L'Ukraine subit l'offensive de la Russie depuis plus de deux ans et son armée manque, entre autres, de munitions pour faire face aux soldats russes. Pour autant, « il n'est pas trop tard pour que l'Ukraine l'emporte », a assuré le secrétaire général de l'Otan ce lundi 29 avril, lors d'une visite à Kiev, la capitale du pays.
Si Jens Stoltenberg a reconnu que « des retards importants dans le soutien ont de graves conséquences sur le champ de bataille », en référence au retard considérable qu'ont pris les aides militaires américaine et européenne, il a assuré que « davantage d'aide est en route » et que de nouvelles annonces d'aide sont attendues « bientôt ». Le responsable de l'Alliance atlantique a en conséquence appelé les alliés à mettre en place « un engagement financier majeur et pluriannuel (...) pour démontrer que notre soutien à l'Ukraine n'est pas à court terme ».
« Moscou doit comprendre qu'elle ne peut pas gagner », a-t-il martelé.
Jens Stoltenberg a déjà tenu de tels propos la semaine dernière. Il a ainsi déclaré jeudi dernier qu' « il n'est pas trop tard pour que l'Ukraine l'emporte » dans la guerre face à la Russie, à condition que les Occidentaux tiennent leurs promesses de lui fournir davantage d'armes. Regrettant que « les alliés de l'Otan n'ont pas apporté le soutien » qu'ils avaient promis « ces derniers mois », il a toutefois jugé qu' « il est maintenant de notre responsabilité de transformer les engagements (récents des Occidentaux, ndlr) en livraisons réelles d'armes et de munitions, et de le faire rapidement ».
« Ensemble » pour « faire échouer l'offensive russe »
Un soutien plus qu'apprécié côté ukrainien. Par le président Volodymy Zelensky particulièrement, lui qui pousse régulièrement les membres de l'Otan de livrer le plus rapidement possible des armes à son pays. « L'artillerie, (les munitions du) calibre 155 mm, les armes à longue portée et la défense aérienne, principalement les systèmes Patriot. C'est ce que nos partenaires ont et ce qui devrait maintenant fonctionner ici en Ukraine pour détruire les ambitions terroristes de la Russie », a-t-il lancé ce lundi, présent avec le responsable de l'Otan.
Il a d'ailleurs de nouveau exhorté l'Occident à accélérer les livraisons d'armes pour « faire échouer » la nouvelle offensive d'ampleur que Moscou serait en train de préparer, selon Kiev. « Ensemble, nous devons faire échouer l'offensive russe », a déclaré Volodymyr Zelensky, relevant que Moscou « tente de tirer profit » des retards de l'aide occidentale.
L'Ukraine a subi des revers sur le champ de bataille notamment en raison de l'incapacité des alliés à tenir leurs promesses d'aide, tandis qu'un projet de loi visant à accroître le soutien des États-Unis a été longtemps bloqué par des querelles politiques. Approuvé le 20 avril dernier par le Congrès américain, ce vaste plan d'assistance militaire à l'Ukraine prévoit de lui fournir plus de 60 milliards de dollars. Des engagements allant dans le même sens ont par ailleurs été pris par d'autres pays, dont la Grande-Bretagne, l'Allemagne et les Pays-Bas.
L'armée russe gagne du terrain en Ukraine
Il y a en tout cas urgence car, sur le terrain, les soldats russes continuent d'avancer. Ce lundi, l'armée russe a revendiqué la prise d'un nouveau village, Semenivka, situé dans un secteur de l'est du pays où elle avance rapidement. Le ministère russe de la Défense a déclaré dans un communiqué avoir « libéré » cette localité, au nord-ouest d'Avdiïvka, ville-forteresse prise par Moscou en février. Depuis la prise de cette cité symbolique, l'armée ukrainienne est contrainte de rester à la défensive, par manque d'hommes et de munitions.
Et ce n'est pas la première annonce de Moscou en ce sens. Ce dimanche, l'armée russe a aussi revendiqué la prise d'un autre village de la zone d'Avdiïvka, Novobakhmoutivka. Il est situé à proximité de celui d'Otcherytné, rapidement investi la semaine dernière par les forces russes qui en contrôlent actuellement la majeure partie selon des observateurs. Le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a reconnu que la situation sur le front s'était « détériorée », les troupes russes, supérieures en armement et en soldats, ayant remporté des « succès tactiques » dans plusieurs zones. Selon lui, l'armée russe « a concentré ses efforts dans plusieurs secteurs, créant ainsi un avantage significatif en termes de forces et de moyens », afin de « tenter de prendre l'initiative stratégique et de percer la ligne de front ».
L'Ukraine redoute en outre une offensive estivale russe encore plus puissante. Or, en plus de l'incertitude liée à la pérennisation des aides occidentales, le pays a du mal à regarnir les rangs de son armée. Volodymyr Zelensky a promulgué en avril une loi controversée sur la mobilisation militaire, destinée à faciliter l'enrôlement de nouvelles recrues, mais rien ne dit que l'armée ukrainienne réussira à étoffer ses rangs.