Minée par l'inflation, la Russie maintient son taux directeur à… 16%

Compte tenu de l'inflation liée aux sanctions occidentales et d'une économie de guerre, la Banque centrale russe a choisi de maintenir son taux directeur à 16%. Malgré tout, l'économie russe tient le coup et devrait atteindre une croissance supérieure à la zone euro.
La Russie a maintenu son taux directeur à 16%, a annoncé la Banque centrale russe (BCR) ce vendredi.
La Russie a maintenu son taux directeur à 16%, a annoncé la Banque centrale russe (BCR) ce vendredi. (Crédits : DR)

Rongée par l'inflation, la Russie a maintenu son taux directeur à 16%, a annoncé la Banque centrale russe (BCR) ce vendredi. Une condition nécessaire, selon elle, pour faire baisser l'augmentation du niveau général des prix qui plombe toujours plus le pouvoir d'achat des Russes.

« Les pressions inflationnistes actuelles se sont atténuées par rapport aux mois d'automne, mais elles restent élevées », a justifié la BCR dans un communiqué, après que l'inflation a stagné en janvier à 7,4%, bien au-delà de la cible annoncée de 4%.

La BCR a ainsi reconnu qu'« à moyen terme, les risques d'inflation restent orientés à la hausse », expliquant vouloir « maintenir des conditions monétaires restrictives (...) pendant une longue période ».

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Cinq hausses consécutives

Mi-décembre, la BCR avait relevé son taux à 16%, la cinquième hausse consécutive depuis juillet 2023. À titre de comparaison, le taux directeur de la zone euro s'élève à 4%.

La flambée des prix reste une des principales préoccupations de la population russe, dont le pouvoir d'achat se retrouve plombé. Les entrepreneurs russes continuent, eux, d'être inquiets du coût croissant des investissements dans le pays. D'autant que les Russes restent fortement marqués par le souvenir de l'instabilité financière des années 1990, quand des millions de personnes ont vu leur épargne bancaire se volatiliser sous l'effet de la dévaluation du rouble et de l'inflation.

Lundi, le président Vladimir Poutine avait demandé au gouvernement d'accorder « une attention particulière » à « la maîtrise » de l'inflation, à un mois de la présidentielle qui doit le voir réélu au Kremlin au moins jusqu'en 2030. Depuis plusieurs mois, la Banque centrale russe (BCR) a déjà fait de la hausse des prix son cheval de bataille. Dans son communiqué, elle espère une inflation autour de « 4-4,5% » cette année.

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Economie de guerre

Plusieurs raisons viennent expliquer cette inflation soutenue. Ces derniers mois, le manque de main-d'œuvre, lié au départ de centaines de milliers de Russes au front ou à l'étranger, est notamment pointé du doigt. « Les pénuries de main-d'œuvre restent le principal obstacle à l'augmentation de la production » nationale, a d'ailleurs noté vendredi la BCR.

L'affaiblissement du rouble, des conditions de crédit souples et des dépenses fédérales en nette hausse ont également contribué à l'augmentation des prix. Les craintes de la BCR de voir l'inflation rester à des niveaux élevés se sont, qui plus est, renforcées avec une augmentation des dépenses de Défense faramineuses prévues par l'Etat en 2024. Ainsi, le Kremlin augmente cette année de 70% ses dépenses militaires. En sachant que le conflit en Ukraine pèse déjà fortement sur le budget, notamment en raison de l'explosion des commandes des militaires aux usines d'armements, du coût de la logistique et des salaires des centaines de milliers de nouvelles recrues dans l'armée.

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D'après un document du ministère des Finances consulté fin septembre dernier par l'AFP, les dépenses de Défense vont ainsi augmenter de 68% en 2024 par rapport à 2023 et atteindre 10.800 milliards de roubles (environ 106 milliards d'euros). Au global, la somme allouée à la Défense va représenter environ 30% des dépenses fédérales en 2024 et 6% du PIB, une première dans l'histoire moderne de la Russie.

Une croissance qui résiste

Mais malgré les sanctions occidentales, la croissance de la Russie se maintient. Après une contraction en 2022, le PIB russe a augmenté de 3,6% en 2023 d'après l'Institut statistique Rosstata. La croissance devrait même être meilleure que celle de l'Europe. Ainsi, d'après les prévisions du Fonds monétaire international, la Russie devrait enregistrer une croissance de 2,6% en 2024, alors que celle de la zone euro devrait à peine dépasser les 1%.

Près de deux ans après le début de la guerre en Ukraine, l'économie russe semble donc tenir le choc. Des chiffres qui servent la rhétorique du Kremlin. Vladimir Poutine martèle régulièrement que les sanctions échouent à mettre à genoux l'économie de son pays, même si ces chiffres sont à relativiser, car dopés par les dépenses militaires, comme évoqué précédemment.

Moscou parie également sur ses revenus pétroliers et les échanges commerciaux avec son voisin chinois, pour soutenir son économie. Les seconds ont atteint un niveau record en 2023 de 240,1 milliards de dollars de biens et services, en hausse de 26,3% sur un an, selon les douanes chinoises.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 18/02/2024 à 15:48
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D'où une supposition que l'inflation réelle est supérieure aux chiffres officiels.

à écrit le 16/02/2024 à 17:54
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L'économie russe est revenue au temps de l'URSS. Elle est donc sur de bons rails, et l'aventure va bien se terminer.

à écrit le 16/02/2024 à 17:50
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Le fait que le pouvoir russe (en mentant probablement) indique l'évolution de son économie, prouve bien que ces indicateurs n'ont ausun sens. Le résultat inclut, par exemple, l'explosif qui est contenu dans les obus utilisés en Ukraine. Difficile de ...

à écrit le 16/02/2024 à 17:45
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ben on voit bien qu'a ce niveau, le seul truc qui maintient l'economie russe, c'est la fabrication de materiel de guerre, parce qu avoir de la croissance avec des taux a 16%, ca ne vient pas de nulle part....mais ca ne dure qu'un temps

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