
Faux espoir pour Ryad. Alors que l'Arabie saoudite avait initialement annoncé un excédent budgétaire de 16 milliards de riyals saoudiens (4 milliards d'euros) en 2023, l'Etat affichera finalement un déficit de 82 milliards de riyals saoudiens (20,7 milliards d'euros), soit l'équivalent de 2% du Produit intérieur brut (PIB) selon les dernières estimations du ministère des Finances publiées ce lundi. Pour 2024, le ministère table sur un déficit de 79 milliards de riyals, soit 1,9% du PIB.
La raison : une surestimation des revenus pétroliers lors de la précédente annonce budgétaire. En décembre dernier, en effet, Ryad avait pourtant annoncé son premier excédent budgétaire enregistré en près de dix ans grâce à la flambée des cours après l'invasion russe en Ukraine de février 2022 qui aurait dû avoir un impact important sur la monarchie du Golfe, premier exportateur mondial de pétrole brut.
La manne pétrolière se tarit
C'était sans compter sur le retour de bâton après des prix au-dessus de 100 dollars le baril pendant de longs mois. En 2023, finalement, les prix ont baissé sous les 80 dollars durant l'été, avant de remonter près des 100 dollars en septembre à cause d'une baisse de la demande mondiale. Ainsi, les recettes pétrolières de l'Arabie saoudite ont baissé de 17% cette année. Pourtant, la demande pétrolière a augmenté de 2,2 millions de barils par jour (mb/j) cette année, pour atteindre un record historique de 101,8 millions de barils par jour, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En revanche, en 2024, la demande mondiale n'augmentera que de 900.000 barils par jour ce qui pourrait continuer de tirer les prix à la baisse par rapport à leur pic de 2022.
Pour tenter de faire remonter le prix du baril, et les revenus pétroliers, Ryad a décidé, en juillet, de baisser sa production jusqu'en décembre. Celle-ci est actuellement de 9 mb/j, soit une diminution de 2 mb/j par rapport à la même période une année auparavant.
Parallèlement à cette perte de vitesse des revenus pétroliers, le royaume poursuit son ambitieux mais coûteux programme de réformes Vision 2030, sous l'égide du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui vise à diversifier son économie tributaire de l'or noir.
Riyad veut diversifier son économie
Dans son communiqué, le ministère des Finances s'est félicité de la croissance des secteurs non pétroliers, avec une augmentation de 11% de leurs revenus au premier trimestre. Néanmoins, en attendant que ces autres revenus grossissent de manière significative, le gouvernement s'attend à ce que les déficits budgétaires persistent jusqu'en 2026.
Le gouvernement « continuera à mettre en œuvre des réformes structurelles fiscales et économiques pour contribuer au développement et à la diversification de l'économie saoudienne et stimuler la croissance, tout en préservant la viabilité budgétaire », a affirmé le ministre Finances, Mohammed al-Jadaan.
Une mutation qui va coûter cher.
(Avec AFP)
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