Russie : les députés enterrent le traité international contre les essais nucléaires

La révocation de ce traité international par la Russie, puissance nucléaire majeure, fait craindre une reprise de la course aux armes de destruction massive. Le conflit en Ukraine et la crise diplomatique entre la Russie et l'Occident qui s'en est suivie, constituent la toile de fond de cette décision.
Lors du vote à la chambre basse du Parlement russe, la totalité des élus présents, se sont dits favorables à la révocation de ce traité international.
Lors du vote à la chambre basse du Parlement russe, la totalité des élus présents, se sont dits favorables à la révocation de ce traité international. (Crédits : ALEXANDRA ANIKEEVA)

Un vote qui fait craindre la reprise de la course aux armements nucléaires. Ce mardi, les députés russes ont approuvé en première lecture la révocation de la ratification du Traité d'interdiction des essais nucléaires (TICEN). Un vote que le président russe Vladimir Poutine appelait de ses vœux, et qui est aussi une réponse au fait que les Etats-Unis n'aient jamais ratifié ce texte.

Lors du vote à la chambre basse du Parlement russe, 412 députés, soit la totalité des élus présents, se sont dits favorables à la révocation de la ratification, soumise depuis 2000 à Moscou.

« Défendre » les citoyens russes

Peu avant le vote, le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, a assuré qu'il fallait révoquer cette ratification pour « défendre » les citoyens russes et maintenir « une parité stratégique mondiale ». « Washington doit comprendre une fois pour toutes que leur hégémonie ne mènera à rien de bon », a-t-il déclaré.

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Précédemment, il avait affirmé que cette révocation était liée à la « guerre » déclenchée, selon lui, par Washington et Bruxelles contre la Russie. « Les défis actuels demandent de nouvelles solutions », avait-il déclaré.

Craintes sur la reprise des essais nucléaires

Cette révocation soulève la crainte de nouveaux essais nucléaires, même si Vladimir Poutine a toujours refusé de dire si la Russie comptait reprendre ces manœuvres.  Depuis la dislocation de l'URSS, la Russie n'a plus mené d'exercices de ce type, son dernier remontant à 1990 (tandis que les Etats-Unis les ont arrêtés en 1992).

Mais le pays vante régulièrement la qualité de ses nouveaux missiles à ogives nucléaires. Une rhétorique cohérente avec l'attitude du président Poutine depuis le début de ce conflit : souffler le chaud et le froid quant au recours à l'arme nucléaire. Pour de nombreux observateurs, ce vote est un nouveau recul en matière de non-prolifération de l'atome militaire, avec en toile de fond le conflit en Ukraine et la crise diplomatique entre la Russie et l'Occident.

Vladimir Poutine à la manœuvre

Depuis le début de son assaut contre l'Ukraine, Vladimir Poutine a porté plusieurs coups de canif au régime de non-prolifération nucléaire. Durant l'été 2023, il a commencé à déployer des armes nucléaires tactiques au Bélarus, son plus proche allié et pays qui a servi de tête de pont à l'offensive russe en Ukraine.

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En février, la Russie avait suspendu sa participation au traité de désarmement nucléaire New Start signé avec les Etats-Unis en 2010, le dernier accord bilatéral liant Russes et Américains. Le chef d'Etat avait alors accusé les Occidentaux de vouloir infliger « une défaite stratégique » à Moscou en Ukraine. Cette décision avait été dénoncée à l'unisson par les puissances occidentales, le président américain Joe Biden y voyant lui « une grave erreur ».

Un traité majeur... qui n'est pas encore entré en vigueur

Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a été ouvert à la signature en 1996, mais il n'est jamais entré en vigueur car il n'a pas été ratifié -étape nécessaire pour son entrée en vigueur- par un nombre suffisant d'Etats, parmi les 44 pays qui détenaient des installations nucléaires au moment de sa création. La ratification est l'acte par lequel un État indique son consentement à être lié par un traité.

La Russie, la France et le Royaume-Uni l'ont fait, mais ce n'est pas le cas de cinq États l'ayant signé: les Etats-Unis, la Chine, l'Iran, l'Egypte et Israël. Trois autres pays, l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord, ne l'ont ni signé, ni ratifié. Pour rappel, la Russie, héritière de la puissance nucléaire soviétique, et les États-Unis détiennent à eux deux près de 90% de toutes les armes nucléaires existantes.

Le président Russe rend visite à son homologue chinois

Le président russe Vladimir Poutine a été accueilli ce mardi par son homologue chinois Xi Jinping à l'occasion du sommet des « Nouvelles routes de la soie » à Pékin. « Le président Xi Jinping a salué le président Vladimir Poutine à son arrivée, les deux dirigeants ont eu une brève conversation », a indiqué la diplomatie russe, dans un message publié sur X (anciennement Twitter).

Le président Russe effectue son premier déplacement dans une grande puissance mondiale, depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, qui a contribué à isoler la Russie de nombreux autres Etats. Mi-mars de cette année, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d'arrêt contre le chef de la Fédération de Russie pour « crime de guerre de déportation illégale » d'enfants ukrainiens. Si cette décision n'a aucun « fondement juridique » pour les autorités russes, non-membres de la CPI, elle entrave de fait Poutine dans ses déplacements à l'étranger.

(Avec AFP)

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