L'Arabie saoudite suspend ses discussions avec Israël, craintes d'une généralisation du conflit

Ryad a annoncé « suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël », ce samedi, suite à la menace d'invasion de Gaza par l'armée israélienne. Une annonce choc qui fait craindre une généralisation du conflit et des répercussions sur le prix du pétrole.
Le royaume « a décidé de suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël et en a informé les responsables américains » a fait savoir le gouvernement dirigé par Mohammed ben Salmane.
Le royaume « a décidé de suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël et en a informé les responsables américains » a fait savoir le gouvernement dirigé par Mohammed ben Salmane. (Crédits : COURTESY OF SAUDI ROYAL COURT)

(Article publié le 14/10 à 11h25 et mis à jour à 11h52)

Tous les efforts des Etats-Unis pour pacifier les relations entre leur grand allié Israël, et ses voisins du Moyen-Orient, tombent à l'eau. L'Arabie saoudite a décidé de suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël, en pleine guerre avec le Hamas palestinien, a affirmé, ce samedi à l'AFP, une source proche du gouvernement saoudien.

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Le royaume « a décidé de suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël et en a informé les responsables américains », a-t-elle indiqué, alors que le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, se trouve actuellement à Ryad dans le cadre d'une tournée régionale.

Pour rappel, Ryad n'a pas reconnu l'Etat d'Israël et a émis plusieurs communiqués cette semaine en soutien aux Palestiniens après l'attaque sanglante lancée par le Hamas depuis Gaza, faisant au moins 1.300 morts israéliens, pour la plupart des civils. Cet attaque ayant ensuite entrainé une riposte de l'armée israélienne qui a mené des raids dévastateurs dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, où environ 2.215 Palestiniens -en majorité des civils- sont morts, dont 724 enfants, selon les autorités locales.

La menace d'une invasion de Gaza, une goutte de trop pour Ryad

Vendredi, le Premier ministre israélien a annoncé que « « nos ennemis n'ont que commencé à payer le prix. Je ne peux pas divulguer de quoi est faite la suite, mais je vous dis c'est juste le début. » » Un discours laissant planer la menace d'une invasion de Gaza, et ce, après que Israël a ordonné vendredi l'évacuation de « tous les civils » de la ville de Gaza dans les 24 heures « pour leur propre sécurité et protection ».

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En réponse, Ryad « déclare son rejet catégorique des appels au déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, et sa condamnation du bombardement continu de civils sans défense » dans ce territoire, a indiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué. Le ministère des Affaires étrangères a également appelé vendredi la communauté internationale à « agir rapidement pour stopper toute forme d'escalade militaire à l'égard des civils, empêcher une catastrophe humanitaire et apporter l'aide nécessaire aux habitants de Gaza ». « Les priver des moyens essentiels d'une vie décente est une violation de la loi humanitaire internationale et va exacerber la crise et les souffrances que la région connaît », a-t-il ajouté.

Craintes sur les prix du pétrole

Cette montées des tensions géopolitique dans le Golfe laisse craindre des répercussions sur les prix du pétrole et du gaz.

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C'est un « nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l'économie mondiale », a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Kristalina GeorgievaCes nouvelles vives tensions viennent s'ajouter aux « chocs sévères » auxquels elle a déjà été confrontée depuis trois ans et qui deviennent « la nouvelle norme venant encore fragiliser un monde déjà fragilisé par une croissance faible et la fragmentation de son économie », a-t-elle ajouté. Au niveau mondial, « le risque économique majeur est désormais un risque géopolitique », a admis le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, lors d'un point presse à Marrakech, jeudi, estimant que les conséquences pourraient être « lourdes » sur la croissance et les prix de l'énergie dans le monde. « On s'inquiète beaucoup de l'entrée d'Israël dans Gaza », a alerté Phil Flynn, de Price Futures Group.

Dans la foulée de l'attaque du Hamas, samedi, le pétrole a, en effet, bondi de cinq dollars, avant de reculer légèrement les jours suivants mais est reparti à la hausse depuis jeudi pour s'établir à 90 dollars le baril de Brent, ce samedi -franchissant le seuil de 90 dollars pour la première fois depuis dix jours- et 87 dollars le WTI. Pour rappel, ces deux indices étaient à moins de 70 dollars en mai.

