Ukraine : la guerre a déjà causé 2,4 milliards d'euros de destruction culturelle et patrimoniale

La guerre en Ukraine a généré pour 2,4 milliards d'euros de destruction du patrimoine et du secteur culturel, et provoqué 13,9 milliards d'euros de pertes de revenus dans le divertissement, l'art et le tourisme, selon l'Unesco. L’organisme onusien estime à 6,4 milliards d’euros le besoin total de financement pour reconstruire et relancer ce secteur. Au total, ce seraient plus de 400 milliards d’euros dont a besoin le pays pour sa reconstruction, qui a déjà démarré grâce au soutien des institutions internationales.
Sept sites culturels et un site naturel ukrainiens font partie de la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, dont le centre historique d'Odessa (Sud-ouest), qui l'a rejointe cette année.
Sept sites culturels et un site naturel ukrainiens font partie de la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, dont le centre historique d'Odessa (Sud-ouest), qui l'a rejointe cette année. (Crédits : ALEXANDER ERMOCHENKO)

Environ 248 monuments endommagés, dont certains totalement détruits, particulièrement dans l'Est pour un coût total de 2,4 milliards d'euros. Des pans entiers de l'économie qui se sont effondrés, à hauteur 13,9 milliards d'euros, notamment dans « le tourisme, les arts, le sport, le divertissement, l'industrie culturelle, l'éducation culturelle ». Le patrimoine et la culture ukrainienne payent un lourd tribut depuis le début de l'invasion russe, selon l'Unesco.

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« Nous allons soutenir les autorités ukrainiennes dans l'élaboration d'un plan national de reconstruction du secteur culturel », a assuré Audrey Azoulay, la directrice générale de cet organisme onusien basé à Paris.

Elle a estimé le besoin total de financement pour reconstruire et relancer ce secteur à 6,4 milliards d'euros. Dans le détail, sept sites culturels et un site naturel ukrainiens font partie de la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, dont le centre historique d'Odessa (Sud-ouest), relativement épargné par un an de conflit, qui l'a rejointe cette année. Seize autres sites, dont le centre-ville de Tchernihiv, endommagé durant les premiers mois de la guerre, apparaissent eux dans une liste « indicative » de l'Unesco. Kiev doit à terme présenter leur candidature afin qu'ils intègrent le Patrimoine mondial onusien.

411 milliards de besoins

Selon une estimation publiée conjointement fin mars par la Banque mondiale, le gouvernement ukrainien, l'ONU et l'Union européenne (UE), les besoins de reconstruction de l'Ukraine s'élèvent désormais à plus de 411 milliards de dollars depuis le début du conflit. Un total en hausse par rapport à la précédente évaluation de 350 milliards de dollars, réalisée fin octobre.

Ces 411 milliards représentent plus de deux fois le PIB ukrainien en 2021, et même 2,6 fois celui de 2022, année durant laquelle la richesse nationale s'est contractée de 30%, selon le Fonds monétaire international (FMI). Cette estimation pourrait malgré tout être en dessous de la réalité, a rappelé le gouvernement ukrainien. Elle ne prend pas en compte les régions actuellement sous occupation russe.

Les institutions internationales au chevet de l'Ukraine

Le gouvernement ukrainien a déjà lancé la reconstruction, grâce notamment à l'aide reçue des institutions internationales et des États-Unis. Le FMI a validé vendredi un plan d'aide de 15,6 milliards de dollars sur quatre ans, l'un des plus importants actuellement en cours au sein de l'institution.

Son objectif est de « soutenir la reprise économique graduelle tout en créant les conditions d'une croissance de long terme dans un contexte de reconstruction après le conflit et sur le chemin de l'adhésion à l'Union européenne » (UE), a précisé le Fonds.

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Ce soutien s'intègre dans le cadre d'un programme d'aide bien plus important. D'un montant de 115 milliards de dollars, il implique d'autres organisations ainsi que les créanciers bilatéraux de l'Ukraine. Cette aide prend plusieurs formes, outre le plan du FMI. D'un côté un allègement de la dette existante de 20 milliards de dollars, de l'autre 80 milliards de la part des créanciers et autres institutions financières, qui se divisent « pour 20 milliards de dollars sous forme de dons, les 60 milliards de dollars restant prenant la forme de prêt concessionnel », a précisé un responsable du FMI.

Par ailleurs, depuis le début du conflit, les États-Unis ont apporté un soutien financier massif au gouvernement de Kiev, lui accordant 110 milliards de dollars dont plus de la moitié concerne une aide militaire matérielle. Plusieurs dizaines de milliards de dollars ont aussi servi à maintenir le fonctionnement quotidien des services publics.

De son côté, la Banque mondiale a d'ores et déjà débloqué plus de 20 milliards de dollars, sous forme de prêts ou de dons, avec 18 milliards qui ont été décaissés. Une part importante de ces fonds a permis de maintenir les services publics à flot et de payer les salaires de fonctionnaires, ainsi que d'assurer la prise en charge des déplacés dans le pays.

La reconstruction a déjà commencé

Alors que les combats se poursuivent, l'ensemble des acteurs anticipent déjà la reconstruction, que les institutions économiques souhaitent voir démarrer le plus rapidement possible. Elles estiment d'ailleurs que les besoins immédiats en la matière s'élèvent à 14 milliards de dollars cette année, afin de réaliser « les investissements critiques et prioritaires ».

Selon l'étude, les besoins se concentrent en premier lieu dans le secteur des transports, le logement et l'énergie, qui représentent environ 50% des dommages subis par l'Ukraine lors de la première année du conflit. Et la reconstruction sera longue : « Notre estimation concerne les 10 prochaines années », a rappelé la Banque mondiale.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 04/04/2023 à 8:19
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Et oui, toute cette casse sera payee par les europeens beas. Les entreprises seront americaines, of course.

à écrit le 03/04/2023 à 16:09
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Et de plus, nous faire croire que l'UE de Bruxelles et ses sous-fifres ne sont nullement responsable de tout cela... est une belle histoire !

à écrit le 03/04/2023 à 15:00
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On pourrait aussi parler des tonnes de CO2 libérés par cette guerre. Bizarrement, personne n'en parle ? Quand la guerre est là, l'écologie n'existe plus ?

à écrit le 03/04/2023 à 14:55
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Et pour qui sera le gâteau de la reconstruction ??? J'ai ma petite idée...

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