Scandale financier au Japon : pourquoi quatre ministres pourraient être congédiés

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a déclaré vouloir affronter le vaste scandale de fraude financière au sein de son parti et de son gouvernement avec la célérité d'« une boule de feu ». Il doit annoncer demain, jeudi, un remaniement, à peine trois mois après un précédent chamboulement de l'exécutif. Quatre ministres pourraient ainsi perdre leur poste.
Fumio Kishida, le Premier ministre japonais, pourrait limoger au total neuf ministres et vice-ministres.
Fumio Kishida, le Premier ministre japonais, pourrait limoger au total neuf ministres et vice-ministres. (Crédits : POOL)

Remaniement imminent au Japon, le deuxième en moins de trois mois, sur fond de scandale financier. Et pourtant, le Premier ministre ne serait bien passé. Jugeant « extrêmement regrettable que la situation ait suscité la défiance de la population », Fumio Kishida a promis ce mercredi de se « muer en boule de feu pour restaurer la confiance dans le gouvernement ». Il a annoncé « procéder rapidement aux nominations demain », attendues jeudi, sans livrer davantage de détails.

A l'origine de ce remaniement à quelques semaines de la fin d'année ? Une enquête actuellement menée par des procureurs japonais. Selon la presse, des soupçons de fraudes visent des dizaines de membres du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice). Or, la formation politique gouverne le pays presque sans interruption depuis 1955, et elle est dirigée par le chef du gouvernement nippon.

Ils sont soupçonnés d'avoir omis de déclarer pendant des années l'équivalent de plusieurs millions d'euros issus de la vente de billets lors d'événements organisés pour lever des fonds pour le PLD. Le parti leur aurait ensuite reversé ces sommes.

« Si vous vendez plus (de billets) que le quota qui vous a été assigné, cela va dans votre poche, c'est facile et très appréciable », a témoigné un ancien collaborateur d'un élu parlementaire du PLD sur la chaîne de télévision ANN, qui avait dissimulé son visage et transformé sa voix pour préserver son anonymat.

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Neuf ministres et vice-ministres visés

Selon les médias japonais, des ministres de premier plan devraient être limogés. Notamment le secrétaire général et porte-parole du gouvernement Hirokazu Matsuno et le ministre de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie Yasutoshi Nishimura. Au total, neuf ministres et vice-ministres seraient concernés par le remaniement, la liste incluant aussi le ministre des Affaires intérieures Junji Suzuki et le ministre de l'Agriculture Ichiro Miyashita, selon l'agence de presse Kyodo.

Tous appartiennent à la « faction Abe », la plus importante faction interne du parti, que dirigeait l'ancien Premier ministre Shinzo Abe assassiné l'an dernier. Ses membres auraient reçu quelque 500 millions de yens (3,2 millions d'euros) sur une période de cinq ans jusqu'en 2022.

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Le scandale toucherait néanmoins également des membres de la faction de Fumio Kishida, que le Premier ministre dirigeait encore jusqu'à la semaine dernière. Et l'ancienne ministre des Jeux olympiques et ancienne présidente du comité d'organisation des JO de Tokyo-2020, Seiko Hashimoto, serait aussi concernée.

Interrogé sur les allégations le concernant, le secrétaire général et porte-parole du gouvernement a refusé ce mercredi de s'exprimer au sujet de cette affaire, assurant qu'il « prendrait les mesures appropriées » après une investigation interne menée par son groupe. Le Premier ministre avait lui-même indiqué mardi avoir demandé à sa faction d'enquêter et d'amender si nécessaire la déclaration de l'argent perçu lors des levées de fonds.

Une motion de censure déposée mercredi par l'opposition au Parlement a été rejetée, le PLD disposant d'une écrasante majorité dans les deux chambres.

Une popularité qui dégringole

La cote de popularité du gouvernement nippon continue de plonger, avec seulement 22,5% d'opinions favorables, selon un sondage publié ce lundi et commandé par la chaîne Fuji TV et le journal Sankei. Soit 5 points de moins que le mois dernier.

Avant même ce nouveau scandale, l'opinion publique japonaise était déjà remontée contre Fumio Kishida pour d'autres raisons, dont l'inflation persistante et la baisse du yen qui fragilisent le pouvoir d'achat des ménages, malgré son annonce le mois dernier d'un nouveau plan de relance budgétaire massif. Parmi les autres scandales qui ont aussi terni l'image du gouvernement ces derniers mois, les nombreuses failles de « My Number », un système numérique national d'identification individuelle pour des procédures administratives. Ou encore les gaffes à répétition de Shotaro Kishida, le fils aîné du Premier ministre, lequel a fini par le révoquer en mai dernier de son poste de secrétaire politique.

Fumio Kishida avait déjà procédé en septembre dernier à un remaniement, dans l'optique de redorer justement son image. Il peut théoriquement rester au pouvoir jusqu'en 2025, mais certains analystes spéculent sur la possible convocation d'élections anticipées. Des élections au sein du PLD sont en tout cas déjà prévues pour l'année prochaine, et s'annoncent particulièrement difficiles pour le Premier ministre qui pourrait perdre sa place de leader du parti.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 13/12/2023 à 18:44
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"l'ancien Premier ministre Shinzo Abe assassiné l'an dernier" J'avais complètement oublié cela, forcément ça se complète.

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