
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, les céréales ukrainiennes destinées à des pays étrangers transitent par l'Union européenne puisque l'itinéraire traditionnel d'exportation via la Mer Noire est bloqué. Mais à cause de problèmes logistiques, des stocks de maïs, blé ou encore tournesol s'entassent en Pologne, faisant chuter les prix locaux, ce qui a conduit à des manifestations d'agriculteurs et à la démission du ministre polonais de l'Agriculture.
Face à cette situation, la Pologne a décidé samedi d'interdire les importations de céréales ainsi que de sucre, viande, fruits et légumes, lait, œufs et d'autres produits alimentaires venus l'Ukraine jusqu'au 30 juin. Avant d'être imitée par la Hongrie qui s'en tient aux céréales, oléagineux et plusieurs autres produits. Objectif affiché des deux pays : protéger leurs agriculteurs.
Une décision dénoncée par l'UE
Des décisions qu'a déploré par la Commission européenne. « Il est important de souligner que la politique commerciale relève de la compétence exclusive de l'UE et que les actions unilatérales ne sont pas acceptables », a indiqué la porte-parole de l'exécutif européen, Miriam Garcia Ferrer, ce lundi 17 avril. Et d'ajouter qu'« en ces temps difficiles, il est crucial de coordonner et d'aligner toutes les décisions au sein de l'UE ».
La Commission a indiqué avoir « demandé des informations supplémentaires aux autorités compétentes pour pouvoir évaluer ces mesures », notamment leurs fondements juridiques.
En 2022, la valeur des importations européennes de produits agricoles ukrainiens a bondi de 88% sur un an (à 13 milliards d'euros), tirée notamment par les céréales, avec des importations décuplées (en volume) de blé ukrainien, selon les chiffres de l'UE.
De nouvelles aides en discussion
Cette problématique de saturation des silos n'est toutefois pas nouvelle. Le 20 mars, Bruxelles avait proposé de puiser 56,3 millions d'euros dans la réserve de crise agricole de l'UE pour soutenir les cultivateurs déstabilisés en Pologne, Roumanie et Bulgarie. Dix jours plus tard, ces trois pays couplés à la Hongrie et la Slovaquie avaient appelé l'institution à mettre en place des aides supplémentaires aux agriculteurs de ces pays touchés par ces importations en provenance de l'Ukraine.
Un soutien qui pourrait se concrétiser. « Nous envisageons un deuxième paquet (d'aides), c'est en discussion », a assuré Miriam Garcia Ferrer, affirmant que Bruxelles « prenait en considération l'impact (...) sur les pays en première ligne ».
De son côté, le ministère ukrainien de la Politique agricole a « regretté » ce week-end la décision de Varsovie.
« Les agriculteurs polonais font face à une situation difficile, mais les agriculteurs ukrainiens font face à la situation la plus grave », a-t-il indiqué.
Il a par ailleurs proposé que les deux pays trouvent un accord au cours des prochains jours de nature à mutuellement les satisfaire.
(Avec AFP)
Sujets les + commentés