
L'inflation préoccupe aussi en Chine... par sa faiblesse, dans un contexte de demande atone. La hausse des prix était ainsi quasi nulle en mai, selon des chiffres officiels publiés ce vendredi 9 juin. Principal chiffre de l'inflation, l'indice des prix à la consommation (CPI) s'affiche en hausse de 0,2% en mai sur un an, contre 0,1% un mois plus tôt, d'après les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS). Cela colle aux anticipations des analystes.
A rebours des tendances inflationnistes qui secouent les économies développées, les alimentaires ne bougent pas plus sur un an (+0,1%), tout comme ceux des biens de consommation (-0,3%) et des services (+0,9%).
Risque de... déflation
Les prix à la production (les prix sortie d'usine) continuent eux de dégringoler, en raison d'une demande atone et du recul du coût des matières premières comme le minerai de fer et le pétrole brut. L'indice PPI s'est replié de 4,6% en mai selon le BNS... pour le huitième mois d'affilée, mais il atteint son rythme le plus faible depuis 2016.
« Les prix internationaux des matières premières ont globalement chuté et la demande en Chine et à l'étranger pour les produits industriels a été relativement faible », justifie Dong Lijuan, analyste chez BNS.
« Le risque de déflation pèse toujours sur l'économie. Les indicateurs économiques récents envoient des signaux concordants signalant que l'économie se refroidit », souligne dans une note l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.
Exportations en recul
La faiblesse de la demande internationale au moment où l'économie de la zone euro est en récession technique et où la croissance américaine marque le pas pèse sur les exportations du géant asiatique. Elles se sont ainsi contractées de 7,5% sur un an, entraînant un recul de l'activité manufacturière pour le deuxième mois consécutif. Depuis octobre 2022 au moment où la politique dite du « zéro Covid » pénalisait lourdement l'économie du pays, les exportations chinoises peinent à se relever.
« La Chine est en partie dépendante de la santé des industries européenne et américaine qui réalisent l'assemblage de leurs produits en Chine », souligne Guillaume Dejean, analyste macro et change pour le groupe financier Convera. « Or, l'inflation élevée et la remontée des taux d'intérêt dans ces régions ont sérieusement pénalisé la demande », relevait-il fin mai dans une note.
Pour relancer l'économie, des analystes préconisent une baisse de taux d'intérêt. « Le gouvernement n'a pas envoyé de signal clair sur une éventuelle politique de relance. Je m'attends à ce que la prochaine fenêtre de révision de la politique soit en juillet, après la publication des chiffres du PIB du deuxième trimestre », estime Zhiwei Zhang.
Avec au premier trimestre une nette accélération de sa croissance (+4,5% sur un an), la Chine maintient sa cible de croissance « d'environ 5% » cette année, ce qui serait l'une des plus basses depuis des décennies, mais le Premier ministre Li Qiang a admis qu'elle ne serait « pas facile » à atteindre.
(Avec AFP)
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