Le prix Nobel d'économie décerné à trois experts de « l'effondrement des banques »

En plein resserrement monétaire opéré par les banques centrales, suite aux torrents de liquidités débloqués pour surmonter le Covid, le comité du Nobel a choisi Ben Bernanke, l'ancien patron de la Fed aux manettes de l'institution pendant la crise financière de 2008. Deux autres spécialistes de la banque ont également été récompensés à l'heure où la solidité des banques face à la récession va être de plus en plus questionnée.
Ben Bernanke, l'ancien président de la Réserve fédérale américaine.
Ben Bernanke, l'ancien président de la Réserve fédérale américaine. (Crédits : © Kevin Lamarque / Reuters)

Après la science du marché du travail en 2021, vient le temps de récompenser les experts du monde bancaire. Un symbole fort, tandis que la récession plane au dessus des économies engluées dans l'ère post-Covid et par les tensions internationales provoquées par la guerre en Ukraine. Cette année, marquée par la remontée des taux d'intérêt, ce sont Ben Bernanke, l'ancien président la banque centrale américaine (Fed) et ses compatriotes Douglas Diamond et Philip Dybvig, pour leurs travaux sur les banques et leurs sauvetages nécessaires durant les crises financières qui se sont vus décerner le prix Nobel d'économie lundi.

Le trio « a significativement amélioré notre compréhension du rôle des banques dans notre économie, particulièrement durant les crises financières, ainsi que la façon de réguler les marchés financiers », a salué le jury Nobel.

« Une importante découverte de leurs recherches », dont les travaux commencent à partir des années 1980, « a été de montrer pourquoi éviter l'effondrement des banques est vital », a souligné le comité de l'Académie suédoise des sciences chargé de décerner le prix.

Agé de 68 ans, Ben Bernanke a été président de la Federal Reserve (Fed) entre 2006 et 2014, bail marqué par la crise financière de 2008 et la chute de la banque américaine Lehman Brothers.

La plus grande faillite bancaire dans l'histoire des Etats-Unis avait déclenché une crise financière mondiale et souligné le risque posé par des géants bancaires "too big to fail".

Le jury ne fait toutefois aucune référence à son action à la tête de la Fed dans les motivations de son prix.

Spécialiste de la Grande Dépression

L'ancien banquier central a notamment analysé la Grande Dépression des années 1930, la pire crise économique de l'histoire moderne, a souligné le jury Nobel. Il a notamment montré comment les retraits massifs étaient un facteur décisif dans la prolongation et l'aggravation des crises.

Douglas Diamond, né en octobre 1953, et Philip Dybvig, 67 ans, ont quant à eux développé des modèles théoriques montrant pourquoi les banques existent et pourquoi leur rôle dans la société les rend vulnérables à la rumeur sur leur effondrement imminent.

Ces travaux ont notamment débouché sur le modèle Diamond-Dybvig sur les paniques bancaires autoréalisatrices.

"Si un grand nombre d'épargnants se ruent simultanément à leurs banques pour retirer de l'argent, la rumeur peut devenir une prophétie autoréalisatrice", souligne le jury Nobel.

- "Faux Nobel" -Seul à ne pas avoir été prévu dans le testament d'Alfred Nobel, le prix d'économie créé par la banque centrale suédoise "à la mémoire" de l'inventeur s'est ajouté en 1969 aux cinq traditionnelles récompenses (médecine, physique, chimie, littérature et paix), lui valant chez ses détracteurs le sobriquet de "faux Nobel".

L'Américaine Elinor Ostrom (2009) et la Franco-Américaine Esther Duflo (2019) sont pour l'heure les seules femmes à avoir décroché la récompense.

L'an dernier, l'Américano-Canadien David Card, l'Américano-Israélien Joshua Angrist et l'Américano-Néerlandais Guido Imbe avaient été sacrés pour leurs travaux en économie expérimentale.

La symbolique des Nobel

Vendredi, le prix Nobel de la paix a récompensé le militant bélarusse emprisonné Ales Beliatski, l'ONG Memorial et le Centre ukrainien pour les libertés civiles en pleine invasion de l'Ukraine par Moscou.

La veille, Annie Ernaux était devenue la première Française à remporter le Nobel de littérature, après 15 hommes.

En 2020, le prix avait récompensé les Américains Paul Milgrom et Robert Wilson, deux enseignants de Stanford et experts des enchères dont les travaux novateurs ont notamment servi aux attributions des fréquences télécom.

Il y a trois ans, le prix avait été attribué à un trio de chercheurs spécialisés dans la lutte contre la pauvreté, les Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer et la Franco-américaine Esther Duflo, deuxième femme distinguée dans la discipline et plus jeune lauréat de l'histoire de ce prix.

(avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 10/10/2022 à 16:40
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Non, ce Nobel va donner Des idées aux banques ...

à écrit le 10/10/2022 à 14:21
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Voilà qui donne une idée de l'intérêt du Nobel. Après Obama..

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