"L'écologie est trop sérieuse pour être laissée aux écologistes", a plaisanté Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef ce matin, lors d'une conférence de presse. Et si les chefs d'entreprise veulent bien s'en saisir, - la transition écologique étant présentée comme le défi majeur- ils militent pour la mise en place de quelques outils essentiels à leurs yeux : par exemple, instaurer une taxe carbone aux frontières, accélérer les travaux européens sur l'intégration du prix carbone dans chaque produit transformé, garantir un accès à un prix de l'électricité stable grâce au mix énergétique...
La croissance avant tout
Mais une chose est sûre, pas question d'évoluer vers de la décroissance comme le prônent certains écologistes. "Il n'y aura pas de décarbonation sans croissance : celle-ci est la condition de celle-là", assure le Medef. Car cette transition nécessite des investissements. L'idée est bien de continuer à créer des richesses mais en les créant différemment.
Et pour obtenir cette croissance, les recettes restent, somme toute, assez classiques. En premier lieu, elles passent par une baisse des impôts. Certes, le Medef ne demande pas de réduire l'impôt sur les sociétés qui aujourd'hui, ayant été ramené à 25 % - contre 33 % au début du quinquennat Macron- , est au niveau de la moyenne européenne. Mais il plaide pour une baisse des impôts de production. Les 10 milliards d'euros en moins depuis 2020 constituent un progrès mais l'organisation patronale demande aux candidats de continuer à faire un effort. "On a encore 35 milliards d'euros d'écart avec la moyenne européenne" a-t-il précisé. Et de proposer un alignement sur 5 ans. Parmi les autres leviers, le patronat étrenne la nécessité de miser sur la formation, de régionalisation de Pôle emploi, la montée indispensable des compétences.
Une inflation partie pour durer
Pour Geoffroy Roux de Bézieux, l'inflation va durer. Interrogé sur les augmentations de salaires, il a expliqué ne jamais avoir vu depuis 30 ans, un rapport de force s'inverser ainsi en faveur des employé. "Il n'y a pas un jour où je croise un chef d'entreprise qui n'ait pas des problèmes de recrutements." De fait, il est confiant quant aux hausses salariales accordées cette année. Les entreprises ne peuvent faire autrement que d'accorder des augmentations. Sans pour autant, être contraintes, a-t-il précisé. Et de rappeler que les sociétés préfèrent toujours l'incitation à l'obligation.
Pour les petites entreprises de moins de 50 salariés, l'organisation patronale demande aussi la pérennisation de la prime Macron, qui permet aux employeurs de verser à leurs salariés une prime exonérée d'impôts et de cotisations sociales pouvant aller jusqu'à 2000 euros. et qui selon l'organisation a été très prisée cette année.
Enfin, pas de secret pour Geoffroy Roux de Bézieux, pour dynamiser la croissance et réduire les dépenses publiques, il convient de faire des réformes. La première concerne les retraites : sans surprise, le patronat milite pour un relèvement de l'âge de départ, à 65 ans dans le privé, contre 62 aujourd'hui. Il souhaite aussi la suppression des régimes spéciaux, avec l'instauration de trois grands systèmes : un public, un privé, un pour les indépendants. Une idée qu'Emmanuel Macron a repris à son compte.
Faire des réformes
Autre réforme indispensable à ses yeux, l'assurance chômage. Selon lui, il convient d'aller plus loin que celle mise en œuvre par Emmanuel Macron, en supprimant notamment le fameux bonus- malus sur les contrats courts qui vise à pénaliser les employeurs friands de contrats courts et précaires.
Cette liste de mesures, regroupées dans un document intitulé "Faire réussir la France", le Medef le portera le 21 février prochain, lorsqu'il auditionnera les candidats à l'élection. Quant à savoir qui, pour l'heure, a la préférence du patronat, Goeffroy Roux de Bézieux s'est bien gardé de répondre.