Pour la Chine, rien ne pourra empêcher la réunification avec Taïwan, pas même « les ingérences » des Etats-Unis

Alors que les relations entre la Chine et Taïwan sont plus que tendues, le président chinois Xi Jinping a reçu ce mercredi à Pékin l'ancien président taïwanais Ma Ying-jeou, partisan d’un apaisement entre les deux pays. Le dirigeant chinois s’est affiché serein sur le fait que les deux pays seront un jour réunis. L'occasion pour Pékin de pointer du doigt « les ingérences extérieures », visant ainsi les Etats-Unis accusés de s'immiscer dans les relations sino-taïwanaises.
La Chine est convaincue que son avenir s’écrira en commun avec celui de Taïwan, dont elle veut prendre le contrôle un jour.
La Chine est convaincue que son avenir s’écrira en commun avec celui de Taïwan, dont elle veut prendre le contrôle un jour. (Crédits : FLORENCE LO)

Leur dernière rencontre remontait à 2015 à Singapour. Le président chinois Xi Jinping et l'ancien président taïwanais Ma Ying-jeou se sont de nouveau retrouvés ce mercredi. Cette fois à Pékin, comme l'a indiqué la chaîne de télévision d'État CCTV.

L'ex-dirigeant taïwanais, qui a effectué deux mandats de 2008 à 2016, a entamé le 1er avril un voyage en Chine qu'il a qualifié de « voyage de la paix » afin d'apaiser les tensions avec Pékin. Avant son départ, il a, en effet, indiqué que son déplacement visait à « diminuer l'hostilité » et créer un climat plus favorable à la « bonne volonté » avec Pékin. Il est accompagné d'une délégation d'une vingtaine d'étudiants taïwanais et s'est rendu, lors de ce périple, dans des entreprises technologiques, des universités et des lieux historiques de la Chine.

Fervent partisan de bonnes relations avec la Chine

Durant ses mandats, Ma Ying-jeou a œuvré à l'amélioration des rapports entre Pékin et Taipei. Il est issu du parti Kuomintang, historiquement plus ouvert à un dialogue avec Pékin.

Mais les relations entre les deux pays se sont tendues à son départ de la présidence de l'île. Car sa successeure, Tsai Ing-wen, n'a cessé de clamer que celle-ci est déjà indépendante. Or, la Chine considère Taïwan comme l'une de ses provinces, bien qu'elle n'exerce aucune souveraineté sur ce territoire insulaire de 23 millions d'habitants et ses îles adjacentes, et veut en prendre le contrôle un jour, par la force si nécessaire. L'élection au pouvoir en janvier dernier du vice-président sortant, Lai Ching-te, qui est sur la même ligne que Tsai Ing-wen, ne risque pas d'apaiser la situation. Avant même sa prise de fonction, qui aura lieu en mai, Pékin l'a d'ailleurs qualifié de « dangereux séparatiste ».

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Climat de tension

Preuve de la tension accrue entre ces deux pays, la Chine a renforcé ces dernières années sa pression militaire et déployé quasi-quotidiennement des avions de combat ainsi que des navires de guerre autour de Taïwan. 30 avions militaires chinois ont ainsi été détectés le 3 avril autour de Taïwan en l'espace de 24 heures, selon le ministère de la Défense de l'île, soit l'un des déploiements les plus importants cette année. Le record a été enregistré le 22 mars, avec 36 avions de guerre chinois repérés autour de l'île sur une période de 24 heures. La recrudescence des incursions d'appareils chinois s'inscrit dans ce que les experts appellent la stratégie de la « zone grise », c'est-à-dire des actions d'intimidation qui ne vont pas jusqu'à des actes de guerre à proprement parler.

De son côté, Taïwan a, notamment, procédé, fin mars, à un essai de défense aérienne en déployant des missiles Patriot de fabrication américaine et des systèmes de défense anti-aérienne. « Face aux fréquentes intrusions d'avions et de navires de l'Armée populaire de libération dans l'espace aérien et les eaux entourant Taïwan, l'armée de l'air continuera à renforcer l'intensité des exercices afin de répondre aux menaces potentielles », a indiqué le ministère de la Défense de l'île.

Les Etats-Unis accusés d'ingérence

La Chine reste néanmoins convaincue que l'avenir des deux pays s'écrira en commun, a assuré son président à Ma Ying-jeou à l'occasion de sa visite. « Les différences entre nos systèmes (politiques) ne peuvent changer le fait objectif que nous appartenons au même pays et à la même nation », a-t-il assuré, selon une vidéo diffusée par la chaîne taïwanaise TVBS. « Les ingérences extérieures ne pourront pas empêcher la grande cause historique de notre réunion », a-t-il souligné.

Pékin reproche aux États-Unis de s'immiscer dans ses relations avec Taïwan. Car, si les Américains ne réclament pas l'indépendance de Taïwan, ils lui fournissent un appui militaire et s'opposent à tout changement du statu quo par la force. La semaine dernière encore, le président américain Joe Biden a réclamé « la paix et la stabilité » autour de l'île, au cours d'un entretien téléphonique avec son homologue chinois Xi Jinping. De quoi irriter le président chinois. « La question de Taïwan est la première ligne rouge infranchissable dans les relations sino-américaines », a-t-il mis en garde, selon des propos rapportés par l'agence de presse officielle Xinhua.

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(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 11/04/2024 à 9:07
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Une "réunification" même si les intéressés y sont opposés ? Ça ferait 'coup de force', comment nommer ça 'réunification' ??

à écrit le 10/04/2024 à 23:18
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C'est très bien ! Vive Monsieur XI .

à écrit le 10/04/2024 à 19:33
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Et ils pensent quoi les Taiwanais? J'ai fait une escale de 24h à Pékin....et plus jamais. Police omniprésente, gens suspicieux et bruyants , google et whatsapp censurés, gens mal élevés, tout le contraire des Taiwanais... et j'oublie le retour des c...

le 11/04/2024 à 12:37
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pour moi qui suis un vieux parisien, c'est pareil et pas seulement le temps d'une escale, tous les jours...

à écrit le 10/04/2024 à 15:18
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Ils ont raison. Plus les américains perdent de leur domination, plus ils veulent provoquer des ingérences à l'autre bout de la planète. Comme d'hab

le 10/04/2024 à 16:26
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@David Cohen - Pourquoi un pays de 25 millions d'habitants n'aurait il pas droit à l'autodétermination. 25 millions d'habitants, c'est la population de l'Australie! 10 millions c'est la population d'Israël....qui était quasiment nulle en 1948.

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