Le CAC 40 dépasse les 7.000 points : les marchés ne craignent pas la récession

Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse jeudi, franchissant des seuils pas vus depuis des mois après la publication sans surprise de l'inflation aux Etats-Unis. Le CAC 40 a dépassé en séance le seuil des 7.000 points, un niveau qui n'avait pas été atteint depuis février 2022. A l’origine de ce rallye de début d’année : les perspectives de fin de l’inflation, de baisse des taux directeurs et d’un redémarrage économique mondial. Ceci alors que la Banque mondiale a dégradé hier ses prévisions de croissance...
Maxime Heuze
Le Cac 40 a renoué avec les 7.000 euros, soit le niveau qu'il avait atteint avec la guerre en Ukraine et la hausse des prix et des taux directeurs.
Le Cac 40 a renoué avec les 7.000 euros, soit le niveau qu'il avait atteint avec la guerre en Ukraine et la hausse des prix et des taux directeurs. (Crédits : Benoit Tessier)

Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse jeudi, franchissant des seuils pas vus depuis des mois après la publication sans surprise de l'inflation aux Etats-Unis. Le CAC 40 gagné 0,74%, à 6.975 points, après avoir dépassé en séance le seuil symbolique des 7.000 points pour la première fois depuis février 2022. L'indice phare de la Bourse de Paris porte ainsi à près de 8 % ses gains depuis le début de l'année, et à plus de 20 % son rebond ces trois derniers mois. De son côté, Francfort (+0,74%) a clôturé au-dessus des 15.000 points pour la première fois depuis février 2022 également, tandis que Londres (+0,89%) se rapproche de son plus haut historique touché en mai 2018.

Les marchés européens profitent du même environnement qu'en décembre, c'est-à-dire un ralentissement de l'inflation au sein de la zone euro à 9,2% sur un an en décembre, passant ainsi sous la barre des 10%. S'ajoute à cela un début de réouverture de la Chine et un discours moins agressif de la Banque centrale américaine (Fed), même si cette dernière a écarté le scénario d'une baisse des taux en 2023, voire en 2024.

Finalement, les marchés attendaient un rallye de fin d'année, un espoir contrarié par le ton particulièrement ferme de la Banque centrale européenne (BCE) dont la politique monétaire semble toujours décalée de six à huit moins par rapport aux Etats-Unis.

Bonne nouvelle chinoise

Las, les investisseurs, comme les stratégistes de marché, voient ce début d'année sous de meilleurs auspices. Tout d'abord, sur le pic d'inflation et le pic des taux aux Etats-Unis. L'idée est bien d'une ou deux nouvelles hausses, mais d'une ampleur limitée. Les investisseurs sont en effet désormais presque complètement convaincus que la Réserve fédérale américaine ne va relever ses taux que de 0,25 point de pourcentage à sa prochaine réunion, son mouvement le plus faible depuis la première hausse de ce cycle de remontée des taux, en mars 2022.

« Les marchés s'attendent même à une baisse des taux avant décembre alors que la Réserve fédérale américaine a assuré qu'elle n'allait pas le faire », explique Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marché chez le courtier IG France.

Autrement dit, pour les marchés, la Fed a gagné son combat contre l'inflation, tout en évitant de refaire les erreurs des années 70, c'est-à-dire de relâcher trop vite les taux. Les marchés devront s'habituer à des taux de 4 à 5 % pour quelques années et ils commencent à le faire, notamment en regardant de plus en plus les opportunités sur le marché obligataire.

Sur le marché obligataire, cette assurance faisait baisser les rendements. L'emprunt à 10 ans français, l'échéance qui fait référence, est retombé à 2,61%, au plus bas depuis mi-décembre.

Malgré les alarmes du FMI ou de la Banque mondiale, personne n'anticipe une forte récession aux Etats-Unis ou en Europe qui profite d'ailleurs d'un hiver particulièrement doux et d'une chute des prix de l'énergie.

« Il y a un an, on aurait prédit une récession à 5 voire 6% en 2023 avec tout ce qu'il s'est passé l'année. Au final, nous ne serons qu'à 0% de croissance ou une croissance légèrement négative », se réjouit Frederik Ducrozet, responsable de la recherche macroéconomique pour Pictet Wealth Management.

Enfin, la cerise sur le gâteau boursier : la réouverture de la Chine. Bien sûr, il y a toujours ce risque de reprise des cours des matières premières, qui pourrait créer les conditions d'une inflation de second tour. Mais, la reprise de la production et la meilleure fluidité dans les chaînes d'approvisionnement donneront le coup de puce qui manque à la croissance en 2023. Et à ce jeu, l'Europe (comme le Japon) a plus à gagner de la reprise en Chine que les Etats-Unis, ce qui pourrait confirmer l'attrait actuel des actions européennes.

