« Une situation hors de contrôle sur le déficit public » (Valérie Rabault, vice-présidente du groupe socialistes et apparentés de l'Assemblée)

ENTRETIEN - Selon l'élue socialiste, la France a un tel niveau de dette qu'elle n'est pas crédible.
Valérie Rabault, vice-présidente du groupe socialistes et apparentés de l'Assemblée
Valérie Rabault, vice-présidente du groupe socialistes et apparentés de l'Assemblée (Crédits : © LTD / ALAIN ROBERT/SIPA)

LA TRIBUNE DIMANCHE : Moody's et Fitch n'ont pas dégradé la note de la France. Est-ce un motif de soulagement pour vous aussi ?

VALÉRIE RABAULT : Non. Le chiffre du déficit de l'an dernier a donné l'impression d'une situation hors de contrôle. Il est impensable qu'il soit tombé à 5,5 % du PIB du jour au lendemain. C'est un trou béant de 18 milliards d'euros, comment ne pas l'avoir vu ? Les données du gouvernement montrent que ce creusement serait provoqué par des pertes de recettes de TVA et d'impôt sur les sociétés, deux impôts liés à notre moteur économique. S'ils rapportent moins que prévu, c'est qu'il y a un enjeu sur notre capacité à créer de la valeur. L'année 2023 montre un décrochage de l'Union européenne, dont la croissance économique a été de 0,5 %, contre 2,5 % aux États-Unis, 11 pays sur 27 affichant même une croissance négative.

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Que préconisez-vous ?

J'ai conscience que la situation est complexe. Redresser la barre nécessite d'agir sur trois leviers : investir, au niveau européen, dans des secteurs qui ont un effet d'entraînement pour relancer l'économie ; répondre à l'urgence dans le domaine spécifique de la santé, et freiner le déficit. Or, s'agissant de l'investissement, nous ne parvenons pas à obtenir au niveau européen un accord sur le financement. La France a un tel niveau de dette qu'elle n'est pas crédible, et l'Allemagne a des règles constitutionnelles très contraignantes. Or ces deux pays représentent 40 % du PIB de l'UE : ils ont une responsabilité pour toute l'Europe. En tout cas, les socialistes français travaillent avec le SPD allemand et le PSOE espagnol pour définir de nouvelles solutions.

Pourquoi évoquez-vous le secteur de la santé ?

Ses défaillances minent le pacte social et la démocratie. Quand des milliers de Français ne parviennent plus à obtenir un rendez-vous chez le médecin ou quand ils ne trouvent plus les médicaments qui leur sont prescrits, que se disent-ils ? Que l'État est impuissant. C'est un effondrement dont le RN se nourrit. Donc la santé doit être une priorité absolue. Pour les médicaments, il faut réinstaller des capacités de production. Le gouvernement promet des relocalisations, mais il est en train de laisser Biogaran passer aux mains de l'Inde. J'ai écrit à Bruno Le Maire pour qu'il empêche cette vente en appliquant les décrets sur les investissements étrangers.

La France a un tel niveau de dette qu'elle n'est pas crédible

Et sur le déficit ?

Il faut être réaliste et sérieux. Jamais dans l'Histoire la France n'a réduit son déficit de plus de 0,5 point de PIB par an avec une croissance inférieure à 2 %, sauf dans des périodes exceptionnelles. La trajectoire budgétaire du gouvernement n'est donc pas crédible.

Que feriez-vous au sujet des dépenses ?

Il y a eu ces dernières années un saupoudrage de crédits dans le plan de relance, ce n'est pas efficace. Une autre piste porte sur le coût de la dette, passé en un an de 36 milliards d'euros à plus de 50 milliards : il faut concentrer les efforts en utilisant les meilleurs outils de gestion. Et, bien sûr, il faut revoir certaines niches fiscales.

Demandez-vous des hausses d'impôts ?

Nous demandons le rétablissement de l'ISF [impôt de solidarité sur la fortune] et la taxation des superprofits, comme le font de nombreux pays. Le refus français sur ce plan est difficile à comprendre. L'Insee, le FMI, la BCE et la Banque mondiale ont démontré que les superprofits avaient nourri l'inflation. On nous explique que la contribution française sur les énergéticiens a rapporté peu d'argent car elle a été mal calculée. Entre cette difficulté de calcul et celle du déficit, ce gouvernement a un problème avec les maths.

Commentaires 2
à écrit le 28/04/2024 à 14:58
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Bonjour, certe ka france est tres endetté... Mais lorsque les socialistes étaient au pouvoir , ils n'ons absolument rien fait non plus... D'ailleurs, aucune communes socialistes a reduirs s'est dépenses sociales et encore moins le nombre de fonct...

à écrit le 28/04/2024 à 9:37
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Ben oui nos politiciens et eux seuls nous ont ruiné.

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