Royaume-Uni : les grèves pour les salaires se multiplient face à un gouvernement inflexible

Ambulanciers, infirmiers, postiers, cheminots ou encore policiers aux frontières...les travailleurs britanniques sont nombreux à avoir rejoint les différents mouvements de grève qui touchent le pays depuis le mois de décembre. Et ces derniers vont se poursuivre en 2023. En face, l'exécutif reste impassible refusant les hausses de salaire demandées au motif d'une politique d'austérité pour soutenir l'économie du pays.
Le Royaume-Uni connaît de nombreux mouvements de grève depuis la fin de l'année 2022.
Le Royaume-Uni connaît de nombreux mouvements de grève depuis la fin de l'année 2022. (Crédits : Reuters)

Les grèves n'en finissent plus au Royaume-Uni avec, comme toujours, pour revendication des hausses de salaire, alors que l'inflation, malgré un léger repli en novembre à 10,7% sur un an après un record en 40 ans en octobre de 11,1%, reste à un niveau élevé.

De nombreux secteurs sont touchés, à commencer par celui de la santé avec les infirmières en décembre et qui débrayeront à nouveau le 18 janvier pour deux jours, ainsi que les ambulanciers, les 11 et 23 janvier. Au-delà d'une revalorisation salariale, les professionnels du monde médical alertent sur l'état du système de santé britannique, sous-financé depuis des années et plus que jamais sous pression. Plusieurs organisations de médecins ont ainsi pointé la crise frappant les services d'urgence, où selon eux de nombreux patients meurent faute de soins adéquats ou à temps, appelant le gouvernement à répondre à la grogne sociale montante.

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La grève étendue aux transports

Les mouvements de grève touchent également les opérateurs de télécoms et les transports. Ces derniers ont d'ailleurs été perturbés au moment des fêtes par des grèves des cheminots, mais aussi des agents de circulation sur les autoroutes britanniques, des agents de nettoyage dans les trains et de certains conducteurs de bus à Londres. La majorité de ces mouvements se poursuit en janvier. Le 12 du mois, la grève s'étendra au métro londonien quand les employés de la Elizabeth line, inaugurée en mai, cesseront le travail.

En outre, un mouvement de grève de la police aux frontières, qui s'est étendu sur huit jours fin décembre, a entraîné un déploiement de militaires dans plusieurs aéroports britanniques pour remplacer les agents grévistes. Un millier de membres du syndicat Public and Commercial Services (PCS), employés par le ministère de l'Intérieur, ont, ainsi, lancé un débrayage dans les aéroports londoniens de Heathrow et Gatwick ainsi que dans ceux de Birmingham, Cardiff, Glasgow et Manchester, et au port de Newhaven dans le sud de l'Angleterre.

Un gouvernement aux positions fermes

Bien que les grévistes maintiennent la pression, le gouvernement, lui, n'entend pas céder. Le Premier ministre, Rishi Sunak, a estimé, fin décembre, que la lutte contre l'inflation impliquait « d'être responsable lorsqu'il s'agit de fixer les salaires du secteur public » pour ne pas alimenter encore davantage les hausses de prix. Il refuse donc les augmentations réclamées par les employés du service public comme les infirmières, ambulanciers, policiers aux frontières. « 2022 a été une année difficile », a-t-il justifié le 31 décembre dans ses vœux du Nouvel an diffusés par Downing Street, relevant les effets de la pandémie et de l'invasion « barbare » de l'Ukraine. « Beaucoup d'entre vous en ont ressenti les effets directement. C'est pourquoi mon gouvernement a pris des décisions difficiles, mais justes pour remettre les emprunts et la dette sous contrôle », a-t-il assuré, estimant que cela avait permis d'imposer un bouclier sur les tarifs de l'énergie qui avaient déjà quasi doublé.

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Une grève « profondément inutile »

Le ministre des Transports, Mark Harper, a lui aussi fait preuve de fermeté à l'égard des grévistes. « Les syndicats (du rail) ont décidé qu'ils voulaient faire grève cette semaine, ce qui est profondément inutile, nuit au secteur ferroviaire et aux intérêts des personnes qui y travaillent », a-t-il dénoncé ce mardi sur Sky News. Le ministre a assuré« travailler dur » à la résolution du conflit entre les entreprises ferroviaires et les syndicats, et a indiqué qu'une offre était sur la table. Mi-décembre, les adhérents des syndicats TSSA et Unite avaient voté en faveur d'une offre salariale améliorée de Network Rail prévoyant une hausse rétroactive minimale de 5% en 2022 et de 4% en 2023. Ils disaient n'avoir reçu aucune offre comparable des compagnies ferroviaires privées.

Pour le secrétaire général du RMT, Mick Lynch, l'exécutif « sape les efforts pour obtenir un accord », en imposant des conditions trop strictes aux négociateurs des compagnies ferroviaires. Les membres du RMT avaient rejeté en décembre une offre de Network Rail. « Nous ne pouvons pas accepter la proposition actuelle. Nous avons besoin de nouveaux éléments dans l'équation pour parvenir à trouver des solutions, » a déclaré Mick Lynch, assurant qu'un accord « est possible dans les prochains jours », mais que le syndicat est prêt à poursuivre le mouvement aussi longtemps que nécessaire.

D'autant que la grève jouit d'une image positive auprès des Britanniques. Selon un sondage YouGov publié fin décembre, deux tiers soutiennent les grèves des infirmières, 63% celle des ambulanciers. La grève dans le rail est toutefois moins populaire, soutenue par 43% des personnes interrogées.

(Avec AFP)

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