Le Royaume-Uni n'a pas échappé à la récession à la fin de l'année 2023

Le Royaume-Uni est entré en récession au deuxième semestre de 2023, enregistrant une baisse de son produit intérieur brut au troisième et au quatrième trimestre. Les taux d'intérêt élevés et l'inflation ont mis sous pression les finances des ménages et des entreprises. Mais les économistes relativisent toutefois l'ampleur de cette récession, la qualifiant de « douce » ou de « modérée ».
L'inflation et l'économie joueront un rôle important dans les élections législatives, qui devraient se tenir cette année au Royaume-Uni, mais dont la date n’est pas encore connue.
L'inflation et l'économie joueront un rôle important dans les élections législatives, qui devraient se tenir cette année au Royaume-Uni, mais dont la date n’est pas encore connue. (Crédits : TOBY MELVILLE)

Après y avoir échappé de justesse, l'économie britannique est finalement entrée en récession en fin d'année 2023. Son produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,3% au quatrième trimestre, après avoir baissé de 0,1% au troisième, d'après les chiffres publiés par l'Office national des statistiques ce jeudi 15 février. Or, deux trimestres de contraction économique d'affilée sont considérés par les économistes comme la définition d'une récession dite « technique ».

Reste que, sur l'année 2023 entière, le Royaume-Uni affiche encore une légère croissance. Son PIB a augmenté de 0,1% sur un an, précise l'ONS. C'est toutefois largement en dessous de la croissance de 4,3% enregistrée en 2022. Et c'est aussi la plus mauvaise performance de l'économie britannique « depuis la crise financière de 2009, excepté 2020 », souligne l'institut national, quand le pays avait été paralysé pendant des mois à cause de la pandémie de Covid-19. Il n'était d'ailleurs pas entré en récession depuis cette année particulière.

« Avec des taux d'intérêt élevés » pour que la Banque d'Angleterre (BoE) puisse faire reculer l'inflation, « une croissance faible n'est pas une surprise », a commenté le ministre des Finances Jeremy Hunt, ce jeudi. « Mais il y a des signes que l'économie britannique a passé un cap et les prévisionnistes anticipent de la croissance pour les prochaines années », assure-t-il.

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Les prévisions ne sont toutefois pas des plus réjouissantes. La BoE table sur une croissance de 0,25% du PIB britannique en 2024 et de 0,75% en 2025, légèrement au-dessus de ses projections de novembre (à 0% en 2024 et 0,25% en 2025). L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) anticipe, elle, une hausse de 0,7% cette année et le Fonds monétaire international (FMI) de 0,6%.

L'inflation, mal de l'économie britannique...

Sans surprise, c'est l'inflation qui plombe l'économie britannique. « L'inflation est le plus gros obstacle à la croissance, c'est pour cela que la diviser en deux a été notre priorité », a précisé Jeremy Hunt.

La hausse générale des prix est demeurée stable en janvier, à 4% sur un an, comparé à décembre, selon des chiffres publiés ce mercredi. C'est encore le double de l'objectif de la BoE, qui veut la ramener à un maximum de 2%. Mais elle a toutefois fortement diminué comparé à son pic de 11% d'octobre 2022. Les économistes s'attendaient d'ailleurs à une légère hausse en janvier, tablant sur une inflation à 4,2%.

Et, pour Paul Dales, analyste de Capital Economics, ce chiffre de janvier conforte les prévisions d'un repli de l'inflation sous la cible de 2% en avril, qui conduirait à une baisse des taux possiblement en juin. Le gouverneur de la BoE s'affiche, lui, plus prudent. « Nous avons vraiment besoin de davantage de preuves » d'un ralentissement de la croissance des salaires « pour attester que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre une inflation à 2% de manière durable », a répété Andrew Bailey mercredi.

... bloque encore toute perspective de baisse des taux

Concernant une potentielle prochaine baisse du taux directeur, actuellement à 5,25%, là encore le gouverneur joue la carte de la prudence. L'inflation dans les services est à ses yeux encore trop élevée pour envisager de réduire les taux. Et les chiffres du chômage, publiés ce mardi par l'ONS, indiquent que les salaires réels ont continué d'accélérer au dernier trimestre 2023, ce qui pourrait aussi inciter à ne pas baisser trop vite le taux directeur.

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Lors de sa dernière réunion, le 1er février, la BoE a de nouveau opté pour le statu quo. L'institution avait relevé son taux directeur à 14 occasions consécutives jusqu'en septembre dernier. Depuis, et pour la quatrième fois d'affilée, elle l'a laissé inchangé. Reste qu'à 5,25%, il est à son plus haut niveau depuis 2008.

Une décision similaire à celle de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque centrale européenne (BCE), qui elles aussi ont mis leur politique de resserrement monétaire sur pause depuis l'automne dernier.

Une récession à temporiser

Les économistes relativisent toutefois l'ampleur de cette récession, la qualifiant de « douce » ou de « modérée ». Pour Samuel Tombs, économiste de Pantheon Macro, il est « exagéré » de parler de récession « étant donné que l'emploi a continué à augmenter, les salaires réels ont rebondi et les mesures de la confiance des entreprises et des consommateurs ont retrouvé des niveaux cohérents avec une croissance de l'activité à la fin de l'année » 2023. Selon lui, il ne serait pas étonnant de constater, lors de la seconde estimation des chiffres du PIB, « que la récession a été évitée ».

« Cette récession est aussi modérée que possible et les indicateurs avancés suggèrent qu'elle est déjà proche de sa fin », nuance aussi Ruth Gregory, de Capital Economics.

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Une chose est néanmoins sûre : l'inflation et l'économie joueront un rôle important dans les élections législatives, qui devraient se tenir cette année dans le pays, mais dont la date n'est pas encore connue. Les travaillistes, parti d'opposition, disposent pour l'instant dans les sondages d'une nette avance sur les conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans environ.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 15/02/2024 à 15:39
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Au Royaume-Uni, ou les attaques au couteau ont augmenté de plus de 70% en dix ans.

à écrit le 15/02/2024 à 14:18
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Et ce Brexit paradisiaque ?

à écrit le 15/02/2024 à 13:00
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En PIB réel, la France aussi, mais ça il ne faut surtout pas le dire, propagande oblige!

le 15/02/2024 à 14:37
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Le calcul du PIB est net d'inflation, mais vu qu'on a tendance à sous-évaluer cette dernière pour permettre aux boomers et aux banquiers de faire la fête...

le 15/02/2024 à 14:38
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Hors sujet , il est ici question de la Perfide Albion .

le 15/02/2024 à 17:02
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@o. À vous de juger: Le PIB "réel" est mesuré à prix Constants, c'est-à-dire en Volume (hors inflation) ainsi au T3 - 0.03% et au T4 - 0.02%. Insee (site officiel) : "Le produit intérieur brut est publié à prix Courants et en Volume aux prix de l'ann...

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