Royaume-Uni : le gouvernement annonce une baisse des contributions sociales salariales pour redorer son image en vue des élections

Le gouvernement conservateur britannique a présenté ce mercredi de nouvelles baisses d'impôts pour rattraper son retard dans les sondages, à quelques mois des élections législatives.
Le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt détaillera au Parlement les contours d'un budget qui, comme il a déjà prévenu, inclut des baisses d’impôts.
Le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt détaillera au Parlement les contours d'un budget qui, comme il a déjà prévenu, inclut des baisses d’impôts. (Crédits : Reuters)

[Article publié le mercredi 06 mars 2024 à 09h50 et mis à jour à 16h07] Le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a annoncé ce mercredi une baisse des cotisations sociales de deux points de pourcentage. Dans le but de lever des fonds pour financer cette mesure, notamment, il a par ailleurs détaillé lors de sa présentation budgétaire de printemps qu'il prolongeait d'un an, soit jusqu'en 2029, une taxe exceptionnelle de 35% sur les bénéfices des producteurs de pétrole et de gaz, introduite en 2022 en pleine flambée des prix de l'énergie.

Londres avait précédemment envisagé de faire disparaître plus tôt cette taxe si les cours baissaient durablement, mais « la hausse des prix de l'énergie provoquée par la guerre en Ukraine devrait durer plus longtemps » que prévu, a fait valoir Jeremy Hunt devant les députés britanniques.

Il a aussi annoncé mercredi la refonte d'un statut fiscal avantageux pour les résidents étrangers (dont a longtemps bénéficié la femme du Premier ministre Rishi Sunak), dont la durée sera désormais limitée aux quatre premières années dans le pays.

Autres cadeaux

Autres cadeaux fiscaux avant les élections, dont la date n'est pas encore connue mais qui devraient se tenir cette année: une prolongation d'un an d'une baisse de 5 points de pourcentage de la taxe sur le carburant et de six mois pour un gel des taxes sur l'alcool.

Le gouvernement évalue le coût des mesures annoncées mercredi à 13,9 milliards de livres.

« Cela pourrait à la marge aider à sortir l'économie de la légère récession » où elle est entrée en fin d'année dernière avant l'élection attendue cette année, mais « un gros resserrement de la politique fiscale sera au menu après » le scrutin, avertit Paul Dales, de Capital Economics.

Le gouvernement dit également tabler notamment sur une augmentation de la productivité des services publics. Il a ainsi notamment annoncé un investissement total de 800 millions de livres d'ici 2029 pour générer des gains de productivité de 1,8 milliard de livres, en réduisant par exemple les tâches administratives de la police ou en luttant contre la fraude grâce à l'intelligence artificielle.

Des baisses bonnes pour l'économie

Selon des extraits de son discours transmis en amont à la presse, Jeremy Hunt explique que l'économie britannique va mieux, après avoir « été confrontée à une crise financière, une pandémie et un choc énergétique provoqué par une guerre sur le continent européen ».

« Grâce aux progrès réalisés (...) nous pouvons désormais aider les familles avec des réductions d'impôt permanentes », indique-t-il.

Le Chancelier de l'Échiquier (autre titre de son poste) rappelle dans son texte que « les conservateurs savent qu'une baisse des impôts signifie une croissance plus élevée ». Or, le Royaume-Uni en a bien besoin. Son produit intérieur brut (PIB) a augmenté de seulement 0,1% sur un an en 2023. Surtout, le pays est entré en récession à la fin de l'année dernière, enregistrant deux trimestres consécutifs de contraction (-0,3% au quatrième après -0,1% au troisième). Le ministre a d'ailleurs dévoilé que la croissance britannique serait un peu plus forte que prévu cette année, à 0,8%, et accélèrerait l'an prochain davantage que ce qui était attendu.

Lire aussiLe Royaume-Uni n'a pas échappé à la récession à la fin de l'année 2023

En parallèle, l'inflation est toujours à un niveau élevé (+4% en janvier). C'est loin du pic de 11% enregistré fin 2022 mais encore deux fois plus que l'objectif fixé par la Banque d'Angleterre. Et malgré un excédent budgétaire record en janvier, les finances publiques étaient en moins bonne forme que prévu en début d'année. La dette du secteur public, à environ 96,5% du produit intérieur brut (PIB), est à des niveaux plus vus depuis le début des années 1960.

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Des annonces à quelques mois des élections

Ce nouveau budget s'inscrit en tout cas à quelques mois des élections législatives britanniques, dont la date n'est toutefois pas encore connue. Le parti conservateur au pouvoir est loin derrière l'opposition travailliste dans les sondages, d'où la volonté de ses rangs d'annoncer ces réductions d'impôts.

Mais pas sûr que cela change la donne. Pour Sarah Coles, analyste chez Hargreaves Lansdown, la première baisse des cotisations sociales à l'automne « n'avait pas fait une différence majeure dans les sondages », et sa capacité à faire bouger les lignes électorales reste donc incertaine. Scepticisme partagé par Tim Bale, professeur à l'université Queen Mary de Londres : quoique le gouvernement annonce, « il est peu probable que cela compense les revenus perdus par les gens lorsqu'il a gelé (ndlr : après la pandémie) les seuils des tranches d'imposition », considère-t-il. Ce qui, en pleine poussée d'inflation, a fait automatiquement basculer d'innombrables Britanniques dans les tranches supérieures, selon lui.

Reste que « toute réduction d'impôt est la bienvenue », estime Sarah Coles. D'après elle, cette nouvelle baisse permettrait aux Britanniques d'économiser en moyenne 450 livres par an... mais privera les caisses de l'État de 10 milliards de livres.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 07/03/2024 à 6:43
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Bonjour Bonjour, comment ela sa taxe trops sur les salaires... Et.un. gouvernement baisse les cotisations sur le fruit de travail...ou la la , un gouvernement hausse faire ce type de réformes pour ce maintenir au pouvoir et reduire la grogne socia...

à écrit le 06/03/2024 à 9:57
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D'autant que faire peur aux financiers avec le brexit pour qu'ils desserrent un peu leur étau financier sur les citoyens anglais n'a pas fonctionné, les financiers préfèrent toujours Londres à Paris ou Francfort,malgré tous les mythomanes qui voyaien...

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