Pétrole : la baisse des prix du baril a fait passer le budget de l'Arabie saoudite dans le rouge

Alors que l’Arabie saoudite avait prévu un excédent budgétaire pour 2023, grâce à la flambée des cours du pétrole ces dernières années, le pays affichera finalement un déficit de 20,7 milliards d’euros. La faute à une baisse des cours et la réduction de l'offre saoudienne qui ont diminué la manne pétrolière qui subventionne pratiquement toute l’économie saoudite.
Le prince héritier Mohammed Ben Salman veut sortir l'Arabie saoudite d'une économie dépendante du pétrole avec Vision 2030.
Le prince héritier Mohammed Ben Salman veut sortir l'Arabie saoudite d'une économie dépendante du pétrole avec Vision 2030. (Crédits : SAUDI ROYAL COURT)

Faux espoir pour Ryad. Alors que l'Arabie saoudite avait initialement annoncé un excédent budgétaire de 16 milliards de riyals saoudiens (4 milliards d'euros) en 2023, l'Etat affichera finalement un déficit de 82 milliards de riyals saoudiens (20,7 milliards d'euros), soit l'équivalent de 2% du Produit intérieur brut (PIB)  selon les dernières estimations du ministère des Finances publiées ce lundi. Pour 2024, le ministère table sur un déficit de 79 milliards de riyals, soit 1,9% du PIB.

La raison : une surestimation des revenus pétroliers lors de la précédente annonce budgétaire. En décembre dernier, en effet, Ryad avait pourtant annoncé son premier excédent budgétaire enregistré en près de dix ans grâce à la flambée des cours après l'invasion russe en Ukraine de février 2022 qui aurait dû avoir un impact important sur la monarchie du Golfe, premier exportateur mondial de pétrole brut.

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La manne pétrolière se tarit

C'était sans compter sur le retour de bâton après des prix au-dessus de 100 dollars le baril pendant de longs mois. En 2023, finalement, les prix ont baissé sous les 80 dollars durant l'été, avant de remonter près des 100 dollars en septembre à cause d'une baisse de la demande mondiale. Ainsi, les recettes pétrolières de l'Arabie saoudite ont baissé de 17% cette année. Pourtant, la demande pétrolière a augmenté de 2,2 millions de barils par jour (mb/j) cette année, pour atteindre un record historique de 101,8 millions de barils par jour, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En revanche, en 2024, la demande mondiale n'augmentera que de 900.000 barils par jour ce qui pourrait continuer de tirer les prix à la baisse par rapport à leur pic de 2022.

Pour tenter de faire remonter le prix du baril, et les revenus pétroliers, Ryad a décidé, en juillet, de baisser sa production jusqu'en décembre. Celle-ci est actuellement de 9 mb/j, soit une diminution de 2 mb/j par rapport à la même période une année auparavant.

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Parallèlement à cette perte de vitesse des revenus pétroliers, le royaume poursuit son ambitieux mais coûteux programme de réformes Vision 2030, sous l'égide du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui vise à diversifier son économie tributaire de l'or noir.

Riyad veut diversifier son économie

Dans son communiqué, le ministère des Finances s'est félicité de la croissance des secteurs non pétroliers, avec une augmentation de 11% de leurs revenus au premier trimestre. Néanmoins, en attendant que ces autres revenus grossissent de manière significative, le gouvernement s'attend à ce que les déficits budgétaires persistent jusqu'en 2026.

Le gouvernement « continuera à mettre en œuvre des réformes structurelles fiscales et économiques pour contribuer au développement et à la diversification de l'économie saoudienne et stimuler la croissance, tout en préservant la viabilité budgétaire », a affirmé le ministre Finances, Mohammed al-Jadaan.

Une mutation qui va coûter cher.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 05/10/2023 à 7:33
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Donc on la signature pour 200 Rafales n'est pas pour tout de suite :'(

à écrit le 04/10/2023 à 8:18
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Les pauvres, j'ai la larme a l'oeil ...

à écrit le 03/10/2023 à 20:48
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Les Arabes et les Russes sont en train de se payer leur transition économique sur notre dos, c'est tout, on aurait dû, des la découverte de pétrole faire des "opérations spéciales" sur ces dictatures.

à écrit le 03/10/2023 à 16:01
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"la réduction de l'offre saoudienne qui ont diminué la manne pétrolière" en concertation avec la Russie (OPEP+) qui veut également faire monter les prix (100$ demandés) à cause de la rareté organisée, mais parfois y a des aléas. Vladimir avait bien d...

le 03/10/2023 à 23:58
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Ça s ´ appelle ll arroseur arrosé ou le syndrome hollandais- dans les annees 70-80 le royaume Batave se reposait sur ses revenus issus du gaz de Groningue- il a dû se repositionner durement après que la source fut tarie

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