Semi-conducteurs : le gouvernement américain débloque près de 20 milliards de dollars pour Intel

Pour qu'Intel, géant américain des semi-conducteurs, puisse augmenter la production de ces composants aux États-Unis, le gouvernement va mettre la main au portefeuille. La Maison Blanche a annoncé ce mercredi lui octroyer un paquet d'aides et de subventions, d'un montant inédit de près de 20 milliards de dollars.
La Maison Blanche estime que cet investissement devrait permettre aux États-Unis de se rapprocher de leur objectif de produire, d'ici 2030, 20% des puces de dernier cri fabriquées dans le monde.
La Maison Blanche estime que cet investissement devrait permettre aux États-Unis de se rapprocher de leur objectif de produire, d'ici 2030, 20% des puces de dernier cri fabriquées dans le monde. (Crédits : DADO RUVIC)

C'est un sacré coup de pouce que le gouvernement américain s'apprête à accorder à son géant des semi-conducteurs.

« Le ministère du Commerce est parvenu à un accord préliminaire avec Intel pour lui fournir jusqu'à 8,5 milliards de dollars de financements directs et 11 milliards de dollars de prêts dans le cadre du "Chips and Science Act" », a détaillé la Maison Blanche dans un communiqué, ce mercredi.

Cette loi, qui date de l'été 2022, prévoit 52,7 milliards de dollars pour relancer la production de semi-conducteurs aux États-Unis et lutter contre la puissance de la Chine dans cette industrie cruciale. L'enveloppe octroyée à Intel se révèle être le montant le plus élevé annoncé à ce jour par le gouvernement américain dans le cadre de cette loi.

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Asseoir la production de semi-conducteurs aux États-Unis

L'enveloppe annoncée ce mercredi participera « à la construction et à l'agrandissement des infrastructures d'Intel en Arizona, dans l'Ohio, au Nouveau-Mexique et dans l'Oregon », a ajouté la Maison Blanche. De son côté, le géant américain prévoit aussi d'investir.

Il devrait ainsi sortir l'équivalent de plus de 100 milliards de dollars, comme l'a expliqué à des journalistes la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo, en amont de l'annonce officielle. Selon elle, cela représente l'un des investissements les plus élevés jamais réalisés dans l'industrie des semi-conducteurs aux États-Unis.

Grâce à ces investissements, le gouvernement américain anticipe la création de près de 30.000 emplois directs - 10.000 emplois dans la production et 20.000 dans le secteur de la construction - et « le soutien à des dizaines de milliers d'emplois indirects ».

« L'investissement d'Intel représente une partie prometteuse d'un grand revirement dans l'histoire américaine, avec le retour aux États-Unis de la production de semi-conducteurs de premier plan pour la première fois en quarante ans », a commenté Lael Brainard, principale conseillère économique de Joe Biden, en amont de l'annonce officielle.

La Maison Blanche estime en effet que cet investissement devrait permettre au pays de se rapprocher de son objectif de produire, d'ici 2030, 20% des puces de dernier cri fabriquées dans le monde, soulignant que le niveau actuel était de zéro. Les États-Unis dépendent actuellement « d'un très petit nombre d'usines en Asie pour la totalité de [ses] microprocesseurs les plus sophistiqués », a rappelé la ministre.

« C'est intenable et inacceptable. C'est un problème de sécurité économique. C'est un problème de sécurité nationale. Et nous allons changer cela », a-t-elle affirmé.

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Des dollars encore dans les cartons

La Maison Blanche a par ailleurs fait savoir qu'Intel a l'intention de tirer avantage d'un crédit d'impôt sur les investissements pouvant atteindre 25% de certaines dépenses. Ce qui pourrait augmenter de manière importante le soutien financier qu'il serait susceptible de recevoir de la part du gouvernement américain.

Cet avantage fiscal découle d'une autre mesure législative du gouvernement Biden, l'Inflation Reduction Act (IRA), également adopté en 2022. Pour rappel, il s'agit d'un pharaonique projet de transition énergétique, de puissance industrielle et de justice sociale qui vise surtout à encourager, à coup de subventions et de crédits d'impôt d'un montant de plus de 350 milliards de dollars, les investissements dans les énergies vertes. Ce programme regorge de promesses hétéroclites, allant du soutien à l'informatique quantique à la construction de voitures électriques, la baisse du prix de l'insuline ou encore la démocratisation de l'accès à internet. Une liste non-exhaustive.

Un sujet de campagne électorale

Cette annonce au sujet d'Intel intervient alors que le président Joe Biden est en déplacement en Arizona, au sud-ouest des États-Unis. Ce moment n'a d'ailleurs pas été choisi au hasard. À quelques mois de l'élection présidentielle de novembre, il souhaite profiter de cette actualité pour donner un coup de projecteur aux mesures adoptées pendant son mandat dans cet État dit « Swing States », c'est-à-dire susceptible de pencher pour les démocrates ou pour les républicains d'une présidentielle à l'autre. Pour rappel, au cours du précédent scrutin de 2020, où l'actuel chef de l'État a été opposé à l'ancien président républicain Donald Trump, l'Arizona lui a offert la victoire mais avec l'un des résultats les plus serrés du pays, seulement 10.457 voix d'écart.

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L'Arizona et l'Ohio, un autre de ces États décisifs, devraient ainsi bénéficier du plus grand nombre de créations d'emplois suite aux investissements d'Intel. Reste à voir si cela va jouer dans la balance lors de l'élection, Joe Biden faisant face au scepticisme chez certains électeurs à l'égard de son bilan économique. Ce, malgré les récentes statistiques positives concernant la croissance, les créations d'emplois, un taux de chômage faible ou encore un ralentissement de l'inflation. Il lui reste encore huit mois pour les convaincre.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 21/03/2024 à 9:25
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La vache les américains ne se cachent plus pour massivement alimenter leur économie d'argent public !

à écrit le 20/03/2024 à 22:05
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Je suppose, que si un gouvernement en Europe s'avisait de subventionner son industrie dans la tech, nos petits génies à Bruxelles s'empresseraient de le lui interdire, sous prétexte de libre concurrence. A la commission européenne , ces gens sont da...

à écrit le 20/03/2024 à 21:22
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Super les américains vont devoir payer ~20 Mds d'impôts supplémentaires en dépit de l'inflation commerçante afin de subventionner le fondeur *chinois* TSMC choisi pour produire la prochaine génération de puces Intel Arrow Lake...

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