Pour la directrice du FMI, l'économie mondiale « aurait pu se passer » du risque de défaut américain

« L'économie mondiale, déjà confrontée à une si forte incertitude, aurait pu s'en passer », a déploré Kristalina Georgieva au sujet des âpres négociations à Washington entre démocrates et républicains sur la dette. Elle a néanmoins tenu à rester optimiste en disant croire à une « solution de dernière minute ».
Kristalina Georgieva.
Kristalina Georgieva. (Crédits : Reuters)

La directrice du FMI Kristalina Georgieva a pris la parole lors d'un forum à Doha (Qatar) afin de revenir sur les négociations très tendues entre républicains et démocrates concernant le plafond de la dette aux Etats Unis. « L'économie mondiale, déjà confrontée à une si forte incertitude, aurait pu se passer » de ces négociations, a-t-elle pointé.

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Elle a néanmoins tenu à rester optimiste en disant qu'une « solution de dernière minute » avait toujours été trouvée dans l'histoire américaine. C'était notamment le cas en 2011 et 2013, sous Barack Obama, quand des accords avaient été conclus à la dernière minute entre démocrates et républicains, afin d'éviter un défaut de Washington et une crise économique mondiale. « Nous devons toujours rester conscients que le risque est là », a-t-elle quand même prévenu.

Pour rappel, contrairement aux autres économies, la première puissance mondiale ne peut dépasser un certain montant d'endettement, fixé actuellement à 31.400 milliards de dollars. Ce plafond, mis en place en 1917, avait initialement pour but de permettre au Trésor américain, en temps de guerre, d'obtenir des marges de manœuvre budgétaires sans solliciter en permanence les parlementaires. Ces derniers pouvaient conserver un droit de regard à travers cette limitation de la dette. Une fois que le plafond est atteint, comme c'est le cas depuis fin janvier, il appartient au Congrès américain de voter un relèvement de ce plafond.

Chantage des républicains

Afin d'éviter un défaut de paiement, Joe Biden doit donc au plus vite trouver un accord avec les républicains. Ces derniers, majoritaires à la Chambre des représentants, conditionnent le relèvement du plafond de la dette à une réduction des dépenses fédérales. Ils souhaiteraient les ramener au niveau de 2022, ce qui reviendrait à couper 130 milliards de dollars de fonds publics.

Sous la pression de Donald Trump, toujours très populaire auprès de l'électorat républicain et candidat déclaré aux élections présidentielles de 2024, les républicains sont donc appelés à faire chanter Joe Biden en brandissant la menace du défaut de paiement. En réponse, Joe Biden rejette l'option de coupes massives, se contentant de proposer la diminution de certaines dépenses et des hausses d'impôts sur les entreprises et les ménages les plus aisés.

Risque de défaut par erreur

Selon le dirigeant de Blackstone Stephen Schwarzman, même en l'absence de défaut provoqué par l'échec des négociations, les Etats-Unis ne sont pas à l'abri « d'une erreur de calcul de la part des personnes impliquées dans les négociations », a-t-il expliqué, mais « cela heurterait les électeurs américains et mettrait une pression énorme pour que les choses soient résolues en quelques jours ». Au printemps 1979, les Etats-Unis n'avaient déjà plus été en mesure d'honorer certaines dettes à la suite d'erreurs administratives du Trésor.

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Le pays s'était temporairement retrouvé en défaut de paiement sur une infime partie de l'encours total de sa dette, soit 0,02%. Cet accroc avait déjà eu lieu dans un contexte de batailles politiques entre l'administration Carter et le Congrès pour remonter le plafond de la dette, alors bloqué à... 830 milliards de dollars. Soit 38 fois moins qu'aujourd'hui.

Commentaire 1
à écrit le 25/05/2023 à 8:07
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Et combien c'est payé d'être directrice du FMI pour dire une évidence pareille ?

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