L'Iran, acteur géopolitique majeur au Moyen-Orient

Car la véritable crainte est celle d'une généralisation du conflit à tout le Golfe Persique qui concentre 40% de l'offre mondiale de pétrole. Car en plus d'un échauffement entre Israël et l'Arabie Saoudite, qui pourrait pousser Ryad a émettre des sanction contre Israël et ses alliés, notamment en utilisant l'or noir comme arme, les Etats-Unis sont aussi entrés en conflit avec l'Iran. Car, après des révélations du Wall Street Journal, les Etats-Unis, alliés historiques d'Israël soupçonnent l'Iran d'avoir donné son feu vert à l'attaque lundi 2 octobre lors d'une réunion à Beyrouth.

Et les craintes se font de plus en plus ressentir. « Nous sommes entièrement préparés et nous passerons à l'action au moment propice », a averti cheikh Naïm Qassem, numéro deux de la formation pro-iranienne Hezbollah. Il a assuré que les messages adressés par plusieurs pays et des envoyés de l'ONU « ne (les affecteraient) pas ». Un message rempli d'ambiguïté. « On ne sait pas ce que cela veut dire », a réagi Phil Flynn. « Est-ce que l'Iran va lancer des attaques depuis d'autres pays, le Liban ou le Yémen? »

« Et si l'on découvre que l'Iran a participé à la préparation (de l'attaque du Hamas), cela va entraîner des représailles », fait valoir Mark Waggoner, d'Excel Futures. « Je ne pense pas que les Etats-Unis vont attaquer l'Iran, mais Israël le pourrait », estime-t-il.

Problème, en cas de dégradation des relations irano-américaines, et de retrait de l'Iran du marché pétrolier et gazier, les conséquences seraient lourdes sur le marché de l'énergie. L'Iran est un poids lourd du marché pétrolier avec 12% des réserves mondiales de pétrole. Depuis janvier, Téhéran a ajouté quelque 600.000 de barils par jour b/j, faisant grimper sa production à 3,8 mb/j selon les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), 4,2 mb/j (si on inclut les distillats). Représentant un peu plus de 4% de la production mondiale, il est difficile de se passer aujourd'hui de ces volumes sans faire flamber les cours du baril.

« La pression va monter sur beaucoup de pays pour qu'ils appliquent les sanctions, et cela va devenir plus difficile de sortir du pétrole », s'inquiète Phil Flynn.

(Avec AFP)

Commentaires 12
à écrit le 15/10/2023 à 8:56
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En fait ce personnage imbu de sa personne se moque bien des pb concernant ceux dont il devrait défendre leur situation Comme faire confiance à ce monarque qui signe des accords avec la Chine persécutrice du peuple Ouïghour . Cette homme n'est pas un...

à écrit le 14/10/2023 à 23:06
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L Arabie saoudite hypocrite comme le Qatar qui financent le Hamas serait bien inspirée d accueillir ses freres musulmans de gaza .. étrange elle ne le fait pas ni le Qatar ou le Koweït richissime … on peut s interroger sur la raison de cette non - a...

à écrit le 14/10/2023 à 18:50
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@latribune. Encore un de mes posts qui subit les affres de la modération, alors qu'il respecte la charte?😤

à écrit le 14/10/2023 à 12:01
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Israël attend trop...

le 14/10/2023 à 14:11
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@Britannicus Israël est entouré de pays musulmans. Israël c'est tout petit, 9 millions d'habitants. Le rapport de force est plus que défavorable. La ligne rouge est ténue et en cas de franchissement Israël s'expose à de sérieuses déconvenues.

le 14/10/2023 à 16:57
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N'oublions pas que l'Iran est de plus en plus proche de se doter de l'arme nucléaire.

le 14/10/2023 à 20:45
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@Valbel et DS : c'est bien ça, il faut frapper vite et de manière tellement saisissante qu'une réplique ne sera pas possible et que les "oppositions" en seront désarmées car médusées. Israël n'a pas les moyens de laisser durer la guerre... Et nous n'...

le 14/10/2023 à 21:34
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@Valbel et DS : et on pourrait ajouter que pour toucher Gaza durablement, il faut maintenant cibler l'Iran. Est-ce que c'est dangereux ? Absolument. Et ce le sera encore plus quand l'Iran aura la bombe, et que tous les Etats de la région voudront à l...

à écrit le 14/10/2023 à 12:00
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Comme si l'AS allait aller à l'encontre sans son autorisation de l'oncle sam.

le 14/10/2023 à 12:32
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Ces derniers temps l'AS s'émancipe des usa et ne suit plus à la lettres ses injonctions .

le 14/10/2023 à 19:17
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@Idx. Correct

le 14/10/2023 à 19:32
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Disons qu'ils exposent moins de vassalité ce qui ne veut pas dire qu'ils le sont moins. "Pour gouverner il faut savoir cacher ses intentions" Nicolas Machiavel

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