Les lignes bougent dans les intentions de vote à la présidentielle, à l'issue du débat du 4 avril ayant réuni les 11 candidats. Si l'on en croit une enquête Harris Interactive réalisée pour « L'Emission politique » de France Télévisions(*), Jean-Luc Mélenchon continue sur sa dynamique enclenchée il y a quelques semaines. Le candidat de la France Insoumise talonnerait maintenant François Fillon, pour occuper la place du « troisième homme »(**).
S 'agissant des deux premiers, tout le monde descend. Ainsi, crédité de 25% des suffrages exprimés, Emmanuel Macron arriverait toujours en tête du 1er tour, malgré un léger recul dans les heures suivant le débat du 4 avril (-1 point). Il devance Marine Le Pen (24%), qui perd aussi 1 point par rapport à la mesure réalisée fin mars - même si cette évolution était déjà visible avant le débat (24% également).
Mélenchon (17%) talonne Fillon (18%)
Mais c'est donc pour la troisième place que les écarts se resserrent nettement. Toujours aux prises avec les « affaires », François Fillon se maintient à 18% des intentions de vote exprimées, soit un niveau stable par rapport à la fin mars, et qui n'a pas évolué à la suite du débat du 4 avril. En revanche donc, Jean-Luc Mélenchon se situe en pleine phase d'envol.
Le candidat de la France Insoumise voit sa dynamique positive encore accentuée après le débat TV du 4 avril: alors qu'il obtenait 13,5% des intentions de vote il y a quinze jours, ce score est passé à 16% dans les jours précédant le débat... puis à 17% après le débat.
Hamon dégringole
Jean-Luc Mélenchon semble ainsi avoir réellement fait « le trou » avec Benoît Hamon, qui suit une trajectoire inverse en passant sous la barre des 10%, avec 9% des suffrages exprimés à l'issue du débat (contre 10% juste avant le débat et 12,5% il y a quinze jours). Pour le candidat « officiel » du PS, cela devient problématique...
Chez les autres candidats, malgré une prestation remarquée, Nicolas Dupont-Aignan voit également son score reculer de 4% à 3% des intentions de vote exprimées.
Cette échéance télévisée a également permis à des candidats a priori moins bien identifiés de gagner en visibilité, à l'image de Philippe Poutou et Jean Lassalle, qui atteignent chacun 1% à l'issue du débat. Nathalie Arthaud et François Asselineau avaient déjà atteint ce niveau (1%) avant même l'émission du 4 avril, tandis que Jacques Cheminade reste cité par moins de 0,5% des électeurs exprimant une intention de vote.
La volatilité de l'électorat en baisse
Enfin, la volatilité des électorats, identifiée depuis plusieurs semaines, se réduit pour l'ensemble des candidats : 80% des électeurs de Marine Le Pen et 79% de ceux de François Fillon se déclarent « tout à fait sûrs de leur choix », soit des hausses respectives de 1 et 4 points par rapport à la mesure d'il y a quinze jours. Surtout, la sûreté du vote s'accentue parmi les électeurs d'Emmanuel Macron (64%, soit +15 points en huit semaines) mais aussi parmi ceux de Jean-Luc Mélenchon (61%, +3 points en 15 jours).
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(*) Harris Interactive a interrogé pour France Télévisions un échantillon représentatif de 6 274 Français, afin de mesurer les intentions de vote. Plus précisément, 3.639 personnes inscrits sur les listes électorales ont été interrogées avant le débat, et 2.097 après.
(**) Sur le « troisième homme », on lira le très bon ouvrage de Pierre-Frédéric Charpentier, docteur en histoire : « Le troisième homme, histoire des grands perdants de l'élection présidentielle (1958-2012) », Editions du Félin, 320 pages, 19,90 euros. L'auteur dresse le portrait de tous les candidats arrivés à la troisième place depuis 1958 - qui se souvient d'Albert Châtelet, le candidat malheureux contre le général de Gaulle lors du scrutin universel indirect de 1958. On replonge dans l'histoire, à la découverte de Jacques Duclos, Jean Lecanuet, Raymond Barre... Instructif.