![Vladimir Poutine (à gauche) et Xi Jinping (à droite).](https://static.latribune.fr/full_width/1305677/brics.jpg)
Non au protectionnisme. C'est en substance le message délivré par les cinq pays membre du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), à l'issue de leur sommet annuel, qui s'est tenu, du mardi 12 novembre au jeudi 14 novembre, à Brasilia (Brésil). Le multilatéralisme doit être, selon ce club de puissances considérées comme émergentes, "renforcé et réformé" pour être "plus ouvert", indique leur communiqué final publié à Brasilia, comme un clin d'oeil aux Etats-Unis de Donald Trump, ouvertement protectionnistes. "Il est essentiel que les membres de l'OMC évitent toute mesure unilatérale et protectionniste", insistent les cinq pays membres du groupe des Brics, en pleine guerre commerciale entre les Etats-Unis et Pékin.
Jeudi 14 novembre, au matin, le président chinois Xi Jinping avait annoncé la couleur. "Le protectionnisme montant et l'unilatéralisme créent un déficit de gouvernance, de développement et de confiance" et "déstabilisent l'économie mondiale", a-t-il lancé.
"Cette organisation (les Brics) est en faveur des marchés ouverts, contre tout protectionnisme et joue un rôle stabilisateur", a affirmé pour sa part le président russe Vladimir Poutine en conférence de presse. "Au fur et à mesure que la situation change dans le monde, le rôle et l'importance des Brics vont forcément se renforcer", a-t-il ajouté.
Silence sur le Venezuela -
Sur la Syrie en guerre civile, les Brics ont "exprimé leur conviction qu'il ne peut y avoir aucune solution militaire" et réaffirment leur "fort engagement pour la souveraineté et l'indépendance" de ce pays. Aucune mention n'est faite en revanche dans le communiqué final de la situation chaotique au Venezuela, où la Chine et la Russie soutiennent le régime socialiste de Nicolas Maduro et le Brésil le chef de l'opposition Juan Guaido, président autoproclamé reconnu par une cinquantaine de pays.
Mercredi, à quelques kilomètres du Palais Itamaty où s'est tenu le sommet, s'est déroulé un épisode rocambolesque: l'occupation pendant une douzaine d'heures de l'ambassade du Venezuela à Brasilia par des partisans de Juan Guaido, qui ont finalement quitté les lieux. Sur le climat, les Brics ont également réitéré leur "engagement en faveur du développement durable" et "de la mise en place de l'Accord de Paris", que le climatosceptique Jair Bolsonaro avait menacé un temps de quitter. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a pour sa part souligné que "le progrès économique et social des Brics" dépendait d'une attention soutenue de ces pays à la question de "l'émancipation des femmes dans tous les domaines de la société"
Revirement brésilien
Le sommet de Brasilia, premier grand événement international organisé par le gouvernement Bolsonaro, a marqué par ailleurs un net rapprochement entre le Brésil et la Chine, motivé par le pragmatisme. Le président d'extrême droite a joué les équilibristes, entre son souci de rapprochement avec la Chine, premier partenaire commercial du Brésil, et celui de ne pas froisser son grand allié américain. "Je n'entre pas dans cette guerre commerciale (sino-américaine). Le Brésil fait du commerce avec tout le monde", a affirmé M. Bolsonaro à des journalistes, jeudi matin.
Fervent admirateur de Donald Trump, avec qui il est totalement aligné, Jair Bolsonaro a changé radicalement de position à l'égard de la Chine depuis son arrivée au pouvoir en janvier. L'an dernier, lors de sa campagne électorale, il avait heurté le pays communiste en l'accusant de vouloir "acheter le Brésil" et en se rendant à Taïwan. Comme Trump, il s'était également montré totalement opposé au multilatéralisme, à rebours du communiqué final des Brics publié jeudi.
Mais le gouvernement brésilien a vite compris qu'il était vital de préserver les relations avec le géant asiatique, débouché de près de 28% de ses exportations, notamment de soja, de viande et de minerai de fer. Mercredi, le président Bolsonaro avait déclaré que la Chine faisait "de plus en plus partie de l'avenir" du Brésil, et affiché sa volonté "non seulement d'augmenter, mais aussi de diversifier" les relations commerciales avec Pékin. Xi Jinping a évoqué pour sa part un "avenir prometteur" pour des relations commerciales entre la Chine et le Brésil, fondée sur "une confiance mutuelle accrue".