Coup de tonnerre à la Bundesbank, son président démissionne en plein débat sur la politique monétaire

Jens Weidmann, l'un des membres les plus conservateurs du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), quittera la présidence de la Bundesbank le 31 décembre prochain, a annoncé mercredi la banque centrale allemande. Pendant des années, il a incarné l'obsession de la lutte contre l'inflation.
Le président de la Bundesbank, en poste depuis mai 2011 et âgé de 53 ans, a dit démissionner pour des raisons personnelles. Critique de longue date de la politique accommodante de la BCE, il n'en a pas moins réitéré ses mises en garde sur les risques inflationnistes dans un message relayé par la Bundesbank.
Le président de la Bundesbank, en poste depuis mai 2011 et âgé de 53 ans, a dit démissionner pour des raisons personnelles. Critique de longue date de la politique accommodante de la BCE, il n'en a pas moins réitéré ses mises en garde sur les risques inflationnistes dans un message relayé par la Bundesbank. (Crédits : Reuters)

C'est un coup de théâtre dans le monde très discret des banques centrales. L'annonce de son départ, au 31 décembre, intervient également au moment où l'Allemagne s'apprête à tourner la page Angela Merkel, à laquelle était liée la carrière de ce banquier central qui a incarné l'obsession du pays pour la lutte contre l'inflation. "Je suis arrivé à la conclusion qu'après plus de 10 ans, c'est le bon moment pour ouvrir un nouveau chapitre - pour la Bundesbank (la Banque fédérale d'Allemagne), mais aussi pour moi personnellement", écrit le président de la "Buba" dans une lettre aux salariés de l'institution. Son mandat, le second depuis 2011, n'aurait dû s'achever qu'en 2027. La démission de M. Weidmann sonne comme un aveu d'échec pour ce chef de file des "faucons" prônant l'orthodoxie monétaire, face aux "colombes" jugées plus laxistes au sein du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

Arrivé à la tête de la banque centrale allemande en plein crise de l'euro et de la dette grecque, il n'a pu empêcher, en une décennie, la perte d'influence de l'Allemagne sur la politique monétaire menée par la BCE. En France, l'Elysée a proposé la reconduction du gouverneur actuel de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Il est auditionné par le Sénat et l'Assemblée nationale ce mercredi.

Avertissement

Les réticences qu'a longtemps manifestées M. Weidmann face au cap expansionniste pris par la BCE ces dernières années se font encore sentir dans sa lettre de départ :

A l'avenir, il sera "crucial (...) de ne pas considérer seulement les risques de déflation, mais aussi de ne pas perdre de vue les risques d'inflation potentiels", qui suggèrent une politique monétaire plus restrictive, écrit-il. La politique monétaire devra en outre "respecter son mandat étroit et ne pas se laisser entraîner par la politique budgétaire ou les marchés", ajoute-t-il.

Or, les mois à venir annoncent une discussion âpre au sein du conseil des gouverneurs de la BCE sur le caractère temporaire ou non de l'inflation élevée qui sévit en zone euro et la réponse monétaire à y donner. Sa décision a été prise dès cet été, mais il n'a pas voulu l'annoncer pour ne pas risquer d'influencer l'issue des élections législatives allemande qui se sont tenues le 26 septembre, ajoute cette source.

En raison de ses prises de positions régulièrement perçues comme trop rigides, la candidature de M. Weidmann avait été bloquée en 2019 par la France et les pays endettés du sud de la zone euro alors qu'il était pressenti pour succéder à Mario Draghi à la tête de la BCE.

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Lagarde perd "un ami"

Celle qui a hérité du poste, Christine Lagarde, "respecte" mais "regrette aussi énormément" l'annonce du départ de M. Weidmann, en qui elle voit un "bon ami", selon un communiqué de l'institution.

La responsable française loue notamment la "volonté de trouver un compromis" chez le banquier allemand, qui s'est dernièrement manifestée quand la BCE a adopté après débat une nouvelle stratégie révisant la cible d'inflation. Le président allemand, Walter Steinmeier, doit encore avaliser la demande de M. Weidmann d'être démis de ses fonctions.

La nomination de son successeur s'annonce comme l'une des premières décisions fortes du gouvernement, probablement dirigé par le centriste Olaf Scholz, qui prendra la suite de l'équipe d'Angela Merkel. Vainqueur des dernières élections, le parti social-démocrate (SPD) négocie actuellement avec les Verts et libéraux du FDP la formation d'une coalition qui pourrait adopter une orientation moins rigide côté politique budgétaire.

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 (Avec agences)

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Commentaires 4
à écrit le 21/10/2021 à 15:46
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en gros il y AURAIT des videos tres hard avec de jeunes femmes détenu par ceux qui le foutent dehors je serai pas surprit pour qu il se barre avec un tel motif bidon ?

à écrit le 21/10/2021 à 9:57
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tournons-nous vers l´mavenir...le candidat idéal serait une personne avec un casier judiciaire bien chargé, un jardinier ayant un faible pour la protection de l´environnement... l´euro comme monnaie de singe serait garanti et les prix à la hausse......

à écrit le 21/10/2021 à 6:42
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L'europe va entrer dans le dur. Si l'Allemagne rentre dans le cycle d'inflation on ose a peine penser ce que cela va enclancher a cote, en France. Les excedents allemands sont connus, les deficits francais aussi. Ca va tanguer. Quand a christine qui ...

à écrit le 20/10/2021 à 19:18
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Les faucons allemands font avec l'euro comme ils ont fait avec le deutschemark ce qui était la condamnation à la paralysie de l'UE, c'est un peu comme si des surdoués pensaient qu'en intégrant une classe normale tous les élèves de la classe allaient ...

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