Croissance : la zone euro évite la récession

La zone euro évite la récession et enregistre une croissance de 0,5% en 2023 par rapport à l'année précédente. Les pays de la zone ont fortement été touchés par l'inflation et la politique de hausse des taux menée par la banque centrale européenne. Néanmoins, certains pays comme l'Espagne sortent leurs épingles du jeu, alors que d'autres ont enregistré davantage de difficultés. C'est notamment le cas de l'Allemagne.
Sur l'ensemble de l'année, les 20 pays partageant la monnaie unique ont alors enregistré une croissance de 0,5% par rapport à 2022.
Sur l'ensemble de l'année, les 20 pays partageant la monnaie unique ont alors enregistré une croissance de 0,5% par rapport à 2022. (Crédits : JOHANNA GERON)

Soulagement pour la croissance en zone euro. Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone est resté stable au quatrième trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent, après un recul de 0,1% de juillet à septembre, échappant de peu à une récession, selon des données publiées mardi par Eurostat. Ainsi, le chiffre est supérieur aux prévisions des analystes de Bloomberg et Factset qui attendaient un recul du PIB de 0,1% sur la période d'octobre à décembre et une entrée en récession technique, définie par deux trimestres négatifs consécutifs.

Sur l'ensemble de l'année, les 20 pays partageant la monnaie unique ont alors enregistré une croissance de 0,5% par rapport à 2022, pointe l'office européen des statistiques. C'est néanmoins un peu moins que les 0,6% anticipés en novembre par la Commission européenne lors de ses dernières prévisions.

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Taux d'intérêts élevés

L'économie européenne a souffert l'an dernier des taux d'intérêt élevés imposés par la Banque centrale européenne (BCE) pour calmer une inflation record. La contraction du crédit a pesé sur l'investissement et la consommation des entreprises comme des ménages alors que les exportations ont souffert du ralentissement de la demande mondiale. Résultat, la zone euro s'est enlisée dans la stagnation, la croissance du PIB oscillant autour de zéro: +0,1% de janvier à mars, +0,1% d'avril à juin, puis -0,1% et 0%, en glissement trimestriel. Les chiffres ont été identiques pour l'ensemble de l'Union européenne.

Encore jeudi dernier, la BCE a décidé de maintenir ses taux directeurs, pour la troisième fois consécutive depuis octobre. Ainsi, Le taux de dépôt reste à 4 %, le taux de refinancement à 4,5 % et celui de la facilité de prêt marginal à 4,75 %. Pour rappel, l'institution monétaire a augmenté de manière inédite dix fois les taux. Des hausses consécutives depuis juillet 2022, entamé pour combattre l'inflation, accentuée par la hausse des prix de l'énergie, suite à l'invasion de l'Ukraine, le 24 février 2022.

Dans le même temps, les marchés parient sur une baisse des taux dès juin, voire plus tôt pour les plus optimistes. Une intuition qui rejoint le discours de certains banquiers centraux. Ainsi, lors de ses vœux début janvier, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil des gouverneurs de la BCE a estimé que l'institution monétaire européenne devrait bien commencer à baisser ses taux d'intérêt en 2024, mais sans « obstination ni précipitation ».

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De bons élèves...

Malgré ce contexte économique morose, certains pays ont tout de même mieux tiré leur épingle du jeu. C'est notamment le cas de l'Espagne, portée par le tourisme. Le pays a ainsi connu une croissance de 2,5% l'an dernier. Ce chiffre, qui confirme le dynamisme de l'économie espagnole est légèrement supérieur à la prévision du gouvernement, qui pariait sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 2,4%. Il dépasse également les attentes de l'OCDE et de la Banque d'Espagne, qui avaient revu à la hausse leurs hypothèses de croissance à 2,3% cet automne.

L'Espagne bénéficie d'une « croissance soutenue », d'un niveau « supérieur à celle de nos principaux partenaires européens », a souligné lundi le ministre de l'Economie Carlos Cuerpo lors d'une rencontre avec des chefs d'entreprise. Une situation remarquable, « compte tenu de la situation actuelle », marquée par « des niveaux élevés d'incertitude, en particulier sur le plan géopolitique », a ajouté le ministre.

De son côté, la France enregistre une croissance de 0,9%, a fait mieux que la moyenne. Dans le détail, la croissance du Produit intérieur brut est restée atone d'octobre à décembre, comme au premier et au troisième trimestres (révisé de +0,1 point à 0%), alors que le deuxième a été beaucoup plus flambant, à 0,7% (révisé de +0,1 point également).

Le Portugal s'en sort également bien. Le pays ibérique affiche ainsi une croissance annuelle de 2,3%, selon une première estimation officielle publiée mardi. Sur un an, l'activité économique a progressé de 2,2% au quatrième trimestre de l'année dernière, après une hausse de 1,9% entre juillet et septembre, grâce à une reprise des exportations, a précisé l'Institut national des statistiques (Ine) dans un communiqué. L'économie portugaise avait affiché en 2022 une croissance de 6,8%, la plus élevée en 35 ans.

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...Et des mauvais

A l'inverse, d'autres pays ont enregistré davantage de difficultés. C'est notamment le cas de l'Allemagne, première économie européenne. Le pays a subi un recul de 0,3% en 2023, plombée par la crise du secteur industriel qui souffre des coûts de l'énergie. Les exportations tournent ainsi au ralenti. « Après une stagnation de l'économie allemande au cours des trois premiers trimestres, la production économique a diminué au quatrième trimestre 2023 », a résumé l'Office national des statistiques Destatis.

Puissance exportatrice, le pays souffre de la faible demande extérieure, des coûts de l'énergie pour son secteur manufacturier et des taux d'intérêts relevés par la Banque centrale européenne. Après ce mauvais résultat de fin d'année, le démarrage de 2024 est de ce fait inquiétant.

L'Italie se retrouve ainsi pénalisée par les affres de l'Allemagne, son principal partenaire commercial. La croissance de la péninsule aura été légèrement inférieure à celle de la France, qui a enregistré une hausse du PIB de 0,9% sur l'année 2023. Le pays peut cependant compter sur les fonds du plan de relance européen, dont elle est la première bénéficiaire avec un montant de 194,4 milliards d'euros d'ici à 2026. Même si Rome a déjà empoché plus de la moitié de cette manne financière, censée relancer l'activité économique après les ravages de la pandémie de coronavirus.

Après ces résultats en demi-teinte, la Commission doit publier le 15 février ses prévisions de croissance pour 2024. Elle tablait jusqu'ici sur un PIB en progression de 1,2% pour la zone euro mais le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni a prévenu en janvier que les tensions géopolitiques au Proche-Orient augmentaient les risques d'une révision à la baisse des perspectives.

(Avec AFP)

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