Présidentielle américaine : l'Iowa, là où tout recommence pour Joe Biden

CHRONIQUE LE MONDE À L'ENDROIT - Les caucus de l'Iowa ne sont que la première case du jeu de l'oie menant jusqu'à la Maison-Blanche. Si Trump l'emporte demain, cette bataille n'est rien à côté de la guerre de revanche qu'il fomente.
François Clemenceau
François Clemenceau (Crédits : © DR)

Autant le dire sans détour, Donald Trump devrait, sauf coup de théâtre, remporter demain soir les caucus républicains de l'Iowa qui donneront le coup d'envoi officiel de la campagne présidentielle américaine. Avec 30 points d'avance dans les sondages effectués dans ce petit État du Midwest, l'ex-président considère que l'affaire est jouée. Il s'y est déplacé bien moins que ses deux concurrents principaux, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, et l'ex-gouverneure de Caroline du Sud Nikki Haley. Il a même refusé depuis cet été de débattre avec eux à la télévision, ce qui devrait être considéré par les électeurs du Grand Old Party comme une marque de mépris vis-à-vis du Parti républicain dont il se veut pourtant le parrain.

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Mais la base électorale de Donald Trump n'a cure de ce genre de détails. Aimantés à son désir absolu de revanche, les conservateurs de l'Iowa s'apprêtent à lui donner un score deux fois supérieur à celui obtenu en 2016 lorsqu'il fut battu par le Texan Ted Cruz. À l'époque pourtant, la majorité des sondages tout au long de l'année précédente l'avaient donné en tête. Les électeurs des caucus de l'Iowa ont historiquement tendance à choisir les candidats les plus radicaux de leur parti. C'est ainsi qu'en 2012 le catholique ultraconservateur Rick Santorum l'avait emporté avant d'être dépassé plus tard dans la saison des primaires par Mitt Romney. Idem avec le pasteur Mike Huckabee en 2008, battu finalement par John McCain. Seul le gouverneur texan George W. Bush en 2000 avait remporté l'Iowa en janvier et maintenu son avance jusqu'à la Convention estivale de Philadelphie.

Le plus intéressant demain ne sera donc pas la victoire prévue de Donald Trump mais sa marge par rapport à celui ou celle qui décrochera la deuxième place. Tout au long du premier semestre 2022, beaucoup a été dit sur Ron DeSantis, ses 45 ans, son image de leader énergique, son antiwokisme et sa détermination à offrir aux Américains un autre visage de la droite américaine que celui de Donald Trump. Très longtemps deuxième, il pourrait reculer d'une case demain au profit de Nikki Haley, 51 ans, ancienne ambassadrice de Donald Trump à l'ONU. Sondée à 4 % auprès des républicains de l'Iowa en août, elle est aujourd'hui à près de 17 %. Jusqu'à présent, DeSantis et Haley se sont battus l'un contre l'autre pour conquérir cette position de premier rival de Donald Trump. C'est ainsi que dans l'Iowa le gouverneur de Floride a dépensé en tout près de 8 millions de dollars en publicités négatives contre sa concurrente, quinze fois plus que contre Trump. De son côté, Haley a acheté pour 10 millions de dollars de spots négatifs contre DeSantis mais pour un million et demi tout de même de pubs anti-Trump. En Amérique, comme souvent, « follow the money » - suivre la piste des financements - permet de mieux comprendre. Nikki Haley dispose aujourd'hui d'un trésor de guerre presque illimité depuis que les frères Koch lui ont ouvert leurs coffres. Dans un mémo publié en novembre par les responsables de leur comité de financement politique, il est indiqué que si Nikki Haley était investie par les républicains en 2024, sa campagne permettrait de « booster » également de nombreux autres candidats républicains en campagne pour le Congrès, ce qui créerait un « contraste très net » avec les précédents scrutins, pollués par « les affaires néfastes » de Donald Trump.

Selon le mémo, seule Haley est capable d'attirer « les électeurs indépendants et modérés que Trump n'a plus aucune chance de convaincre ».

Le plus intéressant ne sera pas la victoire attendue de Trump mais sa marge par rapport au deuxième

Et Joe Biden ? Pas facile pour un président sortant qui n'a pas d'opposant à affronter en interne de démarrer frontalement sans savoir qui sera son adversaire après l'été. Le démocrate a pourtant lancé son premier clip vidéo de campagne dans les États qu'il a eu du mal à faire basculer en sa faveur en 2020. Très axé sur la bataille des valeurs face à l'extrémisme de Trump, ce choix est critiqué. « Je suis touché par l'argument de la préservation de "l'âme de l'Amérique", mais je suis aussi conscient que les Américains affrontent d'autres défis dans leur vie quotidienne, taclait vendredi auprès du site Politico David Axelrod, l'architecte des deux victoires de Barack Obama en 2008 et 2012. Je ne suis pas sûr qu'ils s'assoient le soir autour de la table de la cuisine en dissertant sur ce que les pères fondateurs de notre nation souhaitaient construire pour notre pays. » Autrement dit, il serait peut-être bon pour Trump d'avoir un programme et pour Biden de faire briller un bilan.

Commentaire 1
à écrit le 14/01/2024 à 9:59
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"Avec 30 points d'avance" C'est une différence énorme.

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