Risque de crise alimentaire mondiale : Washington accuse Moscou d’utiliser la nourriture comme une arme

La baisse des exportations de céréales venant d'Ukraine, de Russie ou encore d'Inde fait planer le risque d'une crise alimentaire mondiale. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a accusé ce jeudi la Russie de se servir de la nourriture comme d'une arme en Ukraine, en prenant "en otage" les livraisons alimentaires destinées à des millions d'Ukrainiens mais aussi à des millions de personnes dans le monde dépendantes des exportations du pays.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a accusé Moscou de se servir de la nourriture comme d'une arme en Ukraine.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a accusé Moscou de se servir de la nourriture comme d'une arme en Ukraine. (Crédits : POOL)

Se dirige-t-on vers une crise alimentaire mondiale ? Alors que les exportations ukrainiennes ont considérablement diminué, l'Inde, qui aurait pu pallier ce manque, a annoncé il y a peu un embargo sur ses propres exportations afin d'assurer l'approvisionnement de sa propre population. Sans attendre, les prix des denrées telles que le blé, le maïs, mais aussi les huiles de cuisson ont grimpé en flèche, atteignant des sommets. De son côté, la Banque mondiale a annoncé, mercredi, qu'elle mettrait 30 milliards de dollars (28,6 milliards d'euros) à disposition pour aider à soutenir la sécurité alimentaire.

Mais à qui la faute ? C'est celle de la Russie, a assuré ce jeudi Antony Blinken. Le secrétaire d'Etat américain a accusé Moscou de se servir de la nourriture comme d'une arme en Ukraine, en prenant "en otage" les livraisons alimentaires destinées à des millions d'Ukrainiens, mais aussi à des millions de personnes dans le monde dépendantes des exportations du pays. "Le gouvernement russe semble penser qu'utiliser la nourriture comme une arme va aider à accomplir ce que l'invasion n'a pas fait - briser le moral du peuple ukrainien", a dit Antony Blinken. "L'approvisionnement alimentaire pour des millions d'Ukrainiens et des millions de personnes supplémentaires à travers le monde a quasi-littéralement été pris en otage par l'armée russe", a-t-il ajouté.

Débloquer les ports ukrainiens

S'exprimant devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le chef de la diplomatie américaine a exhorté la Russie à mettre fin au blocage des ports ukrainiens. Avant le début de l'offensive militaire russe, 90% des exportations de céréales et d'oléagineux transitaient par les ports ukrainiens de la mer noire, une voie désormais impraticable. Or, dans ces ports fermés en raison d'un blocage de la marine russe, des millions de tonnes de céréales attendent de pouvoir être acheminées. "En ce moment, les silos à grains de l'Ukraine sont pleins. Dans le même temps, 44 millions de personnes dans le monde se dirigent vers la famine. Nous devons ouvrir ces ports pour que la nourriture puisse entrer et sortir d'Ukraine. Le monde l'exige, car des centaines de millions de personnes dans le monde dépendent de ces approvisionnements", alertait il y a peu le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, David Beasley sur CNN. Un message martelé de nouveau par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, ce mercredi. "La Russie doit permettre l'exportation sûre et sécurisée des céréales stockées dans les ports ukrainiens", a-t-il exhorté ajoutant que "des voies de transport alternatives" à la sortie maritime de ces céréales, remplissant notamment des silos à Odessa, "peuvent être explorées - même si nous savons que cela ne suffira pas à résoudre le problème".

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Ajouté à cela, une production en baisse du fait de la guerre, mais aussi de la sécheresse que connaissent actuellement de nombreux pays producteurs, les exportations se sont effondrées de plus de moitié depuis le début du mois de mai par rapport à l'an dernier, selon les statistiques publiées le 12 mai par le ministère de l'Agriculture. Elles sont revenues à moins de 300.000 tonnes contre 667.000 tonnes à la même période en mai 2021. Avant le 24 février, date du début de l'offensive russe, le pays exportait jusqu'à six millions de tonnes de céréales par mois.

En Russie, se sont notamment les exportations d'engrais qui manquent à l'appel. Bien que ces produits ne soient pas frappé par les sanctions occidentales, Moscou a décidé d'arrêter de fournir les autres pays.

La Russie rejette la faute sur l'Occident

La Russie ne tient toutefois pas à être tenue responsable de la situation. "La principale cause de la faim dans le monde qui aura lieu cette année, ce sont les mesures économiques irréfléchies des États-Unis, de l'UE", s'est ainsi justifié le kremlin, faisant référence aux sanctions qui frappent la Russie, minant ses capacités d'exportations. Le conseiller au Kremlin, Maxim Orechkine, a toutefois assuré que Vladimir Poutine avait préparé le pays aux conséquences d'une crise alimentaire mondiale dès la fin 2021, soit avant l'invasion de l'Ukraine et les sanctions internationales, contredisant les autres propos. "Vladimir Vladimirovitch (Poutine) avait compris que ces questions (alimentaires) pouvaient toucher la Russie. Ainsi, on a commencé dès la fin de l'année dernière à préparer activement la Russie à la faim dans le monde", a-t-il expliqué.

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