Le FMI redoute la multiplication des tensions sociales à l’échelle mondiale

Le Fonds monétaire international a annoncé, jeudi lors d'une conférence de presse, que le marché de l’emploi se dégraderait au niveau mondial en 2023. Sa présidente, Kistalina Georgieva, appelle à ne pas resserrer trop drastiquement les politiques monétaires et budgétaires pour ne pas risquer de provoquer des tensions sociales et des défauts de paiements de certains pays.
La présidente du FMI, Kristalina Georgieva, s'attend à une hausse du chômage en 2023
La présidente du FMI, Kristalina Georgieva, s'attend à une hausse du chômage en 2023 (Crédits : Remo Casilli)

Les banques centrales ont-elles gagné leur combat contre l'inflation? C'est le sentiment du FMI qui se réjouit de la bonne tenue des économies mondiales malgré la hausse des taux. Si le ralentissement économique devrait être plus important en 2023 qu'envisagé par le Fonds lors de ses dernières publications en octobre dernier, les marchés de l'emploi nationaux font « preuve de résilience » jusqu'ici, a estimé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, lors d'une rencontre avec la presse, « ce qui est un point positif ».

L'emploi s'est bien maintenu en 2022

Outre-Atlantique, le taux de chômage a reculé en décembre, retombant à 3,5%, un niveau plus bas depuis un demi-siècle et inférieur à celui de février 2020, juste avant la pandémie, a annoncé le département du Travail. Le taux de chômage dans la zone euro, quant à lui, est resté stable en novembre à 6,5% de la population active. Il s'agit de son plus bas niveau historique déjà atteint en octobre, selon les données d'Eurostat. Des chiffres étonnamment bons à l'heure où la Réserve fédérale américaine a monté son principal taux directeur de 0% à 4,5% en quelques mois tout comme la Banque centrale européenne qui a aussi monté ses taux de 250 points de base depuis cet été. Un resserrement de politique monétaire qui devrait ralentir fortement la dynamique des crédits et des investissements et fragiliser les entreprises mais qui n'a, pour l'instant, pas d'effet sur l'emploi.

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« Tant que les gens ont du travail, même si les prix sont élevés, ils consomment, ce qui a aidé l'économie sur le troisième trimestre, en particulier aux Etats-Unis et en Europe, mais nous savons que l'impact du resserrement financier est à venir » en termes de chômage, a insisté la patronne du FMI. D'autant que la situation n'est pas près de s'améliorer, du fait d'une « inflation qui reste tenace » et face à laquelle « le travail des banques centrales n'est pas encore terminé », a rappelé Kristalina Georgieva, impliquant dans le même temps que « la crise n'est sans doute pas terminée ».

De sérieux risques pour les pays en difficulté en 2023

Kristalina Georgieva a ainsi souligné la nécessité d'éviter que le resserrement financier ne vienne ajouter des tensions supplémentaires dans les relations sociales. « Nous ne sommes que le 12 janvier et avons déjà le Brésil, le Pérou, la Bolivie, la Colombie, le Royaume-Uni, tous pour des raisons différentes, mais avec des tensions sociales très nettes ». Si les conditions du marché du travail se détériorent dans ces pays, la présidente du Fonds monétaire international estime que les tensions sociales pour en être exacerbées.

Dans le même temps, l'impact de la hausse des taux sur les pays endettés sera également dramatique, a rappelé Kistalina Georgieva, dont l'institution alerte depuis plusieurs mois sur le risque de voir une soixantaine de pays émergents et en développement basculer dans une crise de la dette souveraine.

Néanmoins, le FMI estime toujours « qu'une récession mondiale peut être évitée » même si un certain nombre de pays devraient voir un recul de leur PIB, tout du moins « s'il n'y a pas de choc supplémentaire », a rappelé la directrice générale. En particulier dans le cas où la Chine ne remettait pas en cause son changement de politique vis-à-vis de la pandémie, alors qu'une reprise économique dans le pays à partir du milieu de l'année « pourrait être le facteur le plus important de croissance mondiale pour 2023 », a ajouté Kistalina Georgieva.

Malgré un assombrissement des perspectives économiques, les marchés financiers sont galvanisés

L'idée d'une année 2023 voyant la fin de l'inflation, le desserrement monétaire et une reprise de l'activité économique grâce à l'ouverture de la Chine a ravi les marchés financiers. Ainsi, les Bourses européennes ont terminé en nette hausse jeudi, franchissant des seuils pas vus depuis des mois après la publication sans surprise de l'inflation aux Etats-Unis. Le CAC 40 gagné 0,74%, à 6.975 points, après avoir dépassé en séance le seuil symbolique des 7.000 points pour la première fois depuis février 2022. L'indice phare de la Bourse de Paris porte ainsi à près de 8 % ses gains depuis le début de l'année, et à plus de 20 % son rebond ces trois derniers mois.

Les investisseurs et les gérants se montrent particulièrement optimistes pour l'année prochaine mais une hausse du chômage ou un ralentissement économique plus fort que prévu pourrait cependant déstabiliser les cours cette année. Ces derniers sont jugés un peu trop survalorisés par rapport à la réalité économique indiquent des experts à la Tribune.

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(Avec AFP)

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