Pour le FMI l'économie mondiale est plus solide qu'espéré malgré une « décennie atone et décevante »

La directrice générale du Fonds monétaire international(FMI), Kristalina Georgieva s'est réjouie, jeudi, de la « résilience de l'économie mondiale », met à tout de même appelé à relancer au plus vite l'activité économique mondiale, notamment en s'assurant que l'inflation soit bien juguler. Un message indirect à la Banque centrale européenne qui envisage de baisser ses taux directeurs dès juin.
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI.
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI. (Crédits : Carla Carniel)

Le Fonds monétaire international (FMI) est rassuré. Dans son traditionnel discours de lever de rideau des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale (BM), qui débuteront mardi prochain et s'étendront toute la semaine, sa présidente, Kristalina Georgieva s'est félicitée de voir « l'économie mondiale (être) relativement plus solide » qu'espéré, en particulier « grâce à l'activité robuste aux Etats-Unis et dans plusieurs économies émergentes ».

Un discours rassurant, qui rappelle celui de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Selon les prévisions annuelles de cette dernière, publiées ce mercredi, la croissance en volume (corrigée de l'inflation) du commerce mondial des marchandises devrait être de 2,6% en 2024 (contre une prévision de 3,3% en octobre) et de 3,3% en 2025, après avoir baissé de 1,2% l'an dernier. « Nous progressons vers une reprise du commerce mondial, grâce à des chaînes d'approvisionnement résilientes et à un cadre commercial multilatéral solide », a commenté, mercredi, la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala. Le rapport estime en outre que la croissance du PIB mondial restera stable dans l'ensemble au cours des deux années à venir, devant atteindre 2,6% en 2024 et 2,7% en 2025.

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Relancer l'économie mondiale

De son côté, le FMI a tout de même mis en garde contre une solidité économique qui reste relative, puisqu'elle s'inscrit malgré tout dans une « décennie atone et décevante », avec une moyenne de croissance de moyen terme tout juste supérieure à 3%, que la patronne du Fonds appelle à surnommer « les Tièdes Vingtaines », si rien n'est fait pour « en corriger la tendance ». Sans compter que, au-delà de cette longue traîne négative, l'économie mondiale continue à se remettre des effets de la pandémie de Covid-19, qui lui a coûté 3.300 milliards de dollars, a rappelé la dirigeante du FMI, « dont une bonne part est portée par les pays les plus pauvres, renforçant la divergence entre les économies ».

Parmi les pays où les efforts sont les plus importants, Kristalina Georgieva a cité la Chine, assurant que « les responsables chinois le savent ». « La Chine a pris des mesures concernant les problèmes de son secteur immobilier mais ils peuvent faire plus », a-t-elle énuméré. « Elle doit renforcer sa demande intérieure, notamment en renforçant la protection sociale, et aller au bout de ses réformes, notamment sur la dette des gouvernements locaux ».

Afin de parvenir à relancer l'économie mondiale, il est nécessaire de mettre en place « les bonnes politiques », notamment en combattant « l'inflation et la dette, promouvant la transformation de l'économie pour accélérer la productivité, l'inclusion et la croissance durable ».

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Ne pas baisser les taux directeurs trop tôt

Si Kristalina Georgieva estime que beaucoup a été réalisé sur le front de l'inflation, « grâce aux bons choix » en termes de politique monétaire de la part « des banquiers centraux », du chemin reste à faire et ces derniers doivent « calibrer leurs décisions en se basant sur les données disponibles », avant de décider de baisser ou non les taux.

« Les décideurs doivent résister aux appels à abaisser trop tôt les taux d'intérêt. Une baisse prématurée pourrait entraîner de nouvelles surprises en termes d'inflation qui demanderaient alors plus de resserrement politique. Mais attendre trop longtemps pourrait refroidir l'activité économique », a souligné Kristalina Georgieva.

Une réponse directe au discours de la Banque centrale européenne qui a maintenu ses taux entre 4% et 4,75%, mais a laissé entrevoir une première baisse de ses taux en juin.

Sa présidente, Christine Lagarde a, en effet, annoncé jeudi, pour la première fois lors d'une conférence post-réunion, que « si l'évaluation actualisée par le Conseil des gouverneurs (...) devait renforcer encore sa confiance dans la convergence durable de l'inflation vers l'objectif, il serait approprié de réduire le niveau actuel de restriction de la politique monétaire. » Elle a même évoqué le mois de juin, expliquant « que nous aurons plus d'informations », à ce moment-là, confirmant le pari de nombreux analystes sur une première baisse en juin.

Les Etats doivent diminuer leur dette

Après les banques centrales, la directrice générale du FMI a mis en garde les Etats. Elle les a de nouveau appelées à « reconstruire leurs coussins budgétaires », largement mis à contribution avec la succession de crises depuis 2020.

Car la hausse des taux d'intérêt a un impact sur le coût de la dette pour les Etats, une charge qui représentera « en moyenne environ 5% des revenus des gouvernements cette année » pour les économies avancées, hors Etats-Unis, et « près de 14% de leurs revenus » pour les pays les plus pauvres. La France a notamment observé l'an dernier un dérapage de son déficit public, qui s'est affiché à 5,5% du PIB au lieu de 4,9% prévu. Bercy table maintenant sur un déficit de 5,1% cette année (contre 4,4% prévu), de 4,1% en 2025 et de 3,6% 2026.

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Pour ces Etats endettés, parmi lesquels un certain nombre de pays sont en situation de crise de la dette, « la restructuration est nécessaire. Le Cadre commun du G20 (pour la renégociation de la dette des pays en détresse, ndlr) peut aider », mais le dossier sera de nouveau au menu des réunions de printemps, a souligné Kristalina Georgieva.

Ne pas négliger la transition écologique

Malgré les contraintes budgétaires et en termes de taux, les Etats doivent dans le même temps « mettre en place des politiques pour relancer la croissance », en encourageant « la transformation économique » en particulier en accélérant « la transition écologique et numérique ».

« La transition écologique, en particulier, est importante. La vitesse d'exécution aura une conséquence énorme sur notre capacité à réduire les risques climatiques. Mais pivoter vers une économie qui soit positive pour le climat va au-delà des risques: cela offre d'immenses opportunités en termes d'investissements, de travail et de croissance », a rappelé la patronne du Fonds monétaire international.

Kristalina Georgieva candidate à sa réélection

Kristalina Georgieva doit terminer son mandat fin septembre, mais a été proposée comme candidate à sa propre succession par les Etats européens, seule candidate proposée par un Etat membre.

Le processus de désignation du nouveau dirigeant du FMI, lancé en mars, devrait s'achever d'ici la fin du mois, potentiellement même durant cette semaine de réunion de printemps, sans grand suspense.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 13/04/2024 à 8:32
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Et bla bla bla et bla bla bla... 550000 dollars par an.

à écrit le 12/04/2024 à 11:56
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Puisque tout le monde semble vouloir se focaliser uniquement sur les perturbations des chaînes d'approvisionnements (au sein de nos économies globalisées poursuivant à corps perdu les mécanismes - et les affres - des politiques de l'offre) pour justi...

à écrit le 12/04/2024 à 10:43
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prix garanti, achat sans rationalité économique, l'économie de guerre dans laquelle nous sommes permet simplement de cacher le réel, du coup ce que l'on peut voir c'est surtout que l'économie n'est plus qu'une question de fonctionnement économique ! ...

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