Nucléaire : les péripéties de l’EPR finlandais Olkiluoto-3 continuent

Le réacteur nucléaire EPR finlandais Olkiluoto-3 a été déconnecté du réseau lundi après un problème de turbine, a annoncé l'exploitant de la centrale, plombée par les retards et les déboires.
L'EPR finlandais Olkiluoto-3 a été déconnecté ce lundi du réseau après un problème de turbine.
L'EPR finlandais Olkiluoto-3 a été déconnecté ce lundi du réseau après un problème de turbine. (Crédits : Reuters Staff)

Nouveau problème pour l'EPR finlandais Olkiluoto-3. Ce lundi, il a été déconnecté du réseau après un problème de turbine, selon TVO, l'exploitant finlandais de cette centrale construite par le consortium Areva-Siemens.

« Le réacteur a été déconnecté du réseau de façon imprévue vers midi (09H00 GMT) en conséquence d'un problème côté turbine », a déclaré à l'AFP une porte-parole de TVO. Le problème est survenu au lendemain de la reprise des essais de production, qui suivait des travaux d'automatisation. D'une puissance de 1.650 mégawatts, la turbine d'une qui produit de l'électricité grâce à la vapeur du réacteur, se trouve dans la partie non-nucléaire du site.

« La centrale est complètement sûre. Mais elle n'injecte actuellement pas d'électricité dans le réseau », selon TVO.

Douze ans de retard

Après douze ans de retard, le réacteur avait été démarré en mars. La mise en service normale à pleine puissance est prévue après une période d'essais qui a elle aussi pris du retard. En juin, TVO avait repoussé à décembre la date de production normale. Celle-ci est très suivie en Finlande, où la centrale doit faciliter un hiver qui s'annonce tendu sur les réseaux électriques européens du fait de la crise énergétique actuelle. Selon TVO, la cause exacte de la panne n'a pas été identifiée.

« Quand nous trouverons, nous saurons si c'est un problème provisoire ou si c'est quelque chose qui doit être réparé », selon la porte-parole Johanna Aho. La responsable n'a pas su dire quel serait l'impact sur la date de lancement, déjà décalée deux fois depuis avril.

Avec une puissance installée de 1.650 mégawatts (MW), cet EPR est appelé à devenir l'un des plus puissants réacteurs d'Europe. Une fois mis en service, il fournira alors à la Finlande pas moins de 14% de son électricité, en complétant la production nucléaire des deux autres centrales du pays déjà en service, à Olkiluoto et à Loviisa, sur la côte ouest du pays. Ces installations produisent déjà environ 30% de l'électricité nationale.

Pour le chantier d'Olkiluoto-3, débuté en 2004, il faut s'armer de patience. Car en Finlande comme ailleurs, la construction des EPR est marquée par de nombreux glissements de calendrier et dérapages financiers. Le seul en construction dans l'Hexagone, à Flamanville (Manche), doit entrer en service en 2023, avec onze ans de retard et un budget multiplié par presque quatre (de 3,3 à 12,7 milliards d'euros hors coûts de financement). Quant à l'EPR d'Hinkley Point, dans le sud de l'Angleterre, le début de la production d'électricité a été repoussée à 2027. Enfin, à Taishan (Chine), l'EPR à l'arrêt depuis un an a été remis en service cet été.

Tensions entre TVO, Areva et la Stuk

D'origine franco-allemande, ces réacteurs achetés en Europe après la catastrophe de Tchernobyl devaient pourtant devenir le fer de lance de la filière atomique, et redynamiser une filière en perte de vitesse. De fait, ceux-ci offrent une puissance plus importante et une meilleure sécurité que les installations de deuxième génération, qui constituent le parc actuel. Mais entre défauts de soudure, anomalies sur la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve et problèmes de fournisseurs, l'image de l'EPR s'est peu à peu écornée.

Dans le cas d'Olkiluoto, ces déconvenues ont même entraîné de longues et vives tensions entre TVO, Areva et l'autorité finlandaise du nucléaire, la Stuk. TVO avait signé en mars 2019 un accord pour mettre fin au contentieux, prévoyant qu'une indemnisation de 450 millions d'euros lui soit versée. Le Covid-19 avait à son tour provoqué de nouveaux retards sur le chantier finlandais.

Un retour en grâce de l'atome civil

Il n'empêche que, si les problèmes de l'EPR puis la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, ont freiné les espoirs d'une « renaissance », l'énergie nucléaire, qui émet peu de CO2, voit ses perspectives s'améliorer de nouveau. Signe d'une conjoncture plus favorable, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a relevé cette année ses projections pour la première fois depuis Fukushima, prévoyant désormais un doublement de la puissance nucléaire installée d'ici à 2050 dans le scénario le plus favorable.

De son côté, Bruxelles a accordé à l'atome civil le « label vert », pour permettre à ses opérateurs de bénéficier de conditions de financement aussi favorables que ceux accordés pour développer les énergies renouvelables, même si les conditions sont nombreuses. Une situation sur laquelle compte surfer EDF.

Enfin, en France, Emmanuel Macron a récemment annoncé son intention de construire pas moins de 14 EPR sur le sol national, dont huit posés en option sur le plus long terme, afin d'assurer le renouvellement du mix électrique d'ici à 2050. De quoi donner de la visibilité à la filière, qui attendait de longue date cette nouvelle impulsion.

Lire aussiDu fioul plutôt que du nucléaire pour produire de l'électricité en temps de canicule : un choix qui interpelle

Commentaires 6
à écrit le 11/09/2022 à 11:13
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Ah ah Une histoire de fraude et de dissimulation sur la sureté chez Kepco

à écrit le 03/09/2022 à 16:12
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vous avez dit les meilleurs ingénieurs du monde ? (recrutement dans les pochettes surprises?)

à écrit le 31/08/2022 à 0:22
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Article à peine écrit et déjà obsolète ! L'épreuve est revenu sur le réseau après une panne d'à peine quelques heures, provoquée par un capteur associé à la turbine. C'est une installation d'une grande complexité qui est mise en service pour la 1ère ...

à écrit le 30/08/2022 à 16:31
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Cette fois-ci , c'est une problème allemand : la turbine est fournie par Siemens. Qualité allemande.

à écrit le 29/08/2022 à 20:31
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Je serais curieux de connaître les frais de pénalité d indemnisation que Areva doit payer?

à écrit le 29/08/2022 à 19:25
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Ici en Corée du Sud il n'y a aucun probleme avec des reacteurs nucleaires

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