Soutien à l'industrie, coupes sociales, charge fiscale... Londres présentera ce mercredi un budget de « croissance »

Le gouvernement britannique doit donner la priorité à la réduction de la charge fiscale, a estimé ce lundi le Premier ministre Rishi Sunak, tout en promettant qu'il ne répéterait pas l'erreur de sa prédécesseure Liz Truss, dont le plan de réduction d'impôts non financé avait provoqué l'an dernier une crise sur le marché obligataire. Des coupes sont aussi prévues sur les aides sociales.
Lors de son allocution ce lundi, le Premier ministre britannique s'est félicité du fait que son gouvernement a « divisé par deux l'inflation ».
Lors de son allocution ce lundi, le Premier ministre britannique s'est félicité du fait que son gouvernement a « divisé par deux l'inflation ». (Crédits : POOL)

Investissement dans les usines, mais moins d'aides aux chômeurs : Londres présentera ce mercredi un budget qu'il qualifie « de croissance ». Vendredi de la semaine dernière, le ministre britannique des Finances avait résumé l'esprit de son prochain budget en ces termes : « La déclaration budgétaire d'automne se focalisera sur la manière de relancer l'économie de manière saine, en libérant l'investissement, en ramenant les gens au travail et en réformant nos services publics »,

Pression politique maximale

Jeremy Hunt est sous forte pression pour apporter à sa base électorale des baisses d'impôts, mais ce tenant de l'orthodoxie budgétaire martèle qu'il ne le fera que de façon « responsable ». Vu la « performance effrayante des 'Tories' (conservateurs, ndlr) dans les sondages, la déclaration budgétaire représente une dernière opportunité cette année pour le gouvernement de promouvoir une vision qui plaise » à l'électorat, a commenté auprès de l'AFP Anand Menon, professeur de politique au King's College de Londres. Pour rappel, les prochaines élections législatives se tiendront en 2024.

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Baisses d'impôts et restrictions des aides sociales

« Je veux montrer aux gens qu'il y a une voie vers les baisses d'impôts, mais nous voulons aussi être honnêtes, et cela ne va pas se passer du jour au lendemain », a déclaré Jeremy Hunt ce dimanche sur Times Radio.

Le gouvernement britannique doit donner la priorité à la réduction de la charge fiscale, a estimé ce lundi Rishi Sunak, tout en promettant qu'il ne répéterait pas l'erreur de sa prédécesseure Liz Truss, dont le plan de réduction d'impôts non financé avait provoqué l'an dernier une crise sur le marché obligataire.

Selon la presse britannique, Jérémy Hunt envisagerait toutefois de baisser certaines taxes pour les entreprises ainsi que l'impôt sur les successions, ce qui concerne une toute petite fraction des Britanniques les plus fortunés.

De quoi susciter l'ire des ONG qui, elles, demandent instamment des aides avant l'hiver pour les plus démunis. D'autant que l'une des premières mesures, annoncée en avance, de ce « budget d'automne » concerne une restriction des aides sociales : le gouvernement prévoit « des sanctions plus sévères » contre les personnes bénéficiant d'allocations qui ne cherchent pas un emploi alors qu'ils le pourraient, dans le cadre d'un « Plan de retour au travail ». Le Royaume-Uni souffre en effet d'un taux d'inactivité très élevé, mais il est notamment dû à un nombre de malades de longue durée qui s'est envolé depuis la pandémie.

Politique de l'offre

Lors de son allocution ce lundi, le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est félicité du fait que son gouvernement a « divisé par deux l'inflation », celle-ci ayant affiché un net reflux à 4,6% en octobre, contre plus de 10% en début d'année, même s'il admet que « le travail n'est pas fini, il y a encore des gens qui ont des difficultés ».

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Pour autant, le pays « doit donner la priorité au côté offre de l'économie » plutôt que mettre de l'argent dans les poches des consommateurs, a-t-il ajouté, justifiant l'accent que le gouvernement a mis sur les entreprises et l'industrie dans ses premières annonces budgétaires. Autrement dit, le gouvernement souhaite toujours aider les entreprises à passer la crise mais rechigne a soutenir la consommation pour laisser la dynamique des prix se tasser.

Et pour cause, les entreprises souffrent. L'activité reste atone dans le pays : le Royaume-Uni a stagné au troisième trimestre, ralentissant après une croissance de 0,2% au trimestre précédent, et le risque de récession n'est pas écarté, tandis que sur le marché du travail, les offres d'emploi se raréfient. Le gouvernement Sunak a donc déjà indiqué qu'il allait injecter 4,5 milliards de livres dans huit secteurs industriels: l'automobile, l'aérospatiale, les énergies vertes ou les sciences de la vie notamment.

Après avoir annulé une partie du tracé de la ligne à grande vitesse HS2, projet faramineux aux dépassements de coûts dantesques, le gouvernement va également investir 8,3 milliards de livres sur les sommes ainsi économisées pour réparer « 5.000 nids de poules », et faciliter la vie des automobilistes.

Les technologies vertes à la peine, selon les ONG

L'ONG écologiste Greenpeace déplore, de son côté, que Londres laisse « les Etats-Unis, l'Union européenne et la Chine distancer (le Royaume-Uni) dans la course aux technologies vertes », sachant que Rishi Sunak a amorcé un net coup de frein sur la transition climatique cet été, avec l'annonce de centaines de nouveaux permis d'exploration et forage d'hydrocarbures notamment.

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« Nous demandons d'urgence un plan cohérent pour stimuler l'économie, aider les gens ordinaires avec le coût de la vie et s'attaquer à la crise climatique » en se focalisant sur « les énergies renouvelables, l'isolation des logements et la décarbonation des transports », poursuit l'ONG.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 20/11/2023 à 20:48
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Ça sent bon la révolution tatcherienne. Surtout ne pas suivre les délires écologiques des ONG gaucho bobo est une excellente décision. Il y a encore beaucoup de pétrole à pomper en mer du Nord.

le 20/11/2023 à 22:34
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Une révolution qui a vu la croissances de l'ensemble des pays occidentaux s'effondrée, tandis que l'endettement total et de l'Etat explosaient. De même que les inégalités. Et oui, d'échecs en échec, on file vers la victoire. Comme l'a écrit un lec...

à écrit le 20/11/2023 à 19:35
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Retour au Thatchérisme mais sans "les avantages surprises" du "Big Bang" de 1986 (ensemble des mesures de libéralisation des marchés financiers britanniques, le 27 octobre 1986). Encore plus de paupérisation qui rappellera aux Britanniques l'univers ...

à écrit le 20/11/2023 à 18:38
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"Des coupes sont aussi prévues sur les aides sociales. " LOL ! ^^

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