Projets pétro-gaziers : le Royaume-Uni poursuit sur sa lancée et attribue 24 nouvelles licences en mer du Nord

Les autorités britanniques ont indiqué avoir attribué 24 nouvelles licences d'exploration et de forage d'hydrocarbures en mer du Nord. Une dizaine de sociétés se les partagent dont les géants TotalEnergies, BP et Shell. Une annonce qui a une nouvelle fois fait bondir les écologistes.
Plateformes offshore du champ pétrolier de la compagnie Equinor en mer du Nord.
Plateformes offshore du champ pétrolier de la compagnie Equinor en mer du Nord. (Crédits : INTS KALNINS)

La délivrance de licences d'exploration et de forage d'hydrocarbures se poursuit en mer du Nord. Les autorités britanniques ont fait savoir qu'elles en ont distribué 24 nouvelles ce mercredi 31 janvier. Le français TotalEnergies, les Britanniques BP et Shell et le norvégien Equinor « font partie des 17 sociétés » qui se les partagent, a indiqué l'Autorité de transition de la mer du Nord (NSTA) dans un communiqué.

Cette annonce fait suite à l'attribution en octobre de 27 licences dans ce même cycle d'autorisations. Et « d'autres suivront dans les mois à venir », précise la NSTA. Car, conformément aux ambitions du gouvernement britannique détaillées en juillet dernier, des « centaines » de licences pétrolières et gazières supplémentaires seront encore accordées dans le futur. Le Premier ministre, Rishi Sunak, avait justifié cette mesure par l'objectif de garantir la sécurité énergétique du pays, le royaume ayant relancé le développement des hydrocarbures en mer du Nord depuis le début de la guerre en Ukraine.

L'industrie pétrolière et gazière « contribue actuellement à environ les trois-quarts des besoins énergétiques nationaux et, selon les prévisions officielles, continuera à le faire même si la demande diminue », fait d'ailleurs valoir la NSTA.

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Colère des écologistes...

Tout comme lors des annonces précédentes, l'ONG environnementale Greenpeace a vivement critiqué la distribution de ces nouvelles licences.

« Le gouvernement sait que l'industrie des combustibles fossiles est à l'origine de la crise climatique, mais au lieu de sévir contre les géants pétroliers et gaziers comme Shell, il donne le feu vert à une nouvelle frénésie de forage en mer du Nord », a critiqué dans un communiqué Philip Evans, chez Greenpeace UK.

Colère d'autant plus grande que les autorités britanniques ont donné, tout récemment à la mi-janvier, leur feu vert à un nouveau champ gazier Victory. Situé au nord-ouest des îles Shetland, il sera exploité par Shell et devrait produire à son maximum suffisamment de gaz pour chauffer près de 900.000 foyers par an.

« Le gouvernement britannique continue de détruire ce qui reste de sa réputation de leader en matière de climat », fustigeait alors Charlie Kronick, conseiller climat de Greenpeace au Royaume-Uni.

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Outre les accords au développement et production de champs d'hydrocarbures, l'ONG reproche au gouvernement britannique d'avoir reporté plusieurs mesures phare dans la lutte contre le changement climatique. Parmi elles, le recul de cinq ans de l'interdiction de vente des voitures neuves roulant à l'essence ou au gazole.

... et aussi de hauts responsables

Cet ensemble de décisions est dénoncé y compris dans les milieux économiques, et même jusqu'au sein des conservateurs au pouvoir. Plusieurs hauts conseillers et élus ont ainsi démissionné de leur poste pour marquer leur opposition à ces mesures. Ainsi, en janvier, Chris Stark, le directeur général de la Commission sur le changement climatique, l'organisme indépendant chargé de conseiller le gouvernement britannique sur sa stratégie climat, a claqué la porte. Quelques jours plus tôt, le député conservateur et ancien secrétaire d'Etat à l'Énergie, Chris Skidmore, lui avait emboîté le pas.

Autre exemple en juin avec le départ du secrétaire d'État chargé du climat au ministère des Affaires étrangères, Zac Goldsmith, qui accusait le Premier ministre de ne pas s'intéresser à l'environnement.

Des licences validées par la justice

Mais rien ne semble pouvoir empêcher le gouvernement de poursuivre dans cette démarche. L'année dernière, Greenpeace et l'ONG Uplift avaient intenté une action devant la justice britannique pour s'opposer à ces licences. Une demande rejetée mi-octobre par la Haute Cour de Londres.

Selon un résumé de la décision publié par le tribunal, le gouvernement était notamment « en droit de conclure qu'il y avait un lien de causalité insuffisant » entre les nouvelles licences « et les gaz à effet de serre provenant de l'utilisation finale par les consommateurs ». De plus, le juge en charge du dossier a aussi estimé que le gouvernement n'a « pas agi de manière irrationnelle lorsqu'il a (...) décidé qu'un nouveau cycle d'autorisations (de licences d'hydrocarbures) serait compatible avec les objectifs climatiques du Royaume-Uni ».

Le tribunal a par ailleurs précisé que la décision « se préoccupe uniquement de trancher des questions de droit » et non des « questions politiques, socio-économiques ou scientifiques ».

Le Royaume-Uni n'est pas le seul pays à mener de tels programmes en mer du Nord. La Norvège aussi, plus gros fournisseur de gaz naturel de l'Europe, distribue des licences pétrogazières dans ces eaux déjà largement explorées, au grand dam des défenseurs du climat et de l'environnement. D'autant plus que, depuis 2021, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) presse le monde d'arrêter tout nouveau projet d'exploration pétrolière pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport aux niveaux pré-industriels.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 01/02/2024 à 18:05
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Le Britannique est toujours pragmatique. Pourquoi aller acheter ailleurs ce que l'on a chez soi ?. Il n'y a qu'en France où on laisse dormir du pétrole et du gaz sous nos pieds. Nous refusons même la pure exploration et nous allons acheter et transpo...

à écrit le 01/02/2024 à 15:54
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Il faut faire revenir Boris, il voulait créer de grands champs éoliens en mer afin d'être autonome et décarboné (l'espoir fait vivre, ça fait énormément d'énergie à produire mais, petit à petit, la tortue finit par arriver). Si c'est proche, ça répo...

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