C'est le parfait serpent de mer européen. Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a annoncé ce lundi à Bercy le lancement d'une « mission dédiée à la relance de l'Union des marchés de capitaux sous la prochaine mandature européenne ».
Les experts européens planchent depuis plus de dix ans sur la création d'un marché unique des capitaux, pendant logique de la monnaie unique, alors même que l'Union bancaire peine à avancer depuis la mise place d'un superviseur européen unique, faute de grandes fusions paneuropéennes. Sauf que les enjeux deviennent si importants qu'ils pourraient donner un nouveau coup de fouet à la construction de ce marché européen des capitaux.
Le ministre a été clair, dans son discours, à l'occasion de la présentation de ses vœux à la presse, les financements considérables liés à la décarbonation de l'économie - entre 60 et 70 milliards d'euros par an, selon le rapport Pisani-Ferry et Mahfouz qui fait désormais référence - nécessitent de « mobiliser massivement l'épargne privée grâce à une véritable Union des marchés des capitaux ». Pour ce faire, il vient donc de charger Christian Noyer, gouverneur honoraire de la Banque de France, et ancien directeur du Trésor, le soin de proposer une méthode de travail pour faire avancer le dossier, en lien étroit avec les partenaires allemands.
Un chantier titanesque
Selon la Commission européenne, les investissements nécessaires de la transition énergétiques seraient de l'ordre de 620 milliards d'euros par an, soit 4% du PIB européen. « La transition verte nécessite des investissements sans précédent », avait souligné la Commission l'été dernier.
« Ma conviction est faite : nous devons mobiliser un groupe moteur d'Etats-membres pour faire avancer ce projet. Nous devons offrir la possibilité aux groupes financiers européens d'être supervisés sur une base européenne », a martelé Bruno Le Maire.
Ce qui suppose, selon le locataire de Bercy, la mise en œuvre d'une véritable « protection » des produits d'épargne européens.
Il serait donc temps de préparer cette union des capitaux, véritable angle mort de la construction européenne. La Belgique, qui assure la présidence de l'Union européenne depuis le 1er janvier, a fixé comme priorité d'achever les travaux en cours. Mais rien de concret ne peut sortir avant les élections européennes de juin 2024. Les choses sérieuses ne pourraient donc commencer que sous la nouvelle mandature européenne. C'est un chantier titanesque, tant les différences de réglementation, de culture, de langue, sont nombreuses pour créer un véritable marché unique sans frictions.
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