Des marchés prêts à se retourner

Il ne faut pas parler d'euphorie pour autant. La grande majorité des investisseurs restent prudents et commencent à investir sur les marchés des taux, qui deviennent une alternative crédible aux actions. « Il y a un phénomène de peur de manquer une opportunité », constate cependant Alexandre Baradez. L'analyste explique ce phénomène par une anticipation très positive de l'année 2023 par les investisseurs et par le fait que « les poches de cash des gérants sont encore très gonflées donc cela les incite peut-être à prendre des risques et investir maintenant », ajoute-t-il.

Mais ces mouvements haussiers semblent peu justifiés pour les deux experts. La certitude qu'ont les marchés sur un assouplissement des taux des banques centrales avant 2024 semble en effet bien présomptueux pour Frederik Ducrozet qui n'anticipe pas ce scénario. « Les banques centrales vont garder comme cap la lutte contre l'inflation au détriment de la croissance car elles ne vont pas refaire les erreurs qu'elles ont faites dans les années 1970 de monter puis baisser trop rapidement leur taux ce qui a provoqué plusieurs périodes d'inflation et de récession », explique l'économiste de Pictet.

Les financiers mettent donc en garde contre une éventuelle zone de turbulences sur les marchés au premier trimestre 2023. Des résultats d'entreprises moins bons qu'attendus ou de mauvais chiffres sur la croissance ou l'inflation pourraient doucher les certitudes des investisseurs et entraîner une correction sur les marchés. « Le plus dur est passé mais il faudra un bon trimestre pour voir l'amélioration des économies mondiales arriver », prévient Alexandre Baradez.

Dans une telle optique, les secteurs les plus sensibles à la baisse sont « les actions traditionnelles, appelées de valeur, comme les énergéticiens, les entreprises des secteurs automobile ou des loisirs, car elles ont beaucoup augmenté l'année dernière », précise l'analyste d'IG. A l'inverse, les valeurs technologiques et de croissances qui ont connu de forts mouvements baissiers durant tout 2022 devraient être moins exposés à une correction, ce qui ne veut pas non dire qu'elles vont monter au premier trimestre.

ZOOM - Le deuxième et le troisième trimestre s'annoncent de bien meilleur augure

Si les marchés semblent trop hauts perchés en ce début d'année pour pouvoir s'y exposer sereinement, la deuxième moitié de l'année semble bien plus adéquate pour acheter des actions d'après les deux experts. « Il y a peu de raison d'imaginer un effondrement des marchés en 2023 mais une hausse durable du CAC 40 au-dessus de 7.000 euros semble peu envisageable », estime Frederik Ducrozet, chez Pictet Wealth Management. De son côté, Alexandre Baradez, chez IG, estime aussi que l'indice parisien oscillera entre 6.200 points et 7.000 en 2023. Il peut donc être intéressant d'attendre un retracement des indices boursiers pour passer à l'achat et profiter de l'éclaircie sur l'économie mondiale attendue dans l'année. D'après l'analyste d'IG, les secteurs les plus prometteurs sur du long terme seraient ceux des semi-conducteurs, de la défense et l'armement et l'immobilier côté.

Maxime Heuze

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Commentaires 6
à écrit le 13/01/2023 à 11:59
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Forcement en adulte, "les jeux de hazard" sont interdit au moins de 18 ans ! ;-)

à écrit le 13/01/2023 à 9:12
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c'est la réforme des retraites qui réjouit les investisseurs. Des profits plus abondants avec une main d'oeuvre obligée de travailler plus longtemps, c'est bon pour la finance. Mais pourquoi les cotisations retraites ne sont-elles pas assises aussi s...

à écrit le 13/01/2023 à 9:12
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Les marchés font rarement comme nos économistes franchouillards catastrophistes le voudraient : c'est moche.

à écrit le 12/01/2023 à 14:17
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Une année radieuse pour les financiers ne signifie pas la même chose pour les populations

à écrit le 12/01/2023 à 13:48
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Investisseurs ?? De simple boursicoteurs qui ne pensent qu'a la chaîne de Ponzy pour faire leur beurre !

le 12/01/2023 à 14:47
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C'est toujours mieux que de tourner sans arrêt pour quémander auprès de l'état.Les investisseurs en bourse assument en adultes les risques qu'ils prennent..

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