L'UE prolonge ses sanctions économiques contre la Russie pour six mois

L'Union européenne vient de prolonger de six mois ses sanctions économiques prises en 2014 contre la Russie. La normalisation des relations diplomatiques et économiques entre Moscou et l'Europe pourrait encore prendre des années.
Grégoire Normand
Les sanctions européennes contre la Russie ont débuté en mars 2014.

Les sanctions commerciales contre la Russie sont prolongées. Dans un communiqué publié ce lundi 19 décembre, le Conseil de l'Union européenne a précisé que ces sanctions visant des secteurs précis de l'économie russe allaient être prolongées jusqu'au 31 juillet 2017. Certains pays ont demandé que les sanctions soient renouvelées pour douze mois en raison de l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche qui pourrait atténuer la pression sur Moscou.

>> Lire aussi : Trump en position pour construire de nouvelles relations avec la Russie

Mais le prolongement répété de ces sanctions pourrait avoir un impact considérable sur l'Europe et l'Ukraine, deux zones très dépendantes du gaz russe.

Le non respect des accords de Minsk au centre des tensions

Depuis 2014, les pays de l'UE ont progressivement imposé des mesures restrictives à la Russie en réaction à l'annexion de la Crimée et la crise en Ukraine. Les premières mesures avaient initialement été prises le 31 juillet 2014 pour une durée d'un an.

Au mois de mars 2015, le Conseil de l'UE a corrélé la durée des sanctions à la mise en oeuvre intégrale des accords de Minsk signés le 12 février 2015. Ces derniers devaient être complètement appliqués au plus tard le 31 décembre 2015. A cette échéance, les accords de Minsk n'étaient pas entièrement mis en oeuvre et ils ont été prorogés jusqu'au 31 juillet 2016. Le premier juillet 2016, les sanctions ont été prolongées jusqu'au 31 janvier 2017. Etant donné que les accords ne sont toujours pas respectés, le Conseil à l'unanimité a décidé de proroger les mesures restrictives jusqu'au 31 juillet 2017.

L'énergie et la défense dans le viseur

Les mesures frappent une dizaine d'entreprises russes dans le secteur de l'énergie, de la défense et de la finance qui sont interdites d'accès aux marchés de l'UE comme le rappelle l'AFP. Cinq grands établissements financiers russes détenus en majorité par l'Etat et trois grandes entreprises russes du secteur de l'énergie sont concernés par ces restrictions d'accès aux marchés en Europe. Un embargo sur les importations et les exportations d'armes est également en vigueur pour trois sociétés russes. Des restrictions ont également été décidées pour certains services et technologies pouvant servir à la production et l'exploration pétrolières.

Des sanctions individuelles ciblent actuellement 152 personnes et 37 entités jusqu'au 15 mars 2017 par le biais d'une interdiction de visa et un gel des avoirs. Ces personnes sont interdites de territoire dans l'UE "en raison de leur responsabilité dans des actions qui compromettent ou menacent l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine" a déclaré le Conseil.

Une efficacité des sanctions complexe à mesurer

L'efficacité des sanctions prises par les Occidentaux contre la Russie est souvent très discutée aussi bien parmi les experts que dans l'opinion publique comme le rappelle le rapport Etude Prospective et Stratégique de 2015 intitulé "Pertinence des sanctions/rétorsions au XXIème siècle : Mutations, objectifs et moyens"  commandité par le ministère de la Défense. Pour mesurer l'efficacité des sanctions, les chercheurs ont souvent recours à l'examen de restrictions précédemment appliquées dans d'autres pays souligne une étude de la direction générale du Trésor publiée en 2015.  Il a apparaît que sur un échantillon de 204 sanctions étudiées, seules 36 sont considérées comme efficaces. Ce qui aboutit à un taux de réussite de 18%. Evidemment, cette moyenne masque des disparités en fonction des mesures prises et des cibles visées.

A l'heure qu'il est, il est difficile d'établir un bilan définitif des sanctions puisqu'elle viennent d'être prolongées et les conflits en cours sont loin d'être résolus. Mais cette dernière décision pourrait encore alimenter le sentiment anti-occidental comme l'explique l'un des enseignements du rapport Etude Prospective et Stratégique :

"Ce cas présente un mixte de sanctions commerciales globales et de sanctions ciblées. Les effets économiques se font sentir sur la population russe, ce qui était le principal reproche adressé aux sanctions « ancienne génération ». En conséquence, la montée d'un sentiment anti-américain, voire anti-occidental, n'est pas surprenant."

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 21/12/2016 à 8:16
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On parle souvent d'accord gagnant gagnant ici c'est perdant perdant! Tout cela pour s'aligner sur les USA faire allégeance à l'Allemagne qui se verrait bien étendre le champ de ses sous-traitants en Ukraine et être solidaire des pays baltes et de la...

à écrit le 21/12/2016 à 2:27
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Poutine ne comprend que le rapport de force. Les sanctions lui ont déja coûté la baisse de son budget de la défense qui passe en dessous de la France en 2017/ Il faut continuer afin d'éviter une invasion des pays baltes.

à écrit le 20/12/2016 à 22:59
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Et pendant que la Russie nous défend et nous protège si bien en Syrie, l'Union Européenne qui se trompe toujours d'ennemi avec autorité et bonne conscience reconduit ses sanctions à l'égard de la Russie mais laisse les islamistes commettre toujours p...

à écrit le 20/12/2016 à 21:49
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Après plus d'un an d' annexion les habitants de Crimée n'ont pas trop l' air de se plaindre un peu plus d' infos de nos médias seraient un plus....Il serait intéressant de savoir ce qu' exportent les pays qui réclament douze mois ? En gros les pays ...

à écrit le 20/12/2016 à 20:14
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"Les sanctions pourraient encore durer plusieurs années". Ah bon, on a tellement de mal à coordonner 28 pays dans l'UE que j'en doute fort. D'autre part, plus on éloigne la Russie de l'Europe et plus il sera difficile d'avoir des relations avec ce pa...

à écrit le 20/12/2016 à 19:13
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ces sanctions économiques pénalisent surtout les productions agroalimentaires françaises , à la grande satisfaction de leurs concurrents allemands, néerlandais et autres polonais qui observent l'affaiblissement structurel de nos producteurs nationaux...

à écrit le 20/12/2016 à 19:05
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On peut voter de façon démocratique sur ce sujet?

à écrit le 20/12/2016 à 16:22
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La Russie a su diversifié ses approvisionnements donc, c'est six mois de plus d'austérité pour l'UE!

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