[Article publié le mercredi 13 septembre à 09H44 et mis à jour à 15H41] C'est une rencontre sous haute sécurité. Comme annoncé en début de semaine, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un est arrivé en Russie pour une rencontre avec le président Vladimir Poutine, ce mercredi 13 septembre. Elle a débuté en début d'après-midi (heure russe, le matin en France) au cosmodrome de Vostotchny, une base de lancement russe, située dans l'Est du pays près de la frontière avec la Chine.
Car c'est bien là l'ambition de ce rendez-vous exceptionnel (le premier entre les deux dirigeants depuis un précédent voyage du Nord-Coréen à Vladivostok en 2019) : renforcer les liens entre leurs pays, notamment militaires. Vladimir Poutine et Kim Jong-un ont ainsi mené des discussions officielles d'environ deux heures avec leurs délégations et en tête-à-tête, puis participé à un déjeuner en l'honneur du dirigeant nord-coréeen.
« Des perspectives » de coopération militaire avec la Corée du Nord
Déjeuner à l'issue duquel le président russe a assuré voir « des perspectives » de coopération militaire avec la Corée du Nord. Et ce, malgré les sanctions internationales visant Pyongyang à cause de ses programmes nucléaires et de ses missiles en développement.
« Il existe certaines restrictions. La Russie respecte toutes ces restrictions. Mais il y a des choses dont nous pouvons certainement parler, nous en discutons, nous y réfléchissons. Et il y a des perspectives aussi », a-t-il affirmé à la télévision d'Etat russe.
Plus tôt, le dirigeant avait déjà abordé la question des satellites. « C'est pour ça que nous sommes ici. Le dirigeant de la RDPC (République démocratique populaire de Corée) est très intéressé par la fabrication de roquettes, ils essaient aussi de développer leurs activités spatiales », a-t-il indiqué, après s'être dit « très content » de voir son homologue nord-coréen.
Kim Jong-un convaincu que Moscou et Poutine remporteront « une grande victoire »
Ce dernier s'est, de son côté, dit « convaincu que l'armée et le peuple russe remporteront certainement une grande victoire dans la lutte sacrée pour punir le rassemblement du mal qui prétend à l'hégémonie », selon la traduction officielle à la télévision russe. Il a aussi fait l'éloge de l'armée russe « héroïque », engagée dans un assaut en Ukraine depuis plus d'un an et demi.
« La Russie est en ce moment confrontée (...) à de telles forces hégémonistes pour protéger (ses) intérêts en matière de sécurité. Nous avons toujours exprimé notre soutien total et inconditionnel à toutes les mesures prises par le gouvernement russe et je saisis cette occasion pour affirmer que nous serons toujours avec la Russie », avait-il déclaré peu avant, assurant : « Nous allons donner la priorité à la relation entre la Corée du Nord et la Russie et en faire la priorité absolue de notre politique étrangère ».
Cette visite est une « claire manifestation » que la Corée du Nord donne la « priorité à l'importance stratégique » de ses liens avec la Russie, avait également indiqué l'agence d'État nord-coréen KCNA.
L'ombre de vente d'armes à la Russie
Les États-Unis ont exprimé à plusieurs reprises ces dernières semaines leur préoccupation face à ce rapprochement, affirmant que les deux pays sont en négociations avancées sur des livraisons d'armes et rappelant qu'une telle initiative violerait les résolutions de l'Onu votées par la Russie. Le gouvernement américain craint que la Russie ne s'approvisionne en armes pour ses opérations militaires en Ukraine auprès de la Corée du Nord, elle-même sous sanctions.
« Si les lance-roquettes multiples et autres obus d'artillerie de la Corée du Nord sont fournis à la Russie en grandes quantités, cela pourrait avoir un impact significatif sur la guerre en Ukraine », estime ainsi An Chan-il, un transfuge devenu chercheur qui dirige l'Institut mondial d'études sur la Corée du Nord.
De même, la Corée du Sud et les États-Unis accusent régulièrement la Corée du Nord de développer son programme de missiles balistiques capables d'emporter des charges nucléaires sous couvert de conquête de l'espace, en violation des résolutions des Nations unies. Le pays a d'ailleurs récemment échoué à deux reprises à mettre en orbite un satellite militaire espion.
Selon An Chan-il, « le port spatial semble être l'emplacement optimal parce qu'il répond à des intérêts mutuels, comme la fourniture de la technologie satellitaire demandée par la Corée du Nord », avait-il expliqué avant la rencontre. La Corée du Nord cherche à obtenir de l'aide pour moderniser ses équipements de l'ère soviétique, en particulier pour son armée de l'air et sa marine, a-t-il ajouté.
(Avec agences)
