Fintech : malgré une année 2023 en berne, le Royaume-Uni demeure la capitale financière européenne

Si le Brexit a un temps fait craindre que Londres perde son statut de capitale financière européenne au profit de Paris, Francfort ou encore Dublin, la capitale britannique a finalement conservé sa couronne. L’industrie fintech, en particulier, conserve un puissant dynamisme, faisant de l’écosystème britannique le deuxième au monde derrière les États-Unis.
(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration) (Crédits : TOBY MELVILLE)

« L'aventure a commencé en 2013 : l'idée était d'importer des jeunes pousses des fintech dans ce quartier d'affaires, qui comptait alors surtout des grands groupes financiers », explique Anna Gilmer. Nous sommes au Level39, un espace de travail collaboratif dédié aux jeunes pousses innovantes, avec une orientation fintech, qui a soufflé l'an dernier sa dixième bougie, comme l'explique la responsable du marketing et des contenus.

Comme son nom l'indique, Level39 se situe au trente-neuvième étage de l'un des gratte-ciels qui peuplent la presqu'île de Canary Wharf, d'où l'on bénéficie d'une vue panoramique sur l'ancien quartier des docks de la Compagnie des Indes, aujourd'hui devenu l'un des cœurs de l'écosystème financier londonien, particulièrement apprécié des startups. La plateforme de courtage eToro et la néobanque Revolut sont notamment passées par l'étage 39 du gratte-ciel.

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Un écosystème robuste

Au-delà de Level39, c'est toute la capitale britannique qui bénéficie d'un écosystème fintech dynamique. Celui-ci a certes connu des difficultés l'an passé. Selon une étude de KPMG, les investissements britanniques dans les fintech ont atteint 9,75 milliards de livres sterling en 2023, une chute de 34% par rapport à 2022. Mais cette tendance n'est nullement restreinte à nos voisins d'outre-Manche et reflète une situation morose sur l'intégralité des marchés internationaux. Les écosystèmes mondiaux, nord-américains et français ont ainsi connu des baisses respectives de l'investissement dans les fintech de 48%, 27% et 57%.

Malgré le ralentissement de l'an passé, l'écosystème britannique s'en sort ainsi comparativement plutôt bien. Il conserve sa position de second écosystème fintech au monde au niveau de l'investissement réalisé, dépassé seulement par les États-Unis. En 2023, le Royaume-Uni a ainsi reçu davantage d'investissements dans les fintech que l'intégralité des pays européens combinés.

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Pragmatisme des autorités

Le Brexit a pourtant fait craindre le pire. Suite au vote pour quitter l'UE, de nombreuses voix s'élèvent pour s'inquiéter d'un exil des entreprises financières et des fintech au profit d'autres écosystèmes européens dynamiques. Selon Janine Hirt, PDG d'Innovate Finance, qui représente les intérêts de l'industrie des fintech au Royaume-Uni, le gouvernement britannique est toutefois parvenu à limiter la casse, en permettant à l'industrie de continuer à facilement faire venir des talents de l'étranger :

« Le dispositif des scale up visas a notamment été mis en place pour permettre aux travailleurs des entreprises à forte croissance de bénéficier d'un processus administratif accéléré. »

Ceci, associé à la prévoyance et à la compétence de la Financial Conduct Authority (FCA), le gendarme de la bourse britannique depuis le Brexit, a largement joué en la faveur de l'écosystème fintech local.

« En 2016, la FCA a lancé le projet Sandbox pour permettre aux acteurs des fintech de tester des solutions innovantes auprès d'une quantité limitée de consommateurs, avec des garanties quant à la protection des données de ceux-ci.

Cela a permis à de nombreuses entreprises de tester leurs solutions dans un environnement sûr, mais également au régulateur de rester au fait des dernières évolutions du marché et donc d'adapter rapidement les règles, de manière pragmatique. »

Un manifeste pour les fintech

À cela s'ajoute la solide industrie financière britannique. Celle-ci permet en effet de créer des synergies avec les jeunes pousses. La banque Starling, par exemple, propose une place de marché virtuelle avec différents produits financiers accessibles grâce à un partenariat avec des jeunes pousses du secteur. Mais aussi un réseau d'universités de renommée mondiale, avec d'excellentes formations : l'Université d'Oxford et celle de Manchester possèdent ainsi chacune un programme fintech d'excellence. Autant d'avantages qui ne se sont pas évaporés avec le Brexit.

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En prévision de l'élection qui aura lieu au Royaume-Uni dans le courant de l'année, et pour laquelle le gouvernement conservateur actuel est donné très largement perdant, Innovate Finance a publié un « Fintech Manifesto » rassemblant plusieurs pistes à destination du personnel politique, afin d'entretenir et renforcer la domination du royaume dans ce domaine.

Le manifeste propose notamment la création d'un centre national antifraude pour lutter contre les arnaques financières, ainsi que des incitations visant à orienter l'investissement des fonds de pension et des banques vers les fintech. L'arrivée du parti travailliste au pouvoir n'est en tout cas pas un source d'inquiétude pour l'industrie.

« Le parti travailliste a publié sa feuille de route vis-vis des entreprises il y a quelques semaines, et nous avons été ravis de constater que nombre de nos propositions ont été reprises », affirme Janine Hirt.

Commentaires 4
à écrit le 29/02/2024 à 4:45
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Pour les Fintech. Sinon, en capitalisation, le LSE n'enfume plus Euronext, Paris ou Francfort.

à écrit le 28/02/2024 à 23:45
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Yabon l'argent sale du Golfe blanchi à Londres...

à écrit le 28/02/2024 à 19:22
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Ben tiens...

à écrit le 28/02/2024 à 18:21
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Allons bon, les dégâts du Brexit ne seraient pas si grands ? Il va falloir revoir le discours officiel et bien pensant alors ?

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