Éric Dupond-Moretti : un ministre qui marque son terrain

En juillet, l'ex-avocat sera depuis 4 ans, Place Vendôme. Il revendique avoir désormais un bilan.
Ludovic Vigogne
Eric Dupond-Moretti dans son bureau du ministère de la justice
Eric Dupond-Moretti dans son bureau du ministère de la justice (Crédits : © LTD / ELIOT BLONDET/ABACAPRESS POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Il arrive encore à Éric Dupond-Moretti d'avoir le trac. Le 8 mars, sur la place Vendôme, le ministre de la Justice a été saisi d'une angoisse quand il a dû tourner la presse à sceau afin de marquer la loi constitutionnelle garantissant la liberté de l'IVG du cachet de la République. Et si, en raison d'une mauvaise manipulation de sa part, un peu de cire venait maculer le costume d'Emmanuel Macron ? La veille, afin d'éviter tout accident de ce genre, l'ancien avocat avait répété à plusieurs reprises ce geste, que peu de prédécesseurs ont eu l'occasion d'accomplir.

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À ses côtés, depuis cet hiver, il en compte deux au sein de l'équipe Attal. Il a connu Rachida Dati au siècle dernier, quand elle était magistrate à Péronne - il pense même avoir plaidé devant elle. Il juge que Nicole Belloubet, à laquelle il a succédé, a toujours été très élégante avec lui. Au ministère de la Justice, Éric Dupond-Moretti est désormais resté plus longtemps qu'elles. En juillet prochain, cela fera quatre ans qu'il est à son poste. Qui l'eût cru ?

Un des poids lourds du gouvernement

Cette longévité lui permet de commencer à disposer d'un bilan. La loi facilitant le changement de nom est une de ses fiertés. « Avec elle, nous avons déjà fait plaisir à 125 000 de nos compatriotes », se satisfait-il. Le garde des Sceaux revendique pleinement sa réforme de la justice des mineurs, qui a accéléré leurs jugements. La mise en place à l'automne d'un nouveau parquet national pour lutter contre le crime organisé lui permettra de laisser un peu plus sa trace. Bien sûr, il y a aussi les moyens supplémentaires qu'il a obtenus : plus de 3 500 postes vont être affectés dans les juridictions françaises au cours des trois prochaines années. Alors que ses relations avec les magistrats ont souvent été acrimonieuses, cela lui a permis d'apaiser les choses.

Politiquement, l'ex-avocat a également pris du galon. Relaxé cet automne par la Cour de justice de la République après son procès pour prise illégale d'intérêt, il est dorénavant un des poids lourds du gouvernement. En surface, dans le dernier baromètre Ipsos-La Tribune Dimanche, il est le troisième ministre dont l'action satisfait le plus les Français, derrière Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, mais devant Rachida Dati. En coulisses, il se bat pied à pied pour défendre ses convictions. Le 18 avril, sa discussion est très vive avec Gabriel Attal quelques minutes encore avant que celui-ci ne dévoile ses mesures pour lutter contre la violence des mineurs et n'annonce vouloir ouvrir une réflexion sur l'excuse de minorité. Le ministre de la Justice y est très attaché. Il n'est pas prêt à tout accepter. Les deux hommes s'accordent sur une formulation pouvant les satisfaire l'un comme l'autre.

Pour la suite, très écouté par Emmanuel Macron, Éric Dupond-Moretti compte bien continuer à occuper toute sa place. Le 12 janvier dernier, à l'occasion de la première réunion de l'équipe Attal ne comptant alors que 14 membres dans le salon vert de l'Élysée, il avait néanmoins jugé ne pas en avoir assez. « Je ne sais pas si on est un gouvernement resserré, mais on est un gouvernement serré », avait-il lancé. Cela avait bien fait rire ses collègues.

Jean-François Ricard, nouvelle recrue du garde des Sceaux

Depuis le début de la semaine, Jean-François Ricard a intégré le cabinet d'Éric Dupond-Moretti. Le magistrat de 67 ans est devenu son conseiller spécial chargé de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Depuis 2019, premier à occuper cette fonction, il pilotait le parquet national antiterroriste.

Jean-François Ricard a effectué la moitié de sa carrière dans l'antiterrorisme. Il a notamment été responsable du dossier de l'attentat du RER B à la station Saint-Michel en 1995 ou été l'avocat général lors du procès du terroriste Carlos en 2013. Aux côtés du garde des Sceaux, il va notamment s'atteler à la mise en place du parquet national anticriminalité organisée, annoncé par celui-ci dans La Tribune Dimanche.

Ludovic Vigogne
Commentaire 1
à écrit le 28/04/2024 à 9:09
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Désolé mais ils ont tous abandonnés la lutte contre la criminalité pourquoi leur faire de la publicité ? Ah si madame Taubira qui elle l'a avoué cette abandon de la luttre contre les mafias parce qu'elle a avoué qu'ils ne pouvaient rien faire contre ...

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