Yémen : les Houthis revendiquent une nouvelle attaque contre un pétrolier en mer Rouge

Les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, ont revendiqué samedi une attaque la veille contre un pétrolier en mer Rouge. Depuis novembre, les Houthis ont intensifié leurs attaques contre les navires marchands dans la région, poussant de nombreux armateurs à éviter cette zone maritime essentielle au commerce international. En parallèle, l'Union européenne a annoncé lancer officiellement une opération dans la zone dès lundi.
Le Commandement central des Etats-Unis (Centcom) a confirmé que quatre missiles balistiques antinavires avaient été tirés depuis les zones du Yémen contrôlées par les rebelles soutenus par l'Iran, entre vendredi après-midi et samedi à 1 heure du matin, (heure de Sanaa).
Le Commandement central des Etats-Unis (Centcom) a confirmé que quatre missiles balistiques antinavires avaient été tirés depuis les zones du Yémen contrôlées par les rebelles soutenus par l'Iran, entre vendredi après-midi et samedi à 1 heure du matin, (heure de Sanaa). (Crédits : © Mass Communication)

La tension ne redescend pas. Samedi, les rebelles yéménites Houthis ont revendiqué une attaque menée la veille contre un pétrolier « britannique » en mer Rouge, tandis que l'armée américaine a affirmé qu'il s'agissait d'un navire danois.

« Les forces navales des forces armées yéménites ont mené une opération visant le pétrolier britannique Pollux en mer Rouge avec un grand nombre de missiles navals », a déclaré le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree.

Le Commandement central des Etats-Unis (Centcom) a confirmé que quatre missiles balistiques antinavires avaient été tirés depuis les zones du Yémen contrôlées par les rebelles soutenus par l'Iran, entre vendredi après-midi et samedi à 1 heure du matin, (heure de Sanaa).

Au moins trois d'entre eux « ont été tirés en direction du navire commercial MT Pollux, un navire battant pavillon panaméen, appartenant au Danemark et immatriculé au Panama », a ajouté le Centcom dans un message posté sur le réseau social X, en précisant qu'il n'y avait pas eu de dégâts ni de blessés. Ce pétrolier battant pavillon panaméen, transportant du pétrole brut à destination de l'Inde, a été touché par un missile sur son côté bâbord.

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« Deux nouvelles frappes d'autodéfense »

Le Centcom a annoncé par ailleurs avoir mené la veille deux nouvelles « frappes d'autodéfense contre un missile de croisière antinavire mobile et un drone de surface » au Yémen, en estimant qu'ils « représentaient une menace imminente pour les navires de la marine américaine et les navires marchands ».

L'attaque contre le Pollux avait été signalée vendredi par l'agence britannique de sécurité maritime UKMTO et la société de sécurité spécialisée dans le transport maritime Ambrey, qui avaient rapporté une explosion près d'un navire au large de la ville de Mokha.

Le département d'Etat américain avait ensuite indiqué qu'un missile avait touché un « navire battant pavillon panaméen en route pour l'Inde, qui transportait du pétrole brut ».

« Il s'agit là d'un nouvel exemple des attaques illégales contre le transport maritime international, qui se poursuivent après de nombreux appels aux Houthis à cesser leurs activités », a-t-il souligné, en annonçant l'entrée en vigueur vendredi des sanctions américaines contre les Houthis, classés en janvier comme une entité terroriste.

Une zone de forte tension

Ces derniers multiplient depuis novembre les attaques contre des navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d'Aden. Ils affirment viser les navires liés à Israël en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël est en guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Depuis janvier, ils ciblent aussi les navires britanniques et américains en réponse aux frappes menées contre leurs positions par les Etats-Unis et le Royaume-uni. Les rebelles contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du territoire dans le nord-ouest du Yémen, pays en proie à une guerre civile depuis 2014.

Sans surprise, ces attaques perturbent fortement le trafic maritime. Or, la zone concentre près de 12% du commerce maritime mondial. Les incidents se concentrent principalement dans le détroit de Bab el-Mandeb. Situé juste en face du Yémen, ce passage stratégique permet de relier le golfe d'Aden à la mer Rouge. Pour rappel, cette dernière est située juste avant... le canal de Suez, une route maritime essentielle pour le commerce reliant principalement l'Asie à l'Europe. Outre les porte-conteneurs, de nombreux pétroliers et gaziers circulent par cette voie maritime, située non loin du Golfe persique.

Avec la multiplication des attaques, de plus en plus de navires décident désormais de ne plus passer par cette zone et donc de faire un détour par le Cap de Bonne-Espérance, au Sud de l'Afrique. Un chemin qui allonge la durée, et surtout, qui renchérit le coût de transport.

Réplique de l'Occident

Pour sécuriser la zone et protéger le commerce maritime, les Etats-Unis ont donc lancé en décembre une coalition dont fait partie la France. Washington et Londres ont décidé de viser directement des positions rebelles au Yémen. Ils ont ainsi mené plusieurs frappes dans le pays depuis la mi-janvier, provoquant la réticence de certains pays, comme la Chine ou même l'Arabie Saoudite, qui y voient un dangereux risque d'escalade.

Mercredi, l'armée américaine a mené de nouveaux raids. Ils visent, selon elle, des missiles et des drones « prêts à être lancés contre des navires en mer Rouge ». Le chef des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, a accusé les Etats-Unis d'avoir mené une quarantaine de frappes cette semaine, la plupart sur Hodeida, une région de l'ouest du pays contrôlée par les Houthis.

La mission de l'UE en mer Rouge lancée lundi

Malgré la réplique de l'Occident, les Houthis ne semblent pas découragés pour autant. Encore la veille, les rebelles ont revendiqué une attaque contre un navire britannique, au large du Yémen. Si bien qu'en France, l'ambassadeur du Yémen a enjoint jeudi la communauté internationale à « intervenir pour faire cesser les actions des Houthis », et « pas seulement » à réaliser des « frappes aériennes ».

Un souhait qui ne sera pas tout de suite exaucé, en tout cas concernant l'Union européenne. En effet, l'UE lance officiellement lundi une opération en mer Rouge pour sécuriser le fret maritime. Plusieurs pays ont fait part de leur intention de participer à cette mission baptisée « Aspides » (« bouclier » en grec ancien), dont la Belgique, l'Italie, l'Allemagne et la France. L'Espagne a indiqué qu'elle n'y participerait pas. Mais les Vingt-Sept se sont mis d'accord dès janvier sur le principe d'une mission de surveillance et patrouille maritime en mer Rouge, à condition toutefois que son mandat soit purement défensif.

Elle pourra donc faire feu pour défendre les navires marchands ou se défendre elle-même, mais ne pourra pas viser des objectifs à terre contre des positions des rebelles houthis au Yémen, selon des diplomates. Il est « important de ne pas contribuer à l'escalade dans la région », a insisté l'un d'eux.

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(Avec AFP et Reuters)

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