Royaume-Uni : nouveau recul du PIB au troisième trimestre, la récession se confirme

Ce jeudi, l’office national des statistiques a publié les chiffres du produit intérieur brut britannique du troisième trimestre. Un PIB qui s’affiche en recul de 0,3% contre -0,2 attendu. Des chiffres de mauvais augure qui rappellent que la Grande-Bretagne est en proie à une inflation de près de 11% en novembre, avec de fortes répercussions sur le pouvoir d’achat des ménages, et des mouvements sociaux importants.
La récession se profile au Royaume-Uni
La récession se profile au Royaume-Uni (Crédits : Reuters)

Pas d'embellie prévue sur le front de l'économie au Royaume-Uni. Le produit intérieur brut (PIB) britannique a reculé de 0,3% au troisième trimestre d'après la dernière publication de l'Office national des statistiques (ONS) parue ce jeudi. Ce chiffre est moins bon qu'attendu puisque la première estimation de l'ONS faisait état d'un recul de 0,2%. Les nouvelles données « montrent que l'économie a légèrement moins bien fonctionné au cours de l'année écoulée que ce que nous avions estimé », pénalisée notamment par l'industrie manufacturière et la production d'électricité, a noté sur Twitter Darren Morgan, directeur des statistiques économiques de l'ONS.

Ce n'est pas la première fois que le Royaume-Uni affiche une croissance en déclin. En début d'année, elle avait déjà été révisée légèrement à la baisse. Résultat : le niveau du PIB britannique n'a toujours pas retrouvé son niveau pré-pandémie, selon l'ONS. Il connaît ainsi un retard de 0,8% au troisième trimestre.

Tous ces mauvais indicateurs amènent la Banque d'Angleterre à estimer que le pays est déjà entré dans une récession qui se prolongera en 2023, voire au-delà. Ce terme économique se définit techniquement par une contraction du PIB sur au moins deux trimestres consécutifs.

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Inflation et baisse de consommation


Première cause du coup d'arrêt sur la croissance britannique : l'inflation.
L'économie britannique est, en effet, plombée par une hausse généralisée des prix qui atteignait 10,7% en novembre sur un an après avoir atteint 11,1% en octobre, soit un record depuis 40 ans. Une inflation plus élevée que dans le reste de la zone euro (10%) et qu'en France (6,2%). Elle est tirée, partout en Europe, par l'envolée des prix de l'énergie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Face à la hausse du coût de la vie, les Britanniques se serrent la ceinture et consomment moins. « Les revenus des ménages ont continué de baisser en termes réels », c'est-à-dire ajustés après les hausses de prix, au cours du troisième trimestre « bien qu'à un rythme plus lent » qu'en début d'année, a noté Darren Morgan. Ces faibles dépenses s'expliquent par « la reprise relativement modérée de l'emploi, des hausses de prix plus importantes et le fait que les ménages britanniques ont moins réduit leur taux d'épargne » qu'ailleurs dans le monde, poursuit l'analyste. Résultat : « le Royaume-Uni est la seule économie du G7 dans laquelle le PIB du troisième trimestre est toujours inférieur à son niveau d'avant Covid », relève Gabriella Dickens, économiste à Pantheon Macro, reflétant en grande partie selon elle la faiblesse des dépenses des ménages.

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Fronde sociale


Si l'inflation provoque un début de récession au Royaume-Uni, elle est aussi responsable des mouvements sociaux qui se multiplient avec pour revendication la hausse de salaires. Les grèves touchent de multiples secteurs depuis plusieurs mois: chemins de fer, logistique, police aux frontières, poste, etc. Dernier mouvement en date : les infirmières, les ambulanciers britanniques qui ont cessé le travail mercredi 21 décembre pour réclamer une hausse de leurs salaires. 
Si le gouvernement a accusé les professionnels de santé de « sciemment » nuire aux patients, les grèves sont dans l'ensemble comprises par la population. Selon un sondage YouGov publié mardi, deux tiers des Britanniques soutiennent, en effet, le mouvement lancé par les infirmières, 63% celui des ambulanciers.

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De son côté, l'exécutif britannique tente d'apaiser le climat social. « Je reconnais que c'est difficile. C'est difficile pour tout le monde, parce que l'inflation est là où elle est », a ainsi assuré, mardi dernier, Rishi Sunak devant les chefs des commissions parlementaires sans pour autant montrer de signes d'assouplissement de sa politique d'austérité budgétaire. Le gouvernement a, en outre, promis de légiférer pour limiter les possibilités de grèves.

Le gouvernement britannique a néanmoins déployé différentes mesures pour soutenir le portefeuille des ménages, notamment, en plafonnant les factures d'énergie des particuliers comme des entreprises, payant la différence aux énergéticiens cet hiver. « Face à la double crise mondiale d'une pandémie et de la guerre du (président russe Vladimir) Poutine en Ukraine, nous avons pris des mesures importantes pour soutenir des millions d'entreprises et de familles ici au Royaume-Uni », a affirmé le ministre des Finances britannique, Jeremy Hunt, mercredi dans un communiqué. Les actions du gouvernement aideront « à réduire de moitié l'inflation l'année prochaine, mais cela nécessite des décisions difficiles pour remettre nos finances publiques sur une base saine », a-t-il toutefois prévenu.

L'emprunt public à son niveau le plus élevé

Et pour cause. Ces mesures de soutien ont fait bondir l'emprunt public du Royaume-Uni en novembre, à 22 milliards de livres, soit 13,9 milliards de plus qu'un an plus tôt, a annoncé mercredi l'ONS dans un communiqué. Il s'agit du niveau d'emprunt « le plus élevé » pour un mois de novembre depuis le début de ces statistiques mensuelles en 1993 a ajouté l'Insee britannique. Au total, la dette de l'Etat britannique hors banques du secteur public atteignait 2.477,5 milliards de livres, fin novembre, soit environ 98,7% du PIB, ce qui représente une augmentation de 125,9 milliards de livres sur un an.

 (Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 23/12/2022 à 13:11
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En France, la dette publique est bien supérieure.

à écrit le 23/12/2022 à 6:51
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Bonjour, Ils est claire que la situation économique est difficile dans toute l'europe ...( prix des énergies, problème d'exportation) . Maintenant, dans l'union européenne nous avons un marché de 450 milions d'habitants... La GB avec le brixt se...

à écrit le 22/12/2022 à 22:39
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La situation est la même voire pire en France, cachée derrière un endettement record et des chèques a tout va du père noël bruno lemaire...

à écrit le 22/12/2022 à 14:32
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Le BREXIT y est aussi pour quelque chose .... mais chutttt ! les conservateurs ne veulent pas en entendre parler !!!

le 23/12/2022 à 6:53
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Bonjour, Je crainds que cela empire encore un peux plus la crise....

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