Le Japon maintient sa politique ultra-accommodante, l'inflation atteint un record à 3%

La hausse des prix au Japon a accéléré de 3% sur un an en septembre, son plus haut depuis 2014. Pour autant, la Banque centrale du pays se refuse à abandonner sa politique basée sur des taux bas, estimant que le pays n'est pas prêt à un resserrement des conditions de crédit.
Le fossé entre la politique ultra-accommodante de la BoJ et le durcissement de la Fed a fait plonger le yen de 30% par rapport au dollar depuis le début de cette année.
Le fossé entre la politique ultra-accommodante de la BoJ et le durcissement de la Fed a fait plonger le yen de 30% par rapport au dollar depuis le début de cette année. (Crédits : FLORENCE LO)

C'est un niveau bien inférieur à ceux que connaît l'Europe, mais qui est néanmoins préoccupant pour le Japon. Son inflation a accéléré à 3% sur un an en septembre (hors produits frais), selon les données du gouvernement publiées ce vendredi, contre 2,8% en août. C'est un nouveau record depuis 2014. Mais, si on exclut l'année 2014, une année où les prix avaient été artificiellement dopés en raison d'une hausse de la TVA, l'inflation en septembre est la plus forte depuis 1991 dans l'archipel nippon.

Comme l'Europe, où l'inflation a dépassé la barre des 10% en septembre dans la zone euro (les 19 pays à avoir adopté la monnaie unique), la hausse générale des prix au Japon s'explique principalement par celle des prix de l'énergie. De même, à l'instar de la Commission européenne, la Banque centrale du Japon (BoJ) s'est fixée comme objectif de maintenir l'inflation à 2%.

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Politique ultra-accommodante

Pour autant, elle a, jusqu'ici, opté pour une stratégie bien différente de nombreux pays et institutions, eux aussi, soumis à flambée des prix. En effet, depuis juillet, la Banque centrale européenne (BCE) a opéré plusieurs relèvements de ses taux directeurs dont un dernier en septembre de 75 points de base pour tenter de ralentir la demande et donc l'inflation. Un nouveau relèvement, qui pourrait aussi être de 75 points de base, est d'ailleurs à prévoir à l'issue de la prochaine réunion des gouverneurs de l'institution monétaire le 27 octobre. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale américaine (Fed), a également privilégié un durcissement de la politique monétaire se traduisant par des hausses de taux.

Or, la politique ultra-accommodante conservée par la BoJ qui creuse le fossé avec la Fed a fait plonger le yen de 30% par rapport au dollar depuis le début de cette année.  Le billet vert a franchi jeudi la barre des 150 yens, un nouveau record depuis 1990, et se maintenait ce vendredi à ce niveau. Conséquence de l'effondrement de sa monnaie, le prix des importations japonaises est davantage gonflé alors qu'il était déjà renchéri par la flambée des prix mondiaux de l'énergie, ce qui affecte la consommation des ménages nippons.

Soutenir la reprise du pays

Malgré cela, la BoJ est bien déterminée à ne pas remonter ses taux, estimant que le pays n'est pas prêt à un resserrement des conditions de crédit. L'institution, qui se réunira en fin de prochaine semaine et livrera ses prévisions actualisées de croissance et d'inflation, estime pour l'heure que la poussée des prix à la consommation devrait se tasser dès l'an prochain au Japon, faute de hausses de salaires suffisantes pour l'entretenir.

D'autant que la BoJ a le soutien du gouvernement japonais, qui estime aussi que le maintien d'une politique monétaire ultra-accommodante est nécessaire pour soutenir la reprise économique fragile du pays. L'exécutif préfère, en effet, atténuer les dommages collatéraux de cette politique monétaire par des aides publiques à répétition.

Soucieux également d'éviter des fluctuations trop brutales du cours du yen, le Japon est intervenu fin septembre sur le marché des devises pour soutenir sa monnaie, en vendant environ 20 milliards de dollars puisés dans ses immenses réserves de change. L'effet de cette opération a été de courte durée, mais de nouvelles actions du gouvernement japonais pour ralentir la chute du yen restent très probables, selon les économistes.

(Avec AFP)

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