Etats-Unis : l'inflation sous la barre des 3%, de quoi renforcer le scénario de baisse des taux en 2024

L'inflation aux Etats-Unis a atteint 2,6% sur un an en novembre, son plus bas depuis trois ans, selon l'indice PCE, privilégié par la Banque centrale américaine (Fed). Lors de sa dernière réunion, celle-ci avait d'ailleurs ouvert la voie à trois ou quatre baisses de ses taux l'an prochain. Une éventualité qui semble, à l'inverse, pour l'instant toujours exclue par son homologue européenne, la BCE, bien que certaines voix prédisent le contraire.
A l'issue de sa dernière réunion, la Fed a ouvert la voie à de possibles baisses de taux.
A l'issue de sa dernière réunion, la Fed a ouvert la voie à de possibles baisses de taux. (Crédits : Jonathan Ernst)

C'est son plus bas niveau depuis 2021 : l'inflation a atteint 2,6% sur un an aux Etats-Unis en novembre, selon l'indice PCE, privilégié par la Banque centrale américaine (Fed) et publié vendredi par le département du commerce. C'est même mieux que prévu.

Mais ce n'est pas la première fois que la hausse des prix retombe sous la barre des 3%. C'était déjà le cas le mois précédent, le chiffre du mois d'octobre ayant été revu finalement à la baisse : 2,9% sur un an, comme 3,1% initialement annoncé.

De quoi réjouir le président américain, déjà reparti en campagne pour la présidentielle qui se tiendra en novembre 2024, qui a salué des « progrès remarquables », dans un communiqué. Pour autant, le responsable démocrate reste prudent.

« Mais ne vous y trompez pas: même si mon plan économique nous remet sur les rails, notre travail est loin d'être terminé. Les prix sont encore trop élevés pour un trop grand nombre d'Américains », a-t-il rappelé.

D'autant que, selon une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI, publié plus tôt dans le mois et sur lequel sont indexés les retraites, l'inflation se situait toujours au-dessus des 3% en novembre à 3,1% sur un an contre 3,2% en octobre.

Possibles baisses de taux en 2024

La Fed se montre, elle aussi, prudente, estimant que la hausse des prix ralentira à 2,4% sur un an fin 2024 mais n'atteindra les 2%, soit l'objectif de l'institution monétaire, qu'en 2026. « L'inflation a ralenti au cours de l'année écoulée, mais reste élevée », avaient ainsi prévenu ses responsables le 13 décembre dernier à l'issue de leur réunion. Celle-ci s'était conclue par des taux maintenus à leur niveau actuel, pour la troisième fois consécutive, soit entre 5,25% et 5,50%. Au total, la Fed a relevé ses taux de cinq points de pourcentage depuis mars 2022.

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Mais l'institution avait tout de même ouvert la porte à une possible baisse des taux en 2024. Les responsables de la Fed anticipent, en effet, majoritairement trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024, avait-il été annoncé. « Bien sûr, la question qui commence à faire jour est celle de savoir quand il sera opportun de réduire la politique monétaire restrictive », avait, de son côté, souligné le président de la Fed, Jerome Powell, ajoutant que cette question d'un calendrier avait été « un sujet de discussion » au cours de la réunion du Comité.

Les dépenses des consommateurs et les revenus en hausse

Et pour cause, si les hausses de taux ont permis de renchérir le coût du crédit pour les ménages et les entreprises, et ainsi décourager la consommation et l'investissement, ce qui, in fine, permet de desserrer la pression sur les prix, cela pèse grandement sur l'activité économique. Or, en maintenant ses taux à leur niveau actuel, voire en menant des baisses de taux, la Fed entend ainsi préserver la croissance économique du pays et éviter une récession. D'autant que les pleins effets des hausses de taux mettent du temps à se faire sentir entièrement dans l'économie réelle.

Preuve de l'optimisme ambiant : Les dépenses des consommateurs ont augmenté en novembre, début de la saison des fêtes de fin d'année, de 0,2% par rapport à octobre, a également indiqué le département du Commerce.

En parallèle, les revenus des ménages ont progressé de 0,4%. « Les revenus sont en hausse, les dépenses sont en hausse et l'inflation est en baisse. Même le taux d'épargne a légèrement augmenté. Ce rapport est la meilleure nouvelle économique depuis longtemps, et arrive juste à temps pour les fêtes de fin d'année », a commenté Robert Frick, économiste à la Navy Federal Credit Union. Les consommateurs américains sont eux aussi optimistes quant à l'évolution de l'inflation. Cela a même fait grimper leur niveau de confiance en décembre au plus haut niveau depuis le mois de juillet, après quatre mois consécutifs de baisse, selon l'estimation finale publiée vendredi par l'Université du Michigan.

Pas de hausse pour l'heure, insiste la BCE

L'optimisme est moins palpable côté européen. Même si, là aussi, l'inflation poursuit sa décrue et semble également s'être durablement installée sous les 3% : elle s'est ainsi établie en zone euro (les vingt pays à avoir adopté la monnaie unique) à 2,4% en novembre sur un an selon les chiffres définitifs de l'agence de statistiques européenne Eurostat, soit un fort ralentissement de la dynamique des prix puisque cette dernière s'affichait à 2,9% en octobre après 4,3% en septembre et 5,2% en août.

Pour autant, le combat contre l'inflation continue, a prévenu vendredi une membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) qui a relevé ses taux à dix reprises avant de les laisser à leur niveau actuel entre 4% et 4,75% - soit leur niveau le plus élevé depuis la création de l'euro, en 1999 - depuis octobre dernier. « Nous nous attendons à ce que l'inflation baisse progressivement à 2% d'ici à 2025. Il nous reste donc du chemin à parcourir et nous verrons à quel point le fameux dernier kilomètre sera difficile », a ainsi déclaré l'Allemande Isabel Schnabel, influente membre de la Banque centrale européenne, dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Pour rappel, la BCE s'attend à ce que l'inflation atteigne 2,7% en 2024, 2,1% en 2025 et 1,9% en 2026 dans la zone euro.

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Pas question donc pour l'instant d'évoquer une possible baisse, à l'instar de la Fed. « Nous ne devons pas baisser la garde », a ainsi prévenu, le 14 décembre dernier, Christine Lagarde, présidente de la BCE, assurant que celle-ci « n'a pas discuté du tout de baisses de taux ».

« Le prochain mouvement de la BCE sera, sauf surprise, une baisse », assure le gouverneur de la Banque de France

Pour autant, le gouverneur de la Banque de France (BdF), François Villeroy de Galhau, veut croire l'inverse. « Le mouvement de désinflation est général, y compris sur l'inflation sous-jacente et celle des services », a-t-il expliqué le lendemain de la réunion de la BCE, estimant que l'inflation serait ramenée à 2% d'ici 2025. En conséquence : « Le prochain mouvement de la BCE sera, sauf surprise, une baisse », a assuré le gouverneur.

Contredisant également les propos d'Isabel Schnabel, il a, en outre, indiqué : « Il y a une théorie du dernier kilomètre, qui consiste à dire que la dernière partie du chemin vers l'objectif de 2% serait plus difficile ». Et d'affirmer : « Je ne crois pas à cette spécificité du dernier kilomètre ».

(Avec AFP)

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