Multinationales et coronavirus : qui rit, qui pleure ?

Bien que la pandémie ait affecté lourdement l'économie au niveau mondial, certaines multinationales s'en sortent mieux que d'autres. Passage en revue des gagnants et des perdants en cette période de crise sanitaire.
Les multinationales de l'internet occupent la première place du podium parmi celles tirant leur épingle du jeu. En photo : Jeff Bezos, PDG d'Amazon.
Les multinationales de l'internet occupent la première place du podium parmi celles tirant leur épingle du jeu. En photo : Jeff Bezos, PDG d'Amazon. (Crédits : Reuters)

L'épidémie de coronavirus, qui va entraîner une sévère récession au niveau mondial, a touché de manière diverse les multinationales, avec des perdants mais aussi de grands gagnants, selon une étude du centre de recherche de la banque italienne Mediobanca.

Son analyse est basée sur les résultats du premier trimestre de plus de 150 entreprises ayant un chiffre d'affaires supérieur à trois milliards d'euros.

Les gagnants

  • Internet

Les multinationales de l'internet occupent la première place du podium parmi celles tirant leur épingle du jeu. Le chiffre d'affaires du secteur - dont Amazon représente plus d'un tiers - a bondi de 17,4% et son bénéfice net de 14,9%.

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"C'est un secteur qui a toujours crû beaucoup plus vite que les autres et il a maintenu cette vitesse", souligne le centre d'études de Mediobanca.

Durant l'épidémie, il a été tiré par les services cloud (+27,4%), indispensables pour le télétravail, les nouveaux abonnements (+26,5%) et le commerce en ligne (+22,8%). En revanche, naturellement, les ventes de voyages en ligne ont subi un coup de bambou.

Signe de leur bonne santé, la plupart des entreprises du secteur ont confirmé le versement de dividendes à leurs actionnaires ou les ont augmentés, avec une hausse moyenne de 11%.

  • La grande distribution

La pandémie, rappelle l'étude, a entraîné "une croissance sans précédent de la demande pour la grande distribution", avec un changement dans le type d'achats. Les ventes de produits alimentaires, d'hygiène et de santé ont crû, tandis que les produits jugés moins essentiels comme les vêtements ont enregistré une baisse.

En moyenne, le chiffre d'affaires du secteur (Carrefour, Woolworths...) a progressé de 9,1%, avec même une hausse de 40% pour le commerce en ligne de produits alimentaires en Europe, et son bénéfice net de 34,8%.

Les experts s'attendent à un ralentissement de cette croissance au deuxième trimestre, en raison des stocks réalisés quand l'épidémie a éclaté.

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  • Le secteur pharmaceutique

Le secteur a été tiré par la hausse des ventes d'antiviraux ou de médicaments destinés au système respiratoire, qui a compensé en partie la baisse de la demande pour d'autres médicaments du fait du moindre nombre d'opérations chirurgicales et de consultations médicales hors Covid-19.

Le chiffre d'affaires des multinationales (Bayer, Roche...) a progressé de 6,1%, tandis que le bénéfice net a bondi de 20,5%.

Les perspectives sont "positives", même si les stocks réalisés par précaution pourraient constituer un frein à la croissance.

Les autres gagnants

Autre gagnant, le secteur de l'électronique (+4,5%), entraîné par l'augmentation de plus de 20% des ventes de semi-conducteurs et micro-processeurs.

Les paiements électroniques (Visa, Mastercard...) ont connu une croissance de 4,7%, malgré la baisse des transferts d'argent et des voyages. Néanmoins, le bénéfice net du secteur a reculé de 17%.

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Les perdants

  • Le secteur pétrolier et de l'énergie

C'est le grand perdant: le secteur pétrolier et de l'énergie (BP, PetroChina...) a vu son chiffre d'affaires chuter de 15,9% et a essuyé des pertes nettes, en raison de l'effondrement des cours du brut.

Les multinationales, qui ont décidé de réduire en moyenne de 25% leurs investissements du fait de la crise, s'attendent à une année très difficile, avec une baisse des ventes autour de 30-40%, selon Mediobanca.

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  • La mode

"La mode a toujours été un secteur solide" mais avec l'épidémie, n'étant pas considérée comme de première nécessité et alors que de nombreux magasins étaient fermés, elle a subi une forte chute : -14,1% pour le chiffre d'affaires, malgré la hausse des ventes en ligne (+25%), et -92% pour le bénéfice net en moyenne pour ce secteur (LVMH, EssilorLuxottica, Adidas...).

Certaines catégories ont souffert davantage, comme la bijouterie, tandis que la lunetterie a mieux résisté.

  • Les transports

L'épidémie a donné un coup d'arrêt au secteur: l'industrie automobile (Ford, Volkswagen...) a vu ses ventes chuter de 9,1% et son bénéfice net de 92,4%. Pour les constructeurs d'avions, l'épidémie est synonyme de pertes nettes et de revenus en baisse de 22,1%.

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La plupart des entreprises ont annulé ou réduit les dividendes, diminué leurs investissements et leurs dépenses en recherche et développement.

  • Les télécoms

Le chiffre d'affaires des télécoms (China Mobile, Verizon...) a reculé de 2,6%, tandis que son bénéfice net s'est effondré de 20,4%, du fait surtout de taux de change défavorables.

"Si le trafic en volume a augmenté [...] cela n'a pas entraîné de hausse du chiffre d'affaires parce que souvent ces entreprises offrent des forfaits", souligne le centre d'études, qui évoque néanmoins une possible "reprise".

Commentaires 3
à écrit le 13/05/2020 à 8:31
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Amazon France paie des impôts en France. Évidemment tout comme les autres grands groupes français elle négocie et profite de certaines déductions fiscales. Augmenter les taxes ne sert à rien. Nous avons besoin maintenant de reconstruire notre indust...

à écrit le 12/05/2020 à 23:36
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Cette société ne paye quasiment aucun impôt en France. Que fait l’état français pour la faire plier ou l’interdire d’exercer. Il s’agit simplement de courage politique. Quand tout le monde sait que Mr Macron a laissé Alstom aux américains, alors que...

à écrit le 12/05/2020 à 21:50
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Cet article aurait aussi bien pu s'appeler : "Qui a été utile et qui a été inutile pendant le confinement ?.

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