BCE : sauf surprise, la prochaine décision sera une baisse des taux, assure Villeroy de Galhau

La veille, la Banque centrale européenne a poursuivi sur sa lancée, amorcée lors de sa précédente réunion en octobre. L'institution de Francfort a en effet choisi de maintenir ses taux à leurs niveaux actuels. Dans le même temps, elle a repoussé les anticipations d'une baisse imminente de ses taux, traduisant le desserrement de sa politique monétaire. Le gouverneur de la Banque de France, lui, se montre résolument optimiste.
« Le mouvement de désinflation est général, y compris sur l'inflation sous-jacente et celle des services », a déclaré François Villeroy de Galhau, qui a souligné que l'inflation serait ramenée à 2% d'ici 2025.
« Le mouvement de désinflation est général, y compris sur l'inflation sous-jacente et celle des services », a déclaré François Villeroy de Galhau, qui a souligné que l'inflation serait ramenée à 2% d'ici 2025. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

L'année 2024 sera-t-elle celle du desserrement de la politique monétaire ? Si la Fed a d'ores et déjà abordé un calendrier de baisse des taux, la Banque centrale européenne (BCE), elle, se montre bien plus prudente. Pourtant, le gouverneur de la Banque de France (BdF), François Villeroy de Galhau, lui, s'affiche plutôt confiant ce vendredi, dans un entretien accordé à l'émission Écorama de Boursorama.

« Le mouvement de désinflation est général, y compris sur l'inflation sous-jacente et celle des services », a déclaré François Villeroy de Galhau, qui a souligné que l'inflation serait ramenée à 2% d'ici 2025.

« Le prochain mouvement de la BCE sera, sauf surprise, une baisse », a indiqué le gouverneur.

Faut-il en déduire que le combat contre la flambée des prix est achevé ? Le patron de la Banque de France semble y croire. « Il y a une théorie du dernier kilomètre, qui consiste à dire que la dernière partie du chemin vers l'objectif de 2% serait plus difficile », a déclaré François Villeroy de Galhau. « Je ne crois pas à cette spécificité du dernier kilomètre », a-t-il d'emblée tranché, au lendemain d'une actualisation des prévisions d'inflation de la Banque centrale européenne, qui s'attend désormais à des prix en hausse de 2,7% en 2024, 2,1% en 2025 et 1,9% en 2026 dans la zone euro.

Ne « pas déclarer victoire trop tôt »

À titre indicatif, l'inflation en zone euro a été divisée par plus de quatre depuis le record de 10,6% atteint en octobre 2022, quand les répercussions de la guerre en Ukraine sur les prix du gaz et du pétrole se faisaient sentir à plein.

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 « Nous voyons aujourd'hui un mouvement de désinflation (ralentissement de l'inflation, ndlr) général, y compris sur l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation », s'est-il réjoui. « Le prix des services recule aussi relativement rapidement », a-t-il ajouté.

S'il n'exclut pas un rebond « technique » de l'inflation dans les prochains mois, « de l'ordre de quelques dixièmes de points », le patron de la Banque de France l'assure : ce ressaut ne suffira pas à « casser cette tendance de fond à la désinflation ». « Il ne faut pas déclarer victoire trop tôt, mais dans ce combat contre l'inflation, nous marquons des points », s'est-il félicité.

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La BCE refuse de parler de baisse pour l'instant

Jeudi, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, elle, a appelé à ne « pas baisser la garde », malgré le ralentissement de la hausse des prix en zone euro. Ce jour-là, l'institution de Francfort a, une nouvelle fois, laissé ses taux directeurs inchangés. Le principal taux directeur rémunérant les dépôts, référence pour le crédit en zone euro, a ainsi été maintenu à son niveau historiquement haut de 4,00%, atteint en septembre.

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Clôturant également jeudi dernier une année mouvementée, la banque centrale britannique a laissé son taux directeur inchangé à 5,25%, jugeant que des pressions inflationnistes persistaient, et que ses taux resteraient probablement élevés « sur une période prolongée ». Le message reste aussi à la vigilance pour les gardiens de l'euro. Ces derniers ont douché les attentes des marchés en quête d'indices sur un calendrier d'abaissement des taux.

Le conseil des gouverneurs n'a « pas discuté du tout de baisses de taux » lors de sa réunion de politique monétaire, a asséné Christine Lagarde. Des risques inflationnistes demeurent, liés à l'évolution des salaires, à l'instabilité géopolitique engendrée par la guerre en Ukraine et au Proche-Orient ainsi qu'aux « événements météorologiques extrêmes » qui peuvent tirer vers le haut les prix des denrées alimentaires, a-t-elle énuméré.

Les projections de croissance revues à la baisse

Plus prompte à évoquer un changement de cap, la banque centrale américaine (Fed) avait indiqué mercredi dernier avoir « discuté d'un calendrier des baisses de taux » pour 2024, après avoir laissé ses taux inchangés pour la troisième fois consécutive. Après ces déclarations de la Fed qui ont ravi les investisseurs, « le Père Noël n'est pas arrivé avant l'heure dans la zone euro », a commenté jeudi Ann-Katrin Petersen, stratégiste de Black Rock.

Il est « peu probable que les baisses de taux surviennent aussi tôt que mars prochain, comme l'espère le marché », a-t-elle ajouté. Christine Lagarde a plutôt laissé entrevoir une longue phase de « plateau », qui n'évoluera que si la trajectoire de l'inflation s'inscrit durablement en baisse.

Le durcissement de la politique monétaire a aussi, et surtout, des conséquences sur l'économie : le renchérissement du coût du crédit pèse toujours plus sur les entreprises et les ménages en frappant l'immobilier et la construction. Les projections de croissance pour la zone euro ont ainsi été revues à la baisse, à 0,8% en 2024, contre 1% en septembre, puis 1,5% en 2025 et 2026.

(Avec agences)

Commentaires 4
à écrit le 16/12/2023 à 22:58
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Parole d'énarque-Inspecteur des Finances est parole d'évangile, comme chacun sait, mais il est X, ce qui valorise d'autant le propos. Pourtant, j'en reste quand même à mon Raymond, d'autant qu'il n'est, lui, pas obligé de mentir pour Raison d'Etat.

à écrit le 16/12/2023 à 9:01
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LOL !

à écrit le 15/12/2023 à 16:57
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Tout d'abord, le vénérable "Grand Messager boîteux" de la Banque de France ne "croit pas à cette spécificité du dernier kilomètre", comme il n'aurait d'ailleurs pas vu dans l'ouvrage de Théophile Gautier (Albertus - 1833) "le cul-de jatte - avec ses ...

le 16/12/2023 à 12:28
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La différence entre vous et le gouverneur de la Banque de France et autres ministres c'est que vous vous raisonnez en économiste alors qu'eux raisonnent en politique et que "la politique est l'art du possible"

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