Russie : les exportations vers l'Europe s'effondrent, mais...bondissent vers l'Asie

Les sanctions occidentales ont significativement affecté les exportations de marchandises de la Russie vers l'Europe l'an passé. Elles ont accusé une chute de près de 70%. Néanmoins, le Kremlin s'est bien réorganisé en se tournant vers l'Asie, notamment la Chine, devenue son premier partenaire commercial.
Les exportations russes ont au global diminué de 28,3% par rapport à l'année 2022, selon les derniers chiffres des douanes russes.
Les exportations russes ont au global diminué de 28,3% par rapport à l'année 2022, selon les derniers chiffres des douanes russes. (Crédits : Reuters)

L'économie russe poursuit sa reconfiguration, sur fond de sanctions économiques provoquées par son invasion de l'Ukraine, il y a bientôt deux ans, le 24 février 2022. Selon les douanes russes, citées par l'agence de presse d'Etat Interfax, la Russie a connu en 2023 une dégringolade de ses exportations vers l'Europe, tout en poursuivant sa réorientation vers les marchés asiatiques.

Dans le détail, les exportations de marchandises de la Russie vers le Vieux continent l'an passé ont ainsi chuté de 68%, à 78,8 milliards d'euros. Au global, les exportations russes ont diminué de 28,3% par rapport à l'année 2022, selon les douanes russes. Cela illustre, selon les experts, les difficultés persistantes à remplacer ses anciens partenaires européens par de nouveaux clients en Asie, mais aussi en Afrique et en Amérique du Sud.

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La balance commerciale russe a, elle, atteint 130 milliards d'euros, en baisse de près de 60% par rapport à 2022, lorsque l'assaut russe en Ukraine avait fait exploser les prix mondiaux de l'énergie, manne financière vitale pour Moscou. A noter que ces derniers chiffres restent parcellaires, les douanes russes ayant arrêté de publier de nombreuses données - notamment la répartition précise par pays - dans la foulée du lancement de l'offensive en Ukraine.

La Chine désormais premier partenaire commercial de la Russie

Signe de ces changements en cours, l'an passé, les exportations russes vers l'Asie ont tout de même connu une hausse de 5,6% (à 284 milliards d'euros), tandis que les importations en provenance du continent asiatique ont augmenté de 29,2% (à 174 milliards d'euros), toujours selon les douanes russes.

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La Chine est donc devenue le principal partenaire économique de Moscou, échangeant ensemble pour un peu plus de 220 milliards d'euros en 2023. Un record, selon les douanes chinoises, qui ont communiqué mi-janvier. Pour la première fois de l'histoire, le montant de yuans conservés dans les banques russes fin 2023 a dépassé celui des dollars, d'après la Banque centrale russe.

Pas d'effondrement de l'économie russe

La Russie n'a pas vu son économie s'effondrer, comme le prédisaient de nombreux dirigeants et analystes occidentaux. Selon les derniers chiffres de l'institut statistique Rosstata, après une baisse de 1,2% l'an dernier, le produit intérieur brut russe a même renoué l'an dernier avec la croissance. Celui-ci a ainsi augmenté de 3,6%. Et malgré la hausse des dépenses fédérales (liées en partie à l'effort de guerre), le déficit public a été contenu à 1,9% du PIB, selon le ministère russe des Finances.

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Pour rappel, frappée par de lourdes sanctions occidentales depuis fin février 2022, l'économie russe a vu le marché européen se refermer partiellement. Des mesures qui ont surtout affecté les exportations de gaz naturel et de pétrole, manne financière décisive pour la Russie.

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Pour se relever de ce coup de massue, le Kremlin a largement redirigé ses exportations d'hydrocarbures vers d'autres pays, comme la Chine ou l'Inde, pour ne citer qu'eux. Et ce, malgré le fait que plusieurs banques et institutions financières russes ont été déconnectées du système bancaire international SWIFT, rendant difficiles les transferts d'argent depuis la Russie vers l'étranger.

La défense, nouveau moteur de l'économie russe

L'activité économique russe est désormais aussi largement tirée par un secteur, devenu prioritaire : la Défense. Les commandes militaires explosent, boostant la demande intérieure. Et cette dépendance aux investissements liés à l'armée risque de s'accroître encore plus en 2024, sachant que le gouvernement a acté l'envolée de près de 70% des dépenses de Défense, qui représenteront environ 30% des dépenses fédérales et 6% du PIB. Une première dans l'histoire moderne de la Russie.

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L'activité économique de la Russie a également été portée par des salaires réels en hausse, pour attirer les travailleurs dans les secteurs touchés par des pénuries. Plus d'un demi-million de Russes ont déjà rejoint l'industrie de Défense depuis 2022, selon le président Vladimir Poutine. Un chiffre qui illustre l'intensité de l'effort de guerre demandé par les autorités pour soutenir l'assaut en Ukraine, malgré son important coût humain et économique.

(Avec AFP)

Commentaires 20
à écrit le 13/02/2024 à 8:10
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c'est ce qui etait prevu!!! la chine devient le client le fournisseur et le financier de la russie exclue de swift........la grande russie se fait grignoter tranquillement, revanche des annees 50....l'inde n'achete plus de petrole, trop cher par ra^p...

le 13/02/2024 à 9:52
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@Churchill. Lisez le Wall street journal. Vous verrez alors vos affirmations contredites. L'economie russe ne s'est jamais aussi bien portee et reste independante de la Chine, les echanges se font en yuan et rouble. A parite s'il vous plait, de que...

le 13/02/2024 à 21:44
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@matins calmes - Une fois n'est pas coutume mais Churchill sur ce point a raison...malgré la gauche tolérante bienveillante etc...etc...etc...

à écrit le 12/02/2024 à 22:16
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Bravo

à écrit le 12/02/2024 à 22:15
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Bravo

à écrit le 12/02/2024 à 21:41
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Ce type d’économie de guerre ne dure pas.…les guerres ne durent jamais

à écrit le 12/02/2024 à 20:56
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Il faudrait informer Bruno Lemaire sur la performance économique de la Russie. Il reve d'avoir de meme chiffre pour la France. 1,9 % de déficit bubgetaire et 3,6 % de croissance pour la Russie, la France est à -4% et surtout à 0.0000000 % de croissan...

à écrit le 12/02/2024 à 19:05
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Poutine se met dans les mains de Xi jin Ping. Grand bien lui fasse. Les grosses mains Stalino communistes Chinoises ne sont pas les petites menottes democratiques europeennes. Le jour où elles décideront de serrer le cou de Poutine pour la simple r...

à écrit le 12/02/2024 à 18:28
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Donc les 70% que nous ne prenons plus en Russie, nous les prenons ou ? Dans un pays qui sert d'intermédiaire entre Russie et Europe ? Allez savoir...

à écrit le 12/02/2024 à 17:01
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[...malgré le fait que plusieurs banques et institutions financières russes ont été déconnectées du système bancaire international SWIFT, rendant difficiles les transferts d'argent depuis la Russie vers l'étranger...] Difficiles mais loin d'être impo...

le 12/02/2024 à 19:11
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@Raymond - A part les Chinois pour des produits Chinois...Qui sur la planète veut etre paye en Yuan? Poutine...parce qu'il n'a pas le choix. Un bon gros fil à la patte avec un nœud coulant sur lequel ne manquera pas de tirer Xi Jin Ping quand l'occa...

le 13/02/2024 à 9:24
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@Valbel89. Une "monnaie de singe" selon vous, mais qui tout de même est devenue la cinquième monnaie du panier des droits de tirages spéciaux (DTS) en 2016.

à écrit le 12/02/2024 à 16:51
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les chiffres montrent juste que l'apauvrisement des européens est la résultante de tout cela ! sachant que ce sont les européens qui n'ont pas respevté les accords de minsk, porochenko ayant lui même préparé son armée et continué les bombardements ...

à écrit le 12/02/2024 à 16:12
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C'est bien de faire la morale, mais il faut se rendre à l'évidence : les sanctions ne marchent pas. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? et comment peut faire l'Ukraine pour gagner cette guerre ?

le 12/02/2024 à 16:42
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@Asimon: "les exportations russes ont diminué de 28,3% par rapport à l'année 2022", êtes-vous sûr que les sanctions ne fonctionnent pas? En plus, il y a l'aspect des marges qui est encore plus important. Les ventes de gaz en Chine par gazoduc sont de...

le 12/02/2024 à 17:45
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@ ex-moscovite : c'est bien d'y croire encore, mais j'ai l'impression qu'il faut plus qu'un déluge d'obus pour faire reculer les Russes : on l'a déjà fait, et c'est comme les sanctions, ça ne marche pas.

le 12/02/2024 à 19:21
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@Asimon - Il ne s'agit pas de gagner la guerre, ni même de faire reculer les Russes du Donbass. Le but de l'opération est de faire en sorte que la Russie (de Poutine) s'effondre. Que la Fédération de Russie se disloque. C'est tout et ça va demander ...

à écrit le 12/02/2024 à 15:08
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Cette évolution, c'est "tant mieux". Tout ce qui attirera le regard de Poutine (et ses fantasmes) est le bienvenu. Qu'il nous oublie ! Et, comme d'hab' les media n'analysent pas. La Russie exporte (prix réduit) des ressources non renouvelables, en c...

le 12/02/2024 à 18:51
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Je vois qu'il y as toujours des gens qui demande plus de munitions, des avions(150-300 F16) mais qui va le piloter!?? Un F16 n'est pas ta Clio! Il n'y as pas 500 pilotes de F16 en toute Europe mais lui demande pour Ukraine... Des millions d'obuses.....

à écrit le 12/02/2024 à 14:38
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On constate que c'est là, que l'on voit la différence entre le mot "réforme" et "adaptation" !;-)

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