoduc de ce système, Nord Stream 2, est mort-né: très controversé en Europe, il avait été achevé, mais attendait le feu vert du régulateur allemand pour être mis en service, avant que le début de l'offensive russe en Ukraine ne signe son arrêt de mort.

Pour justifier cette baisse, Gazprom met en avant le fait qu'il n'ait pas été livré par le groupe allemand Siemens des équipements nécessaires, entre autres des compresseurs. « Seules trois unités de compression de gaz peuvent actuellement être utilisées » à la station de compression de « Portovaïa », près de la ville de Vyborg dans la région de Léningrad (nord-ouest de la Russie), où se fait le remplissage de Nord Stream, a-t-il assuré.

Il y a quatre jours, le président de l'autorité allemande de régulation des réseaux assurait que Gazprom Germania, filière énergétique de Gazprom - reprise par l'autorité suite aux sanctions -, devrait être en mesure de remplir ses contrats d'acheminement. Mais en représailles, la Russie a placé certaines parties de Gazprom Germania également sous sanctions le mois dernier, ce qui "ne facilite pas les affaires", a concédé l'autorité.

Tentatives de diversification

Consciente des risques que le conflit fait peser sur son approvisionnement en gaz, l'Allemagne a d'ores et déjà commencé à réfléchir à des moyens de diversifier ses importations. Elle s'est par exemple tournée vers le Sénégal où elle s'est engagée dans des projets d'énergie renouvelable ou de stockage de l'énergie. Berlin a également entamé des discussions en ce qui concerne le gaz, avait déclaré le chancelier Olaf Scholz, fin mai. Elles devraient se poursuivre de « manière très intensive » au niveau des experts « parce que cela a du sens » et qu'il « est dans notre intérêt commun d'accomplir des progrès », avait-il assuré. « Nous sommes prêts, nous Sénégal en tout cas, à travailler dans une perspective d'alimenter le marché européen en GNL (gaz naturel liquéfié, ndlr) », avait répondu le président sénégalais Macky Sall lors d'une conférence de presse conjointe à Dakar.

Avec les Pays-Bas, l'Allemagne prévoit aussi de développer et d'exploiter conjointement un nouveau champ gazier en mer du Nord. Situé à quelque 19 kilomètres au large de la côte nord des deux pays, il entrera en production d'ici fin 2024, a précisé La Haye début juin.

Commentaires 3
à écrit le 15/06/2022 à 15:43
Signaler
En 1939, Vyborg s'appelait Viipuri, capitale de la province Finlandaise de Carélie. Prise et annéxée par Staline après le Pacte Ribbentrop-Molotov avec l'approbation d'Hitler. Les gazoducs North-Stream-I-&-II passent dans les eaux Finlandaises et si ...

à écrit le 15/06/2022 à 13:16
Signaler
Il est dommage que l'article n'évoque à aucun moment le sujet de fond: les fournisseurs alternatifs non russes sont-ils en mesure de se substituer aux flux d'énergie que la Fédération russe oriente actuellement vers l'Allemagne?. Cdt.

à écrit le 14/06/2022 à 17:30
Signaler
A terme, l'UE n'achètera plus du tout, jamais, de gaz russe ? C'est pratique de réduire la quantité livrée, c'est actif, pour ne pas subir l'annonce des clients : "on n'en veut plus du tout !" très humiliant (ne pas humilier la Russie dit-on). Le gaz...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.