Le G20 Finances s'inquiète pour la croissance mondiale si le bras de fer commercial perdure

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a appelé samedi Washington à la raison, au respect de ses alliés européens et posé comme préalable une exemption des nouvelles taxes douanières américaines pour les pays de l'UE.
Bruno Le Maire veut ramener les Etats-Unis à la raison et au respect des alliés
Bruno Le Maire veut ramener les Etats-Unis "à la raison et au respect des alliés" (Crédits : Reuters)

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a appelé les États-Unis à revoir leur position sur les tarifs douaniers imposés au reste du monde et à ménager leurs alliés historiques.

"Cette guerre commerciale ne fera que des perdants, elle détruira des emplois et pèsera sur la croissance mondiale. Nous appelons les États-Unis à la raison, au respect des règles multilatérales et au respect de leurs alliés", a déclaré le ministre français à Buenos Aires, où se tenu ce week-end le G20 des ministres des Finances.

"Américains et Européens sont alliés, nous ne pouvons pas comprendre comment nous, Européens, nous sommes touchés par l'augmentation de tarifs commerciaux décidées par les États-Unis. Ce que nous voulons, avec le président de la République, c'est refonder le multilatéralisme commercial. Le commerce mondial ne peut pas reposer sur la loi de la jungle. L'augmentation unilatérale des tarifs, c'est la loi de la jungle. La loi de la jungle, la loi du plus fort, ça ne peut pas être l'avenir des relations commerciales dans le monde", a dit le ministre, qui devait rencontrer samedi après-midi le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.

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Une volonté pour le multilatéralisme

Il a souligné l'engagement de la France pour "réformer le multilatéralisme commercial : le commerce mondial ne peut pas reposer sur la loi de la jungle."

"Nous proposons avec tous les pays européens une refondation des règles multilatérales du commerce. Nous reconnaissons qu'il y a une difficulté sur le commerce mondial, une difficulté liée à l'accès aux marchés public. Il y a une question liée à la propriété intellectuelle, vitale pour nos entreprises françaises, pour nos industries aéronautiques, du luxe, de la santé, du médicament, mais discutons-en dans un cadre multilatéral. Nous sommes prêts à toutes les discussions, mais il y a un préalable, c'est la levée des tarifs américains sur l'Europe. Ces nouveaux tarifs sont injustifiés et injustifiables. Ils menacent nos industries, nos emplois, nous ne négocierons pas le pistolet sur la tempe.

L'Europe est un continent économique fort. Elle a une puissance économique considérable. Unie, elle peut faire bouger les choses. L'Europe doit jouer le premier rôle, elle a un rôle historique à jouer dans les circonstances actuelles. Nous ne sommes pas condamnés à être écrasés entre une Chine qui ne cesse de gagner en puissance et des États-Unis qui ont décidé d'entrer dans un rapport de force avec tous les autres États de la planète", a-t-il insisté.

Taxer les géants du net

Durant les sessions de travail du G20, le ministre soulignera la nécessaire "taxation des géants du numérique".

"C'est une question de justice, personne ne peut accepter que nos PME soit taxées 14 points de plus que Google, Amazon, Facebook, fait-il remarquer. Si nous voulons un système fiscal international efficace, il faut que ceux qui créent le plus de valeur soient taxés. Les travaux doivent se poursuivre dans le cadre de l'OCDE".

"Nous ne pouvons pas attendre, nos populations attendent des décisions concrètes. Au plus tard début 2019, il doit y avoir un instrument de taxation mis en œuvre par les Etats européens."

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La France veut trouver un cadre pour les ICO

"Je crois beaucoup au développement des nouvelles technologies financières. Je pense qu'elles sont très prometteuses, je pense en particulier à la Blockchain, aux ICO (Initial Coin Offering). Nous serons un des premiers pays européens à avoir un encadrement des ICO qui permettront de développer ces offres de jetons. Il y a des risques auxquels il faut répondre. Risque de financement du terrorisme ou risque de blanchiment", explique le ministre des Finances.

Autre sujet qui fâche les Européens, les tensions monétaires avec les États-Unis

"Les critiques du président américain sur la monnaie européenne sont infondées, personne ne manipule le cours de l'euro. Le cours de l'euro est le reflet des réalités économiques, des fondamentaux économiques des 19 Etats membres de la zone euro. C'est très sain comme cela. Il n'y a pas de manipulation de cours ni d'intervention. En revanche il y a une appréciation du dollar aujourd'hui, c'est la conséquence logique de la politique monétaire choisie par l'administration américaine".

Sous fond de guerre économique... Un marché en berne

La Bourse de Paris a ouvert en baisse lundi, les investisseurs restant inquiets au sujet de la guerre commerciale après un avertissement du G20 sur les effets potentiels de ce conflit sur la croissance mondiale. La guerre commerciale entre grandes puissances perdure et le G20 a réaffirmé à Buenos Aires sa crainte qu'elle n'affecte la croissance mondiale et appelé au dialogue, alors que les États-Unis restent inflexibles quant à leurs surtaxes ou menaces de sanctions.

"Il n'y a eu aucun signe" de la part des acteurs du conflit suggérant "qu'ils seraient prêts à céder du terrain", a souligné Michael Hewson, un analyste de CMC Markets.

Dans ce contexte incertain, les marchés suivront attentivement la rencontre prévue mercredi entre le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le président américain Donald Trump.

"Malgré la baisse de vendredi, les marchés européens se situent toujours bien au-dessus de leurs plus bas annuels, ce qui signifie que les investisseurs ne semblent pas trop inquiets pour le moment, toutefois cela pourrait changer dans les jours qui viennent, en particulier si les États-Unis n'adoucissent pas leur rhétorique ou si l'Union européenne et la Chine mettent en place des mesures de représailles", a commenté M. Hewson.

Les acteurs de marché s'inquiètent en outre au sujet des devises, après que Donald Trump s'est montré mécontent du dollar au plus fort. Il a également accusé Bruxelles et Pékin de manipuler leur monnaie respective.

"Ces commentaires ont suscité des inquiétudes quant aux devises, qui pourraient devenir une autre arme dans la guerre commerciale", a estimé M. Hewson.

(avec l'AFP)

Commentaires 5
à écrit le 23/07/2018 à 21:48
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« Il y a un préalable, c'est la levée des tarifs américains sur l'Europe. » Mais mon Bruno, tu crois vraiment que Trump t’écoutes ? Au fait il en est ou ton budget de la zone euro sur lequel tu as bossé 3 mois ? A la poubelle ? Et oui a la poub...

à écrit le 23/07/2018 à 13:54
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Les français s’inquiètent pour la croissance du pays si l'humiliation politique continue.

à écrit le 23/07/2018 à 13:11
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Il convient d'aller plus loin : élaborer et présenter un plan d'envergure pour le cas, le plus probable, où la rupture de la première puissance avec les règles d'avant, loin de se résorber, irait en croissant. Sortir du déni, et accepter cette nouve...

à écrit le 23/07/2018 à 12:55
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Le maire ? Il represente la France et ses 2000 milliards de deficits. Vaut mieux en rire.

le 24/07/2018 à 10:35
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Et toi,tu représentes quoi ?

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