Allemagne : à cause d'une économie toujours au ralenti, le chômage augmente

Le taux de chômage en Allemagne a augmenté en novembre pour la deuxième fois d'affilée, atteignant +5,9%. La faiblesse persistante de l'activité de la première économie européenne freine le dynamisme de son marché du travail. Elle tire aussi vers le bas celle de la zone euro.
La croissance allemande a notamment été plombée au troisième trimestre par une baisse de la production du secteur manufacturier hors construction.
La croissance allemande a notamment été plombée au troisième trimestre par une baisse de la production du secteur manufacturier hors construction. (Crédits : Reuters)

Les difficultés de l'économie allemande pèsent sur l'emploi. Pour le deuxième mois d'affilée, le taux de chômage de la première puissance européenne a en effet augmenté. Il s'est établi à 5,9% en novembre en données corrigées des variations saisonnières (CVS), soit 0,1 point de plus qu'en octobre, a indiqué l'agence pour l'emploi ce jeudi 30 novembre.

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Le nombre de chômeurs a augmenté de 22.000 par rapport au mois précédent, toujours en données CVS. En données brutes, il a atteint 2,61 millions de personnes, soit environ 172.000 de plus par rapport au mois de novembre 2022.

En prenant en compte le sous-emploi, qui inclut également les personnes en incapacité ponctuelle ou bénéficiant de mesures pour l'emploi, 3,45 millions de personnes étaient au chômage en novembre, soit 176.000 de plus qu'il y a un an. Cette augmentation est notamment due au grand nombre de réfugiés ukrainiens en partie intégrés dans le marché du travail. Sans ce phénomène, le sous-emploi aurait représenté 122.000 personnes de plus que l'année précédente.

Conséquence d'une économie en difficulté

Les raisons de cette hausse du chômage en Allemagne sont multiples. L'économie allemande souffre depuis plusieurs mois en raison de la crise des prix de l'énergie, les hausses des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre l'inflation et l'affaiblissement d'importants partenaires économiques mondiaux, comme la Chine.

« Le ralentissement économique continue de laisser des traces sur le marché du travail allemand », a ainsi commenté la directrice générale de l'Agence fédérale pour l'emploi, Andrea Nahles.

Et les derniers chiffres publiés, ceux du produit intérieur brut (PIB) du troisième trimestre, ne vont pas dans le bon sens. Il a en effet reculé de -0,1% selon l'institut de statistique Destatis, après une petite hausse de +0,1% au deuxième et une croissance nulle au premier. La faute à une baisse de la production du secteur manufacturier hors construction (-1,3%), plombée par un recul dans la fabrication de véhicules automobiles et de pièces détachées. Le gouvernement allemand table d'ailleurs sur un recul annuel du PIB de -0,4% et, selon le FMI (Fonds monétaire international), l'Allemagne sera d'ailleurs le seul pays du G7 en récession cette année.

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Point positif toutefois : le taux d'inflation Outre-Rhin s'est établi à 3,2% sur un an en novembre. Il s'agit d'un ralentissement après les 3,8% d'octobre, 4,5% de septembre et 6,4% d'août. La hausse générale des prix est même ainsi de retour à son niveau le plus bas depuis juin 2021.

Répercussions au niveau européen

Reste que l'indice PMI du secteur privé, reflétant l'activité économique, s'est nettement amélioré en Allemagne en novembre. Il s'est encore contracté, mais est bien moins bas qu'un mois auparavant puisqu'il est passé de 45,9 en octobre à 47,1 en novembre. Pour rappel, ce chiffre doit être égal ou supérieur à 50 pour montrer une croissance de l'activité.

Cette faiblesse de la performance allemande, couplée à celle de la France qui est encore pire (indice à 44,5), tire vers le bas l'ensemble de l'activité au niveau de la zone euro. Celle-ci s'est en effet de nouveau contractée, pour le dixième mois consécutif, à 47,1 en novembre, ce qui est néanmoins mieux qu'en octobre (46,5).

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Surtout, elle commence à affecter le marché de l'emploi, même si le chômage est toujours au plus bas dans la zone euro - à 6,5% de la population active en octobre, stable par rapport à septembre. La baisse des carnets de commandes a conduit les entreprises privées de la zone euro à réduire leurs effectifs en novembre. « L'emploi a reculé pour la première fois depuis près de trois ans, à un rythme toutefois marginal », indiquait la semaine dernière le cabinet S&P Global. Cette diminution résulte de suppressions de postes dans le secteur manufacturier, les plus fortes depuis août 2020, ainsi que d'un ralentissement des créations d'emplois dans les services.

« Un nouveau ralentissement des créations de postes, voire une diminution des effectifs, au cours des prochains mois risque de faire remonter le taux de chômage, jusque-là peu affecté par la dégradation de la conjoncture », avertissait même Cyrus de la Rubia, chef économiste pour la Hamburg Commercial Bank (HCOB).

La Commission européenne ne se montre toutefois pas inquiète. Elle estime que le marché du travail devrait rester solide et table sur un taux de chômage « globalement stable » à 6,5% cette année et l'an prochain, selon ses dernières prévisions de mi-novembre.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 30/11/2023 à 13:26
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Si l'industrie allemande compte s'en sortir en construisant des camping car (et autres inutilités à pétrole) comme sur la photo , elle n'ira pas bien loin. Le changement de cap bénéfique pour l'Allemagne serait de se tourner résolument vers le secteu...

le 30/11/2023 à 15:01
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"...vers le secteur de l'armement..." : heuuuu ben c'est déjà fait! l'Allemagne est déjà un des plus gros fabricant d'arme. En outre les blindés français sont fabriqués par une société qui a été rachetée par les Allemands, les fusils d'assauts sont a...

à écrit le 30/11/2023 à 12:37
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Les Allemands sont en train de payer l'abandon du nucléaire la décroissance va s'accélérer de façon plus brutale qu'en France ou le nucléaire va amortir une décroissante inéluctable et planétaire !!!

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