Les Etats-Unis et Qatar prêts à geler 6 milliards de dollars iraniens

Plusieurs responsables politiques américains ont déclaré, ce vendredi à des médias, qu'ils seraient prêts à geler 6 milliards de dollars que les Etats-Unis devaient transférer à l'Iran et que cet argent « n'ira(it) nulle part de sitôt ». Les Etats-Unis soupçonnent, en effet, l'Iran d'avoir aidé le Hamas à organiser son attaque sur le sol iranien. Cette réponse risque d'augmenter les tensions entre les deux pays, et de peser sur les prix du pétrole.
« Nous avons un strict contrôle des fonds, et nous nous réservons le droit de les geler », a simplement répondu le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, interrogé par l'AFP lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv jeudi.
« Nous avons un strict contrôle des fonds, et nous nous réservons le droit de les geler », a simplement répondu le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, interrogé par l'AFP lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv jeudi. (Crédits : Reuters)

Les tensions dans le Golfe augmentent après l'attaque meurtrière du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre, ayant fait au moins 1.200 morts, en majorité des civils, et 150 otages. Au cœur des querelles diplomatiques, les Etats-Unis soupçonnent l'Iran d'avoir aidé le Hamas à préparer son attaque contre Israël, allié du gouvernement américain.

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En réponse, des responsables américains et qataris se seraient entendus pour empêcher l'Iran d'accéder à 6 milliards de dollars, qui avaient été bloqués par Washington.

« Nous avons un strict contrôle des fonds, et nous nous réservons le droit de les geler », a simplement répondu le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, interrogé par l'AFP lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv jeudi.

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Impossible selon l'Iran qui a affirmé, ce vendredi, que les Etats-Unis « ne peuvent pas revenir » sur l'accord de transfert. Pour rappel, début septembre, Washington avait, dans le cadre d'un accord conclu en août avec l'Iran sur un échange de prisonniers, débloqué 6 milliards de dollars de fonds iraniens destinés à de l'aide humanitaire, gelés en Corée du Sud. La somme avait alors été transférée vers des comptes détenus au Qatar.

L'Iran soupçonné d'avoir aidé le Hamas à préparer son attaque

Mais des craintes d'une utilisation de ces fonds pour aider le Hamas à planifier son attaque, ont émergé de l'opposition américaine.

Selon des informations du Wall Street Journal (WSJ), publiées dimanche, des officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique d'Iran ont travaillé depuis août avec le Hamas pour planifier les attaques menées samedi contre l'Etat hébreu. Téhéran aurait donné son feu vert à l'attaque lundi 2 octobre lors d'une réunion à Beyrouth, selon des hauts responsables du Hamas et du Hezbollah, le parti chiite basé au Liban et soutenu par l'Iran, cités par le WSJ.

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Pour les faucons américains, un tel engagement implique une réponse appropriée. « Si ce "11 septembre israélien" - au cours duquel des citoyens américains ont apparemment trouvé la mort - a été autorisé et planifié par le régime iranien, cela justifierait amplement le recours à la force militaire pour dissuader toute agression future », a résumé sur X (ex-Twitter) Lindsey Graham, sénateur conservateur de Caroline du Sud.

Les opposants républicains de Joe Biden jugent sa politique trop complaisante vis-à-vis de l'Iran. Un sénateur républicain, Rick Scott, a même estimé qu'en autorisant ce transfert d'argent, Joe Biden avait « financé » l'attaque du Hamas.

Officiellement cependant, l'Iran s'est bien placé en première ligne du soutien à l'offensive du Hamas, mais a rejeté toutes les accusations sur son implication.

Des fonds gelés, tant que les tensions entre les Etats-Unis et l'Iran ne s'apaisent pas

Reste que les soupçons ne sont pas levés pour la Maison Blanche qui a affirmé samedi que « pas un centime » n'avait été dépensé, et qu'il n'aurait pas pu servir au Hamas.

« Ce que je peux vous dire, c'est que chaque centime de cet argent se trouve toujours dans une banque au Qatar. Pas un seul centime n'a été dépensé », a assuré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche.

Le Washington Post précise que c'est le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo, qui a informé les démocrates de la Chambre des représentants de cette entente entre Etats-Unis et Qatar. Il leur aurait déclaré que l'argent « n'ira(it) nulle part de sitôt », ajoute le quotidien, citant cette fois le site Punchbowl. Interrogé par l'AFP, le département américain du Trésor n'a pas commenté.

Craintes sur le pétrole

Ces déclarations n'augurent rien de bon pour les relations diplomatiques au Moyen-Orient et pourraient, par ricochet, faire monter les prix du pétrole puisque la zone du Golfe Persique concentre 40% de l'offre mondiale de pétrole. Dès lundi 9 octobre, les prix du pétrole s'affichaient en hausse de 4% avec un baril de Brent à 88,16 dollars (83,4 euros) et un WTI à 86,27 dollars, avant de redescendre de quelques dollars en milieu de semaine pour reprendre de plus belle ce vendredi, à respectivement 89,24 dollars et 86,18 dollars à 12h heure de Paris suite aux nouvelles déclarations de l'Iran et des Etats-Unis.

D'autant que l'Iran représente un peu plus de 4% de la production mondiale de pétrole et 12% des réserves, il est difficile de se passer aujourd'hui de ces volumes sans faire flamber les cours du baril. Concernant le gaz en 2022, la république islamique a produit 259,4 milliards de m3, soit 6,4% de la production mondiale, ce qui le place comme troisième producteur derrière les Etats-Unis et la Russie.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 14/10/2023 à 9:03
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Mais pourquoi cela n'a pas été fait plus tôt bon sang !? A pleurer.

à écrit le 13/10/2023 à 18:10
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Le Qatar: un concurrent sérieux pour la Suisse.

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