La guerre a plombé la croissance de l'Ukraine, le PIB en baisse de près de 30% en 2022

Le produit intérieur brut de l'Ukraine s'est effondré de 29,1% en 2022 par rapport à l'année précédente du fait de l'invasion russe. Le pays était déjà l’un des plus pauvres d’Europe avant le début de la guerre. Pour autant, le FMI table sur une reprise économique partielle et graduelle du pays cette année, avant une accélération à partir de 2024. De son côté, l’économie russe résiste et devrait renouer avec la croissance dès 2023.
Le secteur du bâtiment s'est retrouvé le plus lourdement touché, avec une chute de 67,6% en 2022.
Le secteur du bâtiment s'est retrouvé le plus lourdement touché, avec une chute de 67,6% en 2022. (Crédits : GLEB GARANICH)

En raison de l'invasion russe sur ses terres début 2022, l'Ukraine a vu son économie s'effondrer sur l'année. Son PIB (produit intérieur brut) a chuté de 29,1% sur un an comparé à 2021, selon les données du Comité d'État ukrainien pour les statistiques publiées ce jeudi 13 avril.

Lire aussiUkraine : la guerre a déjà causé 2,4 milliards d'euros de destruction culturelle et patrimoniale

L'Ukraine, qui résiste grâce à l'aide militaire et financière des Occidentaux, a vu des pans entiers de son économie engloutis par la guerre. Le secteur du bâtiment est le plus lourdement touché, avec une chute de 67,6% l'an dernier.

La semaine dernière, l'Unesco faisait état des dégâts déjà engendrés par l'offensive russe sur les terres ukrainiennes. Selon l'organisme onusien basé à Paris, la guerre a généré pour 2,4 milliards d'euros de destruction du patrimoine et du secteur culturel et provoqué 13,9 milliards d'euros de pertes de revenus dans le divertissement, l'art et le tourisme. Il a par ailleurs estimé le besoin total de financement pour reconstruire et relancer ce secteur à 6,4 milliards d'euros.

Récession ou petite croissance attendue en 2023

L'Ukraine était déjà l'un des plus pauvres d'Europe lorsque la Russie l'a attaqué. Il avait vu son PIB progresser de 3,4% en 2021, contre 7% en France et 6,5% en Italie, qui ont affiché les meilleurs scores cette année-là.

Reste que, même si les hostilités se poursuivent toujours et que jusqu'à 20% du territoire ukrainien est occupé, le Fond monétaire international (FMI) table sur une reprise économique partielle et graduelle du pays dès cette année. L'institution estime que, selon les scénarios, l'économie ukrainienne pourrait évoluer entre une récession de 3% et une croissance de 1% en 2023. Elle prévoit même une accélération à 3,2% en 2024, puis jusqu'à 6% en 2025.

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Le Fonds, qui est l'un des bailleurs de fonds clé de Kiev, vient par ailleurs de valider 15,6 milliards de dollars d'aide pour l'Ukraine dans un grand plan de soutien international de 115 milliards de dollars.

Selon une estimation publiée conjointement fin mars par la Banque mondiale, le gouvernement ukrainien, l'ONU et l'Union européenne, les besoins de reconstruction de l'Ukraine s'élèvent à plus de 411 milliards de dollars depuis le début du conflit. Une prévision qui pourrait malgré tout être en dessous de la réalité, d'après l'État ukrainien, puisqu'elle ne prend pas en compte les régions actuellement sous occupation russe.

L'économie russe, elle, résiste

De son côté, l'économie russe ne se porte pas bien, mais elle résiste. Alors qu'elle devait être initialement confrontée à une forte contraction de son PIB en 2022, avec un repli de 6%, elle a finalement terminé l'année en récession de « seulement » 2,1%.

Et pour 2023, la situation se présente encore mieux : en octobre dernier, les prévisions du FMI anticipaient une récession de 2,3%, avant de tabler, lors de la précédente actualisation en janvier, sur une légère croissance (+0,3%). Et cette semaine, elle a de nouveau relevé cette estimation, anticipant désormais une croissance de 0,7% cette année. Et ce, malgré le coût de la guerre et les sanctions des pays occidentaux.

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« Une chose que nous avons vu en 2022, moins en 2023 et sans doute encore moins en 2024, ce sont d'importants revenus issus du secteur énergétique, avec des prix très élevés qui ont permis de soutenir l'économie du pays », a expliqué mardi en conférence de presse le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.

Mais la tendance est appelée à s'inverser. Le pays a par ailleurs fortement accéléré ses dépenses publiques, terminant 2022 avec un déficit de 2,2% du PIB, malgré les importantes rentrées fiscales liées à ses ventes d'hydrocarbures, dans un contexte de hausse généralisée des prix de l'énergie. Le déficit devrait encore gonfler en 2023, le FMI l'anticipant à 6,2% du PIB. C'est « très important au regard des standards russes », souligne un porte-parole du Fonds.

Sur la durée, le choc du conflit avec l'Ukraine sera évident, a assuré la directrice adjointe du département recherche du FMI, Petya Koeva Brooks. « À moyen terme, nous anticipons toujours une croissance nettement moins élevée que ce qu'elle était avant la guerre », indique-t-elle. Et Pierre-Olivier Gourinchas d'appuyer : « D'ici 2027, nous nous attendons à ce que l'économie russe soit 7% plus réduite que ce qu'elle aurait dû être sans la guerre ».

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 17/04/2023 à 11:39
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Merci pour cette très analyse de la situation économique réelle des deux pays. L'Ukraine à plus à perdre dans cette guerre.

à écrit le 13/04/2023 à 17:56
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Bonjour, Incroyable un pays en guerre a une baisse importante de sont PIB... Ils faut dire que les hommes sont sur la ligne de front... Que les Usines ons énormément de mal a produire ... ( Rupture d'approvisionnement, rupture énergétique, main d'o...

à écrit le 13/04/2023 à 16:20
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Elle joue : " A votre bon cœur messieurs, dame ... ! " C'est pratique d'avoir des médias de son coté ! ;-)

à écrit le 13/04/2023 à 14:17
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La baisse du PIB de l’Ukraine n’est guère étonnant, ainsi que sa stabilisation cette année. Par contre, comparer avec la Russie c’est un peu ridicule. La raison est simple, le territoire russe n’est pas pour l’instant occupé et son infrastructure et ...

à écrit le 13/04/2023 à 14:10
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> "D'ici 2027, nous nous attendons à ce que l'économie russe soit 7% plus réduite que ce qu'elle aurait dû être sans la guerre" J’adore cette phrase du FMI. Déjà faire une prévision jusqu’à 2027 pour la Russie (et pour l’Ukraine aussi) n’a pas trop...

à écrit le 13/04/2023 à 13:02
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pour rappel la guerre en ukraine date de2014 avec le refus d'autoriser au russophone d'avoir certaine liberte d'expresiion. persecution encourage par la totalite de l'occident imaginer en france faire les memes repression envers une region ou m...

le 13/04/2023 à 13:40
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@ludwig, la Russophonie ne justifie pas l'agression de la Russie sur l'Ukraine, un pays souverain reconnu. Si les Russophones d'Ukraine ont des droits à faire valoir, c'est avec l'état Ukrainien qu'ils doivent négocier. En arriver à la situation ...

le 13/04/2023 à 14:32
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@Ludwig : a). C’est une désinformation. Parler en russe n’a jamais été un problème en Ukraine avant 2022. Par contre, depuis l’indépendance, il y a eu une ukrainisation continue de l’éducation et de la vie officielle, mais il n’y a rien eu de particu...

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