Taïwan : la pression de Pékin monte encore d'un cran après une livraison américaine d'armes à Taipei

Après avoir appris la vente de 300 millions de dollars d'armes américaines à Taipei, la Chine a affirmé ce lundi qu'elle prendra des « mesures de représailles à l'encontre des entreprises impliquées dans la vente ». Une menace qui intervient à quelques mois de l'élection présidentielle à Taïwan.
« La Chine prendra des mesures fermes et énergiques pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale », a insisté Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
« La Chine prendra des mesures fermes et énergiques pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale », a insisté Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. (Crédits : FLORENCE LO)

Les tensions montent encore d'un cran entre la Chine et les États-Unis après un énième rebondissement dans le dossier de Taïwan. Ce vendredi, Washington a annoncé avoir autorisé une vente d'équipements militaires défensifs à Taïwan, pour 300 millions de dollars. Objectif : renforcer les défenses de l'île.

En réponse, Pékin a fait planer des menaces ce lundi.

« Nous prendrons des mesures de représailles à l'encontre des entreprises impliquées dans la vente d'armes à Taïwan », a indiqué Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, invité à réagir lors d'un point presse. « La Chine prendra des mesures fermes et énergiques pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale », a insisté Wang Wenbin.

Le porte-parole n'a cependant pas précisé en quoi consisteraient ces mesures, ni donné de détails sur le calendrier ou les entreprises qui pourraient être visées.

Vives tensions militaires autour de Taïwan

Les tensions ne cessent d'augmenter ces derniers mois entre la Chine et Taïwan. Ce lundi, le ministère taïwanais de la Défense a affirmé que deux ballons chinois avaient franchi la veille la ligne médiane du détroit qui sépare l'île de la Chine continentale. Il s'agit donc du deuxième incident de ce type rapporté ce mois-ci. Les ballons chinois sont devenus un sujet politiquement sensible. En février dernier, les États-Unis en ont abattu un dans leur ciel, le qualifiant de « ballon espion ». Pékin avait affirmé qu'il s'agissait d'un simple dirigeable civil ayant dévié de sa trajectoire.

Lire aussiL'Union européenne exige un rééquilibrage des relations commerciales avec la Chine

Les autorités taïwanaises font état d'incursions quasi-quotidiennes d'appareils de l'armée chinoise, qui a mené l'an passé à d'importantes manœuvres militaires autour de l'île. En septembre, la Chine a envoyé 103 avions autour de Taïwan en l'espace de 24 heures, ce que Taipei a qualifié de « record récent ». Le ministère taïwanais avait alors mis en garde contre « ce harcèlement militaire continu de Pékin » susceptible de « conduire facilement à une forte escalade des tensions et menacer la sécurité régionale ».

Tensions grandissantes entre la Chine et les États-Unis

Si Pékin affiche une telle pression, c'est parce que la question taïwanaise est ultrasensible en Chine. Pékin revendique l'île de 23 millions d'habitants dirigée depuis 1949 par un régime rival, proche des États-Unis. Taïwan est un point de tension majeur entre les deux premières puissances économiques mondiales.

Mi-novembre, le président chinois avait même affirmé à Joe Biden, lors de la rencontre des deux présidents en marge du sommet des pays de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), qu'une réunification de l'île autonome, qui a le soutien militaire des États-Unis, était « inévitable ».

Ces nouvelles annonces interviennent au moment où Taïwan, considérée par Pékin comme une province, tient le mois prochain son élection présidentielle. L'île est d'ailleurs particulièrement en état d'alerte à l'approche des élections présidentielles en janvier prochain. Taipei et Washington mettent en garde Pékin contre toute ingérence dans le scrutin. L'élection présidentielle taïwanaise est observée de près à Pékin comme à Washington car son résultat pourrait déterminer l'avenir des relations entre l'île et la Chine.

Lire aussiTaiwan s'arme de nouveaux systèmes antichar américains face à la menace chinoise

Le 15 décembre, les États-Unis ont d'ailleurs appelé la Chine à ne pas s'« ingérer » dans l'élection présidentielle à Taïwan en janvier, incitant « toutes les parties à un comportement responsable ». « A l'approche du 13 janvier, nous escomptons et espérons vivement que ces élections seront exemptes d'intimidation, de coercition ou d'ingérence de la part de toutes les parties », a déclaré l'ambassadeur des États-Unis à Pékin, Nicholas Burns, faisant clairement allusion à la Chine. Ce dernier a dans le même temps assuré que « les États-Unis ne sont pas impliqués et ne seront pas impliqués dans ces élections. »

De leur côté, les autorités chinoises multiplient régulièrement les mises en garde contre toute décision des États-Unis perçue comme un soutien à une indépendance formelle de l'île. Si Washington reconnaît Pékin au détriment de Taipei depuis 1979, le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à Taïwan, dans le but affiché de dissuader la Chine de toute velléité expansionniste. En réponse, Pékin a placé sous sanctions en septembre les géants américains de l'industrie de la défense Lockheed Martin et Northrop Grumman pour des ventes d'armes à Taïwan.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 19/12/2023 à 8:20
Signaler
Taïwan c'est l’inverse de l’Ukraine à savoir un tout petit territoire avec une densité phénoménale d'habitants dessus. on y voit mal les chinois s'y lancer à l'abordage mais par contre cela fait un vecteur important de tension internationale.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.