Intelligence artificielle : pourquoi l’été sera décisif pour l’avenir d'OpenAI

L'été à venir va être déterminant pour l'avenir d'OpenAI. Alors qu'elle voit ses rivaux se rapprocher dans son rétroviseur, la startup californienne est attendue au tournant, avec deux grandes échéances : la sortie d'une fonctionnalité de recherche dans ChatGPT, et surtout la publication du très attendu modèle d'IA GPT-5, qui alimente fantasmes et spéculations. Pour ouvrir cette séquence essentielle à son avenir, OpenAI donne rendez-vous lundi 13 mai à 19 heures, pour des annonces autour de ChatGPT.
François Manens
OpenAI peut-il sortir le très attendu GPT-5 ?
OpenAI peut-il sortir le très attendu GPT-5 ? (Crédits : Dado Ruvic)

Fer de lance de la révolution de l'intelligence artificielle générative, OpenAI arrive à un tournant. En quasi monopole pendant près d'un an, le créateur de ChatGPT a fini par voir son avance fondre comme neige au soleil. La faute à l'absence de nouveauté majeure du champion de l'IA générative mais aussi aux efforts colossaux d'une poignée de concurrents pour rattraper leur retard, à la fois certains géants de la tech comme Google et Meta, désormais en ordre de marche, mais aussi certaines startups comme Anthropic, Cohere ou Mistral. Alors que tout l'écosystème s'attendait à une réponse forte d'OpenAI sous la forme d'un nouveau modèle baptisé GPT-5, cette dernière tarde à arriver.

Comme un problème ne vient jamais seul, l'entreprise a de plus en plus de pression pour trouver des produits à commercialiser afin de compenser les centaines de millions de dollars consommés dans la création de modèles d'IA. Après un départ fulgurant, la croissance de son logiciel phare ChatGPT patine, poussant OpenAI à se tourner vers de nouvelles applications pour le relancer : d'après Bloomberg et Reuters, il devrait y intégrer des capacités de recherche en ligne dès lundi prochain. ChatGPT se confronterait ainsi à un marché aussi juteux que difficile d'accès à cause de l'omniprésence de Google. En parallèle, d'après Wired, la startup songerait aussi à autoriser ses IA à générer des contenus « érotiques » ou « gore » dans certains cas. Des contenus empêchés aujourd'hui par des garde-fous, mais qui pourraient apporter de nouveaux revenus. OpenAI sera donc scruté de près dans les deux mois qui viennent, et ses actions pourraient d'ores et déjà déterminer son avenir.

Peu après la parution de cet article, OpenAI a annoncé la présentation de nouveautés lundi à 19h, heure français. Mais ce ne sera « ni GPT-5, ni un moteur de recherche », dixit ses dirigeants.

GPT-5, le grand absent

En novembre, lors de la première conférence annuelle publique d'OpenAI, le directeur général Sam Altman révélait pour la première fois que ses équipes travaillaient sur GPT-5, le successeur de GPT-4. Mais plus de six mois plus tard, le projet reste entièrement confidentiel. Certes, ses dirigeants, à commencer par Altman, suggèrent à demi-mot que le nouveau modèle serait bien plus puissant que son prédécesseur. Pour autant, ils s'abstiennent de livrer le moindre détail concret. Alors les spéculations vont bon train, en fonction des croyances de chacun : certains y voient un aveu d'impuissance de la startup, d'autres pensent que GPT-5 serait tellement puissant que l'entreprise hésiterait à le publier.

Quoiqu'il en soit, le constat reste le même : la nouvelle bombe de OpenAI tarde à tomber. Son dernier véritable coup d'éclat, la sortie du modèle GPT-4, remonte à mars 2023, il y a plus de 15 mois, une éternité à l'échelle d'écosystème de l'IA. Alors qu'elle incarnait la révolution de l'IA générative, l'entreprise n'est plus seule au monde. Comme un symbole de la fin de son monopole, son grand allié Microsoft s'est doté d'une équipe de recherche interne pour le concurrencer lui-même...

Certes, OpenAI met régulièrement à jour GPT-4 Turbo, son modèle d'IA le plus puissant, qui lui permet de garder la tête des classements de performance comme la Chatbot Arena. Mais cette progression incrémentale pourrait bientôt ne plus suffire : Meta va sortir la version la plus puissante de son modèle Llama 3 cet été, tandis que Anthropic expliquait à La Tribune qu'il publierait un nouveau modèle dès cette année. OpenAI peut-il encore les devancer ? Fin avril, la publication d'un mystérieux chatbot, baptisé gpt-2 (comme le modèle d'OpenAI paru en 2018), officieusement attribué à la startup, a de nouveau attiré les spéculations, certains y voyant un GPT-5 sous pseudo. Sauf que ce modèle, bien que très performant, ne correspond pas au niveau de puissance attendu. Résultat : OpenAI laisse une fois de plus son audience avec plus de questions que de réponses.

OpenAI à la recherche de nouveaux marchés

En parallèle de la course au meilleur modèle, OpenAI cherche avidement de nouveaux canaux de monétisation de ses technologies, afin de compenser ses coûts de développements pharaoniques. Pour l'instant, son modèle économique s'appuie avant tout sur l'exploitation de ses IA par Microsoft, sur le cloud Azure et dans les assistants Copilot. L'abonnement ChatGPT Plus, à 20 euros par mois, n'est pour l'instant qu'un revenu à la marge dans le chiffre d'affaires d'OpenAI, qui a dépassé le milliard de dollars l'an dernier. Mais Sam Altman n'a jamais caché sa volonté de créer de nouveaux produits.

En février, l'entreprise a par exemple présenté un impressionnant générateur de vidéo baptisé Sora, avec de potentielles applications dans le cinéma, l'architecture ou encore le jeu vidéo. Mais l'outil n'est toujours pas public, et les démonstrations restent rares. Un peu plus tard, OpenAI s'est positionné dans la robotique, à la faveur d'un partenariat avec FigureAI, une autre startup très bien financée qui développe des robots humanoïdes. Mais il s'agit là encore d'un pari sur l'avenir, sans retombées immédiates.

Enfin, d'après la presse américaine, OpenAI se lancerait dès ce lundi sur le marché de la recherche en ligne par le biais de ChatGPT. Concrètement, le chatbot pourrait aller chercher ses réponses sur internet (alors qu'il les génère en fonction d'une base de connaissance figée dans le temps aujourd'hui), et serait capable d'indiquer ses sources (Wikipédia, par exemple). Avec cette nouveauté, la startup d'IA s'attaquerait au marché colossal (de plusieurs dizaines de milliards de dollars) de la recherche en ligne, étroitement lié à celui de la publicité. Le problème ? Microsoft a déjà échoué à grignoter le monopole de Google malgré les fonctionnalités d'IA (alimentées par OpenAI) de son moteur de recherche Bing. Et en parallèle, la startup Perplexity propose déjà un moteur de recherche aux réponses générées par l'IA, avec l'avantage de pouvoir utiliser n'importe quel modèle, ce que ne pourrait pas faire OpenAI. Autrement dit, l'entreprise de Sam Altman va devoir frapper fort si elle veut se creuser une place. Surtout, elle devra réussir à convertir un de ces paris si elle veut démontrer qu'elle peut attendre à long terme une forme de pérennité financière sans dépendre entièrement de la puissance de Microsoft...

François Manens

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Commentaires 5
à écrit le 12/05/2024 à 16:26
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Les GAFAM restent les entreprises les plus utiles du monde. Google maps m'a envoyé il y a plusieurs mois une enquête de satisfaction, j'ai répondu à chaque fois "très bien" et en commentaire j'ai écris "merci" simplement, parce que cette soit disant ...

à écrit le 12/05/2024 à 16:26
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Les GAFAM restent les entreprises les plus utiles du monde. Google maps m'a envoyé il y a plusieurs mois une enquête de satisfaction, j'ai répondu à chaque fois "très bien" et en commentaire j'ai écris "merci" simplement, parce que cette soit disant ...

à écrit le 11/05/2024 à 8:31
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Les GAFAM restent les entreprises les plus utiles du monde. Google maps m'a envoyé il y a plusieurs mois une enquête de satisfaction, j'ai répondu à chaque fois "très bien" et en commentaire j'ai écris "merci" simplement, parce que cette soit disant ...

le 11/05/2024 à 21:14
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@dossier 51 - Google est en position de quasi monopole, nous n'avons pas trop le choix non plus. Nous ne savons pas du tout ce que fait Google avec nos données et ÇA c'est la porte ouverte à toute manipulation, désinformation et autres joyeusetés. Go...

le 12/05/2024 à 11:17
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"nous n'avons pas trop le choix non plus." Ben oui parce qu'ils ont gagné en jouant avec les règles du jeu mais ça va pas quand même... aliénant. Tu préfères aucun outil donc plutôt que des outils venant d'une entreprise que tu n'aimes pas. Pas moi, ...